Suisse : après UBS, la crise des “subprime” frappe Swiss Re

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éassurreur Swiss Re le 29 février 2008, à Zurich (Photo : Fabrice Coffrini)

[04/11/2008 12:36:23] ZURICH (AFP) La crise du “subprime” a fait chanceler mardi le réassureur Swiss Re, dont les comptes ont plongé dans le rouge pour la première fois depuis plusieurs années, alors que la banque suisse UBS commence à panser ses plaies après un an de tourmente financière.

Swiss Re a surpris les analystes en publiant une perte nette de 304 millions de francs suisses (205 millions d’euros) au troisième trimestre. Les experts de l’agence AWP tablaient sur un bénéfice net de 343 millions, déjà en forte baisse par rapport au 1,5 milliard engrangés un an plus tôt.

Le groupe suisse, qui avait procédé à des amortissements de 2,7 milliards, a révélé une nouvelle dépréciation d’actifs de 861 millions (579,3 millions d’euros) sur la période.

Quelque 289 millions de ces amortissements ont été réalisés dans le portefeuille de contrats assurant le risque de crédit (CDS), un produit qui s’est révélé hautement “toxique” dans la crise financière.

Ces nouvelles ont été très mal accueillies à la Bourse suisse, l’action Swiss Re perdant 3,37% à 49,04 francs suisses vers 11H30 GMT dans un marché en hausse de 1,94%.

Pour les analystes, Swiss Re n’est pas prêt de se remettre, contrairement à ce qu’assure son directeur financier George Quinn, faisant valoir que le groupe s’appuie sur un “excès de capital” significatif.

“Le pire est encore à venir au quatrième trimestre”, affirme Stefan Schürmann, dans une note de Vontobel. Quant aux experts de Wegelin, ils soulignent “qu’il suffit de regarder l’exposition aux CDS, pour comprendre que (la crise) n’est pas encore terminée”.

Le numéro un mondial de la réassurance se trouve assis sur une vraie bombe à retardement.

Le groupe détient toujours 39,9 milliards de produits structurés dans son portefeuille, dont 3 milliards de “subprime”, les crédits hypothécaires à risque américains, ainsi que 1,9 milliard de CDS.

D’ailleurs, le groupe s’attend pour le seul mois d’octobre à une nouvelle dépréciation d’actif de 188 millions.

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çade de la banque UBS le 30 septembre 2008 à Berne (Photo : Fabrice Coffrini)

En revanche, UBS, une des banques au monde les plus touchées par la crise financière, commence lentement à se ressaisir.

Grâce notamment à un nouveau crédit d’impôts de 913 millions de francs suisses, elle a enregistré au troisième trimestre un bénéfice net de 296 millions, contre une perte nette de 858 millions un an plus tôt.

Le groupe a subi une nouvelle dépréciation d’actifs de 4,4 milliards de dollars, portant le total des amortissements depuis le début de la crise financière l’été dernier à 46,9 milliards de dollars.

Mais UBS peine à rassurer sa clientèle, qui lui a retiré massivement de l’argent.

Entre juillet et septembre, le reflux net de capitaux s’est élevé à 83,6 milliards de francs suisses, contre un afflux de 38,3 milliards il y a un an. Depuis le début de l’année, 140,2 milliards ont été retirés des coffres-forts de la banque, une hémorragie difficile à stopper.

La banque a cependant constaté “des signes plus encourageants” depuis le 16 octobre, date de l’annonce d’un plan de secours historique des autorités suisses de 60 milliards de francs suisses, estime le directeur financier John Cryan.

“Courant novembre, nous aurons un meilleur aperçu de la situation”, indique-t-il, précisant que sur le front des reflux de capitaux “la situation s’est globalement améliorée”.

Les analystes se gardent cependant de crier victoire trop tôt. “Il est élémentaire de savoir (…) si la fuite des clients peut être stoppée”, estiment ainsi les analystes de la banque Wegelin.

A la Bourse suisse, le titre UBS évoluait en dents de scie, l’action perdant 0,42% à 18,87 francs suisses.