Crise financière : Obama et les démocrates attendus au tournant

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à Washington, le 5 novembre 2008 (Photo : Brendan Hoffman)

[05/11/2008 15:46:39] WASHINGTON (AFP) Barack Obama et la majorité démocrate renforcée au Congrès n’ont pas d’autre choix que de réussir un sans-faute face à la crise financière, sous peine d’être sanctionnés dans un pays historiquement peu sensible aux idées de gauche.

Le futur président, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, va pouvoir s’appuyer sur une forte majorité démocrate dans les deux chambres du parlement. Mais faute de résultats rapides, la sanction des électeurs pourrait tomber rapidement sur les démocrates, comme l’a déjà montré l’histoire politique du pays.

En 1994, deux ans après l’élection du président démocrate Bill Clinton, les républicains, menés par Newt Gingrich, réussissaient un raz de marée au Congrès, en raison notamment du mécontentement provoqué par le projet de plan d’assurance santé proposé par l’épouse du président, Hillary Rodham Clinton.

Barack Obama a fait campagne et remporté l’élection présidentielle en grande partie grâce à sa crédibilité sur les questions économiques. La crise financière a été fatale à son adversaire John McCain, lié en tant que républicain aux huit années de gestion de l’administration Bush. Mais les défis ne manquent pas.

“Les démocrates doivent espérer que l’économie s’améliore d’ici à 2010. Si ce n’est pas le cas, les républicains feront un retour en force”, avertit John Pitney, professeur de science politique au Claremont McKenna College (Californie).

Barack Obama devra faire face à un énorme déficit budgétaire, qui a déjà atteint la somme record de 455 milliards de dollars pour l’exercice 2008 clos fin septembre. Le déficit pourrait dépasser les 1.000 milliards lors de l’exercice 2009 qui a démarré début octobre.

Et, avec une croissance en berne (le produit intérieur brut a reculé de 0,3% en rythme annuel au troisième trimestre), les recettes fiscales ont peu de chances d’aider la future administration.

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ésident américain élu Barack Obama, à Chicago le 4 novembre 2008 (Photo : Joe Raedle)

Le nouveau président et les chefs de la majorité au Congrès sont donc dans l’obligation de réussir rapidement.

“Il y a en politique américaine ce que nous appelons le phénomène de “lune de miel” durant laquelle le soutien au président nouvellement élu est fort. Mais on ne peut savoir combien de temps cela dure”, observe Andrew Taylor, professeur de sciences politiques à l’université de Caroline du Nord.

M. Obama a promis de réduire les impôts pour les revenus inférieurs à 250.000 dollars par an, soit 95% des ménages. Mais si la crise perdure et le contraint à augmenter les dépenses et la fiscalité sans améliorer la situation économique des Américains, il pourrait se le voir reprocher lors des élections de mi-mandat prévues en 2010.

Le candidat républicain John McCain a reproché au cours de sa campagne à M. Obama son positionnement politique “plus à gauche que jamais”, avertissant qu’il serait plus radical que MM. Carter et Clinton.

Ces présidents démocrates étaient des hommes du Sud, des terres historiquement plus conservatrices. Au cours de leur présidence, ils se sont éloignés de l’idéologie traditionnelle de la gauche américaine.

“L’ère de l’Etat tout puissant est terminée”, avait déclaré le président Clinton après l’échec du plan d’assurance santé.

Si la situation économique ne s’arrange pas, M. Obama pourrait, à l’instar de ces deux anciens présidents, “revoir ses ambitions à la baisse là où des dépenses sont envisagées”, selon John Pitney.

Pour Andrew Taylor, il devrait gouverner “au centre gauche comme il l’a annoncé, mais il est suffisamment pragmatique pour s’adapter”.