Allemagne : Merkel annonce des mesures pour relancer l’économie, du “bric-à-brac” selon les critiques

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ère allemande Angela Merkel, le 4 novembre 2008 à Berlin (Photo : Michele Tantussi)

[04/11/2008 17:08:49] BERLIN (AFP) La chancelière allemande Angela Merkel a annoncé mardi quelques-unes des mesures que son gouvernement veut mettre en place pour soutenir une conjoncture qui se détériore à grands pas, mesures déjà critiquées par beaucoup comme un “bric-à-brac” impropre à relancer l’économie.

Après un vaste programme de soutien au secteur financier, que les banques commencent tout juste à mettre à profit, Berlin se devait de venir en aide à “l’économie réelle”.

Les entreprises allemandes, surtout industrielles, sont durement touchées par le recul de la demande mondiale. Mardi, BMW est venu ajouter à la série des mauvaises nouvelles avec des résultats en forte baisse, la fédération de la chimie VCI et celle de l’industrie automobile VDA ont également peint un tableau sombre des perspectives de leurs secteurs.

L’Allemagne est au bord de la récession, prévenaient récemment les principaux instituts de conjoncture du pays, qui misent sur une croissance du PIB de 0,2% au mieux l’an prochain.

Les mesures déjà dévoilées sont hétéroclites: un changement des règles comptables sur l’amortissement; une exonération de la taxe sur les voitures neuves pendant un an; un programme d’investissement dans les infrastructures routières ou encore l’élargissement des possibilités de déduction fiscale de certaines factures d’artisans.

Le catalogue complet est attendu mercredi au terme de la réunion du conseil des ministres. Coût total estimé: entre 25 et 30 milliards d’euros. Peu au regard du Produit intérieur brut allemand (2.400 milliards en 2007), mais suffisamment pour compromettre les objectifs budgétaires de Berlin.

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és d’IG Metall et BMW manifestent le 4 novembre 2008 à Leipzig (est de l’Allemagne) (Photo : Sebastian Willnow)

Amener le budget fédéral à l’équilibre d’ici 2011 ne sera pas faisable, a reconnu Mme Merkel. Elle a fixé à 2013 le nouvel horizon de consolidation budgétaire.

Le président de la Bundesbank et gouverneur de la Banque centrale européenne Axel Weber a salué mardi un paquet qui va “aider à limiter le risque sur la conjoncture” mais instamment appelé à “ne pas perdre de vue l’objectif fondamental de finances publiques solides”.

Le point commun des mesures pour la conjoncture sera, selon la chancelière, de servir de “pont”, par le biais d’incitations fiscales notamment, pour stimuler l’investissement des entreprises et la consommation des ménages. “Nous pouvons réussir à renouer avec la croissance” une fois ces deux moteurs repartis, a-t-elle assuré.

Ces mesures doivent aussi préserver l’emploi. A un an des prochaines échéances électorales nationales, le gouvernement veut éviter un retournement du marché du travail, en renforçant par exemple les programmes de formation et de qualification.

Les premières réactions au “paquet conjoncturel” ne sont pas toutes bienveillantes.

“C’est un bric-à-brac de mesures” pour Kai Carstensen, économiste de l’institut de conjoncture Ifo dans le quotidien Handelsblatt, “l’Allemagne est plus que d’autres dépendante de l’export et un programme allemand ne peut rien y changer”.

C’est le même terme de “bric-à-brac” qu’utilisent les éditorialistes de la Frankfurter Allgemeine Zeitung et de Die Welt, peu suspects de gauchisme.

Les milieux économiques sont un peu plus cléments. La fédération des employeurs BDA “soutient et est d’accord” avec le plan du gouvernement, a déclaré son président Dieter Hundt. Le patron de Siemens Peter Löscher trouve que “cela peut tout à fait aider”. Les règles comptables sur l’amortissement, destinées à relancer l’achat de machines et autres biens d’investissement, réjouissent particulièrement ce fabricant de turbines et de trains.

Les entrepreneurs, comme le gouvernement, rejetaient quasi-unanimement l’idée d’un vaste “programme de conjoncture” classique.

Mais tous les secteurs n’en réclamaient pas moins l’aide de l’Etat, qui pour investir dans les infrastructures au niveau communal et régional, qui pour subventionner l’achat de nouvelles voitures ou l’équipement des écoles en ordinateurs.