Refonte du système financier et libre-échange : deux défis pour Obama

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ésident américain élu Barack Obama, à Chicago le 4 novembre 2008 (Photo : Joe Raedle)

[05/11/2008 16:49:43] PARIS (AFP) La refonte du système financier international sera l’un des grands chantiers auxquels devra s’atteler le président élu américain, Barack Obama, alors que le monde espère une attitude plus coopérative des Etats-Unis à l’heure de la plus grave crise économique depuis 1929.

La crise financière américaine touche maintenant toute l’économie mondiale et les dirigeants américains sont soumis à forte pression de leurs partenaires pour participer à une redéfinition des règles de la finance internationale.

Les Européens en particulier attendent beaucoup du futur président, alors qu’ils s’estiment victimes d’une crise financière née du système bancaire américain et reprochent à l’administration Bush son unilatéralisme des huit dernières années.

Au cours de sa campagne, le président élu a laissé entendre qu’il jouerait davantage la carte du multilatéralisme que son prédécesseur George W. Bush.

“Nos marchés financiers sont tellement interconnectés qu’à ce stade nous ne devons pas procéder tout seuls”, a-t-il notamment affirmé.

Joseph Stiglitz, professeur d’économie à l’université de Columbia à New York et prix Nobel d’Economie, attend ainsi “un changement de philosophie par rapport à l’administration Bush”, qui “ne savait pas gérer la crise” et avait “violemment rejeté l’approche multilatérale”, a-t-il dit.

Cela “devrait générer de l’espoir dans certains pays”, mais cela ne “va pas résoudre en soi les problèmes, seulement offrir l’opportunité de le faire”, nuance-t-il.

Jean-Marc Lucas, spécialiste de l’économie américaine chez BNP-Paribas, remarque lui que le programme économique de Barack Obama “est peu précis” et qu’il est “difficile d’avoir une idée claire de ce qu’il va faire”.

Les Européens souhaitent pour leur part un calendrier de discussions internationales accéléré pour limiter l’impact de la crise sur l’emploi ou le pouvoir d’achat.

Certains pays menés par la France, qui préside actuellement l’Union européenne, veulent aussi la mise en place d’une instance de supervision mondiale des marchés, ce dont se sont jusqu’ici méfiés les Américains.

Un sommet du G20 sur ce thème doit se tenir le 15 novembre à Washington, mais avant l’entrée en fonction de Barack Obama, début janvier.

“Tout le monde s’attend à une volonté de coopération plus grande. Je ne ne pense pas pour autant qu’on arrivera à un système de supervision mondial, mais on peut attendre que des instances comme le Fonds monétaire international (FMI) soient aussi chargées de la promotion de la stabilité financière”, remarque Jézabel Couppey-Soubeyran, maître de conférence à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Si Barack Obama a laissé entendre qu’il serait plus favorable que George W. Bush aux négociations internationales sur le changement climatique, certains économistes craignent en revanche un regain de protectionnisme, “d’autant plus en période de crise”, remarque Agnès Benassy-Quéré, présidente du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii).

Le futur président a critiqué au début de sa campagne l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena), qui associe les Etats-Unis, le Mexique et le Canada, jugeant qu’il n’est “pas équitable” pour les Etats-Unis et qu’il doit contenir des mesures pour mieux défendre l’environnement et les travailleurs américains.

Jean-Marc Lucas reconnaît que Barack Obama “semble moins partisan du libre-échange que ne l’était le candidat républicain John McCain”.

Il “veut empêcher les délocalisations” et sera “peut-être plus difficile sur le plan des négociations commerciales”, notamment dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), conclut-il.