Un producteur de lait participe au blocage de la sortie des camions de lait devant l’usine Danone de Bailleul, le 4 novembre 2008 (Photo : Philippe Huguen) |
[04/11/2008 16:30:23] PARIS (AFP) Industriels et producteurs de lait étaient une nouvelle fois réunis mardi pour tenter de trouver un accord sur le prix du lait, alors que la mobilisation continue dans les campagnes françaises avec de nombreux mouvements de protestation.
Représentants de la Fédération Nationale des industries laitières (Fnil), de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) et de la Fédération nationale des coopératives de lait (FNCL) se sont retrouvés à partir de 14H00 à la Maison du Lait à Paris, pour essayer de trouver un arrangement après l’échec de la réunion de jeudi.
La rencontre se poursuivait toujours en fin d’après-midi.
Depuis plusieurs semaines, industriels et producteurs tentent de s’entendre sur les tarifs du lait du quatrième trimestre et du début de l’année prochaine. Ces négociations difficiles sont compliquées par la crise économique.
Les transformateurs réclament une baisse des prix, en mettant en avant la baisse de la consommation et une chute des prix des produits industriels, comme la poudre de lait, sur les marchés mondiaux. Des propositions rejetées par les producteurs qui invoquent la hausse de leurs charges d’environ 20% sur un an, citant la flambée des prix du pétrole.
Sur le terrain, la mobilisation se poursuivait, notamment dans l’Ouest: dans la Sarthe, plusieurs dizaines de producteurs ont ainsi retiré lundi soir des rayons d’hypermarchés des produits laitiers de grandes marques.
Des producteurs de lait bloquent la sortie des camions de lait devant l’usine Danone de Bailleul, le 4 novembre 2008 (Photo : Philippe Huguen) |
Plusieurs blocages de laiteries ont été levés dans la nuit de lundi à mardi en Pays-de-Loire, mais certaines usines Bongrain, Lactalis, Agrial ou Entremont restaient bloquées en milieu de journée en Basse-Normandie.
D’autres laiteries étaient aussi bloquées dans le Puy-de-Dôme, le Gers ou encore le Nord-Pas de Calais, tandis que plusieurs camions ont été immobilisés ponctuellement, comme dans l’Aude.
“J’ai beaucoup d’inquiétude s’il n’y a pas de résultat dans les négociations”, a déclaré Pascal Clément, secrétaire général de la section lait de la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles (FRSEA) de l’Ouest. “Il pourrait y avoir des débordements importants. Les gens sont exténués, le conflit dure depuis très longtemps”, a-t-il dit.
Le président du Conseil général du Lot-et-Garonne, Pierre Camani (PS), a écrit au ministre de l’Agriculture et de la Pêche, Michel Barnier, pour “solliciter l’arbitrage du gouvernement (…) pour éviter l’échec des négociations en cours”. “Le département du Lot-et-Garonne compte actuellement 400 producteurs de lait qui contribuent fortement au dynamisme de l’agriculture”, rappelle-t-il dans ce courrier.
Des producteurs de lait bloquent la sortie des camions de lait devant l’usine Danone de Bailleul, le 4 novembre 2008 (Photo : Philippe Huguen) |
Ces dernières années, le prix du lait faisait l’objet d’une recommandation du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel). Cette pratique a dû cesser après une injonction de la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF).
L’interprofession va définir un nouveau mécanisme pour la prochaine campagne laitière qui commencera en avril 2009 mais, en attendant, elle doit trouver un accord pour ce trimestre et le tout début 2009.
Il y a urgence car les producteurs ne connaissent toujours pas le montant que vont leur verser les industriels pour le lait déjà collecté en octobre.
Habituellement les éleveurs reçoivent les bordereaux de paiement de leurs laiteries dans la première quinzaine du mois suivant. Si aucun accord n’est trouvé, la tension risque de s’accroître.