Pernod Ricard confie sa direction à une personne extérieure à la famille

[05/11/2008 18:15:16] PARIS (AFP)

photo_1225907188082-1-1.jpg
énéral de Pernod Ricard Patrick Ricard (c) et son successeur Pierre Pringuet (d), en 2005 à Paris (Photo : Mehdi Fedouach)

Patrick Ricard a cédé mercredi les rênes de la direction générale du groupe de vins et spiritueux Pernod Ricard à Pierre Pringuet, un dirigeant extérieur à la famille Ricard, une première pour cette entreprise marseillaise fondée en 1932.

Patrick Ricard, 63 ans et qui dirige le groupe depuis trois décennies, conserve toutefois la présidence du conseil d’administration du numéro deux mondial de vins et spiritueux. Sa famille est le principal actionnaire avec 12% de capital détenu.

La nomination de Pierre Pringuet, 58 ans, jusqu’alors directeur général adjoint, intervient dans le cadre d’une dissociation des postes de directeur général et de président du conseil d’administration, annoncée en 2007 par M. Ricard, qui cumulait les deux postes.

Patrick Ricard, qui préside le groupe fondé par son père Paul depuis 1978, avait annoncé l’an dernier son désir de “prendre un peu de champ tout en restant toujours là”.

“Après 33 ans, je quitte la fonction opérationnelle”, a-t-il déclaré visiblement ému, lors d’une assemblée générale mixte mercredi. “Mais je suis heureux, parce que je vais avoir plus de temps pour moi, et surtout parce que Pierre Pringuet sera comme il faut”, a-t-il ajouté.

M. Pringuet a affirmé de son côté que “rien” ne va changer avec sa nomination: “La voie est tracée, la direction est claire: tout droit, dans le prolongement de ce que nous avons fait jusqu’à présent”.

Les deux dirigeants ont aussi annoncé mercredi avoir renoncé à des bonus spéciaux, suivant ainsi des recommandations du Medef en octobre sur les rémunérations des patrons, notamment les “parachutes dorés”.

C’est en 1932 que Paul Ricard, père de Patrick, a l’idée de fabriquer une boisson alcoolisée à base d’anis, le célèbre pastis. Le succès n’arrive qu’après la deuxième guerre mondiale, grâce à une publicité agressive et une politique commerciale innovante.

En 1975, Ricard fusionne avec son grand rival Pernod avant que Patrick accède aux commandes du groupe en 1978.

L’entreprise uniquement centrée sur l’Europe et les anisés ne prend une dimension internationale qu’à partir de 2001, grâce à une politique d’acquisitions tous azimuts mise en oeuvre par M. Pringuet.

Ce polytechnicien, ingénieur du corps des Mines, a d’abord fait ses armes dans la fonction publique, notamment au cabinet de Michel Rocard. Il arrive chez Pernod Ricard à 37 ans, devenant successivement directeur du développement, PDG Europe, puis co-directeur général en 2000.

Une année plus tard, Pernod Ricard s’empare d’une partie du géant canadien Seagram, bradé par la famille Bronfman et Vivendi, mettant ainsi la main sur deux marques rentables, le whisky Chivas et le cognac Martell.

Le groupe accède en 2005 au second rang mondial en achetant le britannique Allied Domecq, propriétaire d’une pléthore de marques, comme le gin Beefeater, les champagnes Mumm et Perrier Jouët et le whisky Ballantine’s.

Avec l’acquisition de la vodka suédoise Absolut cette année, Pernod Ricard couvre désormais toute la palette de spiritueux. Les négociations entre le groupe français et l’Etat suédois auraient été facilitées par le fait que M. Pringuet parle suédois. En sept ans, le chiffre d’affaires de Pernod Ricard a été multiplié par trois grâce à ces acquisitions, atteignant 6,58 milliards lors de l’exercice 2007-2008, clos fin juin.