Etats-Unis : la situation de l’emploi donne une mesure du défi qui attend Obama

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ômeurs devant des offres d’emploi au Job Center de Dayton, le 30 octobre 2008 (Photo : Chris Hondros)

[05/11/2008 17:51:08] WASHINGTON (AFP) La première statistique de l’ère Obama montre l’ampleur du défi que va devoir affronter le futur président américain: le secteur privé a détruit 157.000 emplois nets en octobre, bien plus que ne le craignaient les économistes, déjà pourtant bien pessimistes.

Selon l’enquête du cabinet en ressources humaines ADP publiée mercredi, au lendemain de l’élection du démocrate Barack Obama à la Maison Blanche, “l’affaiblissement du marché de l’emploi continue” aux Etats-Unis.

Le secteur privé américain avait déjà supprimé 26.000 emplois en septembre.

Les chiffres de mercredi sont bien supérieurs à ce que prévoyaient les analystes, qui tablaient sur 100.000 suppressions d’emplois. Et encore, ADP précise n’avoir pas pris en compte les conséquences de “la grève d’environ 27.000 ouvriers mécaniciens” de l’avionneur Boeing en septembre et octobre.

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ômeurs à New York, le 28 octobre 2008 (Photo : Mario Tama)

Les quatre cinquièmes des pertes d’emplois sont le fait de l’industrie (le secteur manufacturier en particulier), qui continue de supprimer des postes depuis 23 mois. Cette tendance est confirmée, par l’indice de l’activité industrielle ISM, qui est tombé en octobre à son plus bas niveau depuis 1982.

Mais il y a plus inquiétant. Pour la première fois depuis novembre 2002, le secteur des services, qui emploie plus des trois quarts de la population active, a supprimé plus de postes qu’il n’en a créé.

Rattrapées par la crise du crédit, les petites entreprises de moins de 50 employés, qui restaient les seules à embaucher, sont également devenues destructrices nettes d’emploi, pour la première fois depuis 1982.

L’enquête ADP donne traditionnellement un avant-goût des chiffres officiels de l’emploi aux Etats-Unis, qui seront publiés vendredi.

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ômage aux Etats-Uni depuis un an

Les analystes tablent en moyenne que ces chiffres feront apparaître 200.000 suppressions d’emplois, après 159.000 en septembre, et un taux de chômage de 6,3% (après 6,1%), un niveau qui n’a plus eu cours depuis juin 2003.

Pour Elsa Dargent, économiste de Natixis, la tendance à la dégradation du marché de l’emploi dont témoigne l’enquête ADP devrait se refléter dans les chiffres du chômage de vendredi. “L’économie américaine devrait continuer à perdre des emplois à mesure qu’elle s’enfonce dans la récession.”

Après une croissance inespérée de 2,8% au deuxième trimestre, le PIB américain a reculé de 0,3% en rythme annuel au troisième trimestre, selon la première estimation officielle publiée fin octobre, et les économistes s’attendent à un nouveau recul encore plus marqué pour le quatrième trimestre.

L’intensification de la crise financière en septembre s’est accompagnée de sa propagation au reste de l’économie, et la majorité des indicateurs pour octobre devraient témoigner d’une conjoncture se dégradant rapidement.

C’est donc un défi sans précédent depuis la crise de 1929 qui attend Barack Obama, ainsi qu’il l’a lui même reconnu.

M. Obama a été élu mardi avec une confortable avance sur son adversaire républicain John McCain, en grande partie grâce aux espoirs suscités par son programme économique.

Pour Peter Morici, professeur à l’Université du Maryland, “les événements forcent (M. Obama) a agir de manière déterminée en choisissant rapidement un secrétaire au Trésor qui pourra travailler avec le ministre sortant Henry Paulson sur la crise bancaire”. Une porte-parole du Trésor avait d’ailleurs indiqué lundi que le ministère se préparait à une transition rapide.