Le plongeon de la Bourse donne des sueurs froides aux salariés-actionnaires

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écran avec une image de l’ancienne Bourse à Paris (Photo : Eric Piermont)

[04/11/2008 20:35:47] PARIS (AFP) Habitués depuis des années à de substantiels rendements de leur épargne, les salariés-actionnaires observent avec effarement l’effondrement de la Bourse, écoeurés de voir que la santé économique de leur entreprise ne leur permet plus de résister à la crise.

“On est écoeuré. Safran fait assaut d’innovations mais le cours de Bourse continue à baisser plus vite que le CAC 40. On en viendrait presque à souhaiter un plan social qui doperait l’action”, se lamente Christian Halary, président du fond des actionnaires salariés de Safran.

Devant les machines à café, la chute du CAC 40 a remplacé la météo dans les conversations de salariés soucieux, même s’ils sont de plus en plus nombreux à opter pour un Fonds commun de placement de l’entreprise (FCPE) au sein de leur entreprise.

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ès à Paris. (Photo : Eric Piermont)

Près de 43,3 milliards d’euros en 2007 contre 31,9 milliards en 2005 ont été investis en titres d’entreprises, soit une hausse de 35% en deux ans, selon l’Association française de la gestion financière (AFG).

Le FCPE, bloqué cinq ans, permet de largement défiscaliser primes d’intéressement et de participation et de profiter de rendements défiant tout produit d’épargne bancaire classique.

A la Société Générale, les salariés actionnaires ont largement tiré profit de la croissance du titre, multipliant par cinq leur mise, de novembre 1998 à mai 2007 (contre 1,6 pour le CAC 40 sur la même période). Mais depuis le début de l’année, l’action a dévissé, perdant 53% de sa valeur, dont 32% depuis le début de la crise financière.

Cette chute vertigineuse sur fond de crise liée aux subprimes et d’affaire Kerviel, affecte presque tous les salariés: 95% des salariés de la maison mère et près de 60% dans les filiales françaises possèdent des titres, pour une valeur atteignant parfois jusqu’à trois ans de salaire.

“Les salariés ont conscience de la gravité de la crise. Mais ils gardent confiance en leur entreprise”, estime Patrice Leclerc, président de l’Association des salariés actionnaires de la Société Générale.

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été générale à La Défense (Photo : Jean Ayissi)

“Les cours ne reflètent pas les performances des entreprises, c’est ce qui est le plus exaspérant pour les salariés”, avance Henri Alline, président du Club de l’épargne salariale.

De plus, beaucoup d’entreprises ont poussé leurs salariés à préférer les fonds d’actionnariat aux dépens de fonds diversifiés moins risqués en pratiquant décotes et abondements (versements complémentaires versés par l’entreprise à titre incitatif).

L’entreprise consolide ainsi son actionnariat pour se défendre contre les offres de rachat hostiles, à l’instar d’Eiffage résistant à l’espagnol Sacyr en 2007.

“Les salariés n’ont pas bien mesuré le risque et s’en mordent les doigts”, explique Jean Conan, délégué CFE-CGC du Comité intersyndical de l’épargne salariale.

A tort, selon les experts. “Les dispositifs mis en place sont si avantageux que le salarié a peu de chances d’essuyer des pertes sur le long terme, à condition de ne pas paniquer. D’ailleurs, à ce jour, aucun retrait anticipé massif n’a été constaté”, assure M. Alline.

Mais le précédent France Telecom est resté dans tous les esprits. En mai 2000, l’action valait 150 euros avant de se stabiliser cinq ans plus tard aux alentours de 25 euros.

Face à cette inquiétude croissante, les entreprises rivalisent de notes internes, de lettres aux actionnaires et de réunions informelles. Safran a tenu à rappeler dans une note interne que les créanciers ne pouvaient saisir les actifs d’épargne salariale en cas de faillite.

“Etre salarié-actionnaire aujourd’hui, c’est d’abord un acte de foi”, plaide quant à lui M. Leclerc.