L’industrie automobile mondiale prend la crise de plein fouet

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à Royal Oak (Michigan) (Photo : Bill Pugliano)

[04/11/2008 17:35:24] PARIS (AFP) La crise économique frappe l’industrie automobile mondiale de plein fouet, les principaux marchés subissant en octobre des chutes brutales, voire des plongeons dans le cas des Etats-Unis, alors que les constructeurs revoient leurs perspectives de résultat et de production.

Dernier en date mardi, le marché allemand a accusé une chute brutale de 8% en octobre. Le président de la fédération allemande des constructeurs, Matthias Wissmann, a constaté que les conséquences de la crise financière n’étaient “pas prévisibles dans leur ampleur et leur rapidité”.

La veille, plusieurs pays européens avaient déjà annoncé des baisses très importantes du nombre des nouvelles immatriculations en octobre, en particulier l’Espagne où le marché a encore plongé de 40% et l’Italie en recul 19%. En France, le recul a atteint plus de 7%.

Aux Etats-Unis, octobre a tourné au cauchemar pour les constructeurs nationaux. General Motors a plongé de 45%, Ford a reculé de 30% et Chrysler de 35%. Le japonais Toyota, numéro deux du marché, a aussi baissé de près de 26%.

Plusieurs facteurs se conjuguent pour peser sur les marchés automobiles, à commencer par “le resserrement du crédit” lié aux difficultés du secteur bancaire, note Guillaume Mouren, analyste automobile de Xerfi.

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ée de chez Toyota, le 7 août 2008 à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Environ deux voitures sur trois sont achetées à crédit dans les pays développés.

Les consommateurs sont également confrontés à “une forte modération du pouvoir d’achat” en Europe et aux Etats-Unis lié à une “inflation très marquée ces derniers mois” avec les hausses du pétrole et des denrées alimentaires, ajoute l’analyste.

Il pointe aussi “la hausse des prix à la pompe qui a déprimé le marché à l’échelle mondiale, même s’il y a eu un reflux depuis quelques mois”. Enfin, “le retournement du marché immobilier a annulé un effet richesse qui soutenait les ventes automobiles”, rappelle Guillaume Mouren, qui ne s’attend pas pas une reprise avant le second semestre 2009 “dans le meilleur des cas”.

Pour Bertrand Rakoto, analyste de RL Polk, la question est de savoir si “on atteint les limites d’un marché saturé où les ventes vont être stagnantes (…) avec peut-être une légère croissance, ou est-ce qu’on va reprendre une croissance sur plusieurs années” à l’horizon 2011.

Les conséquences du ralentissement n’épargnent pas les marques haut de gamme. Ainsi, BMW a renoncé mardi à son ambition d’améliorer ses ventes cette année et va réduire sa production de 40.000 unités, en plus de 25.000 déjà annoncées. Porsche vient d’annoncer un allongement de sa période d’arrêt de production de fin d’année.

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ésident du groupe automobile indien Tata Motors, Ratan Tata, le 23 août 2008 à Mumbai (Inde) (Photo : Sajjad Hussain)

Au Japon aussi, les ventes de véhicules neufs ont chuté de 13% en octobre, troisième mois de baisse d’affilée. Les principaux constructeurs ont déjà prévenu que l’année serait difficile, avec le ralentissement économique conjugué à la hausse du yen.

En Inde, le numéro un automobile Tata Motors a enregistré une chute de ses bénéfices trimestriels, sur fond de taux d’intérêt élevés réduisant l’accès au crédit alors que les coûts de production augmentent.

En Chine, PSA a réduit ses effectifs de 1.000 salariés temporaires pour s’adapter à une croissance du marché moindre qu’au premier semestre.

De fait, les pays émergents pâtissent du ralentissement de la consommation occidentale, et d’une hausse des prix de l’essence dont les subventions sont en diminution, notamment en Inde.

Mais l’impact est “beaucoup moins prononcé que dans les pays matures” et “le ralentissement ne devrait pas durer”, prévoit Guillaume Mouren. “Cela va vite repartir à la hausse, il y a un tel besoin d’équipement automobile dans ces pays”, ajoute-t-il.