USA : la crise impose à Obama un choix crucial pour le secrétaire au Trésor

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à New York (Photo : Chris Hondros)

[06/11/2008 18:59:42] WASHINGTON (AFP) Face à une crise d’une ampleur inédite, le futur président américain Barack Obama va rapidement devoir faire un choix crucial dans la désignation de son secrétaire au Trésor, devant trancher entre des candidats d’expérience ou des postulants incarnant le changement.

Alors que par le passé, l’essentiel des spéculations sur le futur gouvernement se concentrait sur le nom du ministre des Affaires étrangères, la conjoncture place le futur titulaire du Trésor au coeur des préoccupations.

“Pendant les 12 à 24 prochains mois, cette personne occupera le centre de la scène, plus que le secrétaire d’Etat”, relève l’économiste Joël Naroff.

Parmi les noms le plus souvent avancés pour succéder à Henry Paulson, figurent Paul Volcker, ex-président de la Réserve fédérale (81 ans), Larry Summers (54 ans), secrétaire au Trésor de 1999 à 2001 sous la présidence de Bill Clinton, et Timothy Geithner (47 ans), président de la Banque de réserve fédérale de New York depuis 2003.

Le secrétaire au Trésor sortant a dit jeudi sa volonté d’assurer une transition “douce et efficace” avec l’équipe économique de M. Obama, “dans l’intérêt des marchés financiers”.

Pour M. Naroff, comme pour Peter Morici, professeur d’économie à l’université du Maryland, l’âge du futur ministre importe peu.

“C’est très simple”, a expliqué M. Naroff à l’AFP, le futur titulaire du Trésor devra “posséder une connaissance très pointue du fonctionnement des marchés financiers” et devra avoir exercé de hautes fonctions dans ce domaine, que ce soit dans le secteur privé ou à la Fed.

“Comme le secrétaire au Trésor devra +vendre+ à l’opinion publique une bonne partie des actions décidées, il devra, comme deuxième qualité, être un bon orateur”, a prévu cet économiste indépendant.

Barry Bosworth, expert à l’institut de recherche Brookings, partage cette appréciation. S’il juge M. Volcker trop vieux pour occuper une fonction aussi écrasante, il estime que MM. Summers et Geithner conviendraient.

Relevant que M. Summers est “compétent et très intelligent”, qu’il a déjà occupé le poste pendant deux ans et qu’il “connaît très bien les questions financières”, M. Bosworth juge qu’il pourrait être handicapé par son caractère.

M. Summers “est une personnalité dominante”, parfois “décapante”, rappelle M. Bosworth. “Il pourrait prendre les choses en main et être en gros le chef de la politique économique, mais cela doit alors être une volonté présidentielle: le président doit vouloir un secrétaire au Trésor très fort”.

M. Geithner est un bureaucrate plus effacé. Mais il a pour lui d’avoir travaillé longtemps au Trésor et donc de savoir “très bien comment il fonctionne”.

A la tête de la Réserve fédérale de New York, intermédiaire traditionnel entre la banque centrale et les marchés financiers, M. Geithner a été en première ligne dans le sauvetage de la banque Bear Stearns en mars et dans les autres mesures exceptionnelles de soutien à l’économie prises par la Fed.

De ce point de vue, son choix pourrait assurer une certaine continuité, critère important dans une période agitée.

Pour M. Morici, la nomination de M. Volcker, qui avait triomphé de l’inflation dans les années 1980, serait parfaite car du fait de son âge avancé, “il ne se préoccupe pas de ce que sera son prochain poste et il est très respecté”.

Si aucun des trois noms fréquemment avancés ne devait être retenu, M. Bosworth estime que le choix présidentiel pourrait se porter sur Janet Yellen, présidente de la Fed de San Francisco. Autre possibilité: Jon Corzine, gouverneur démocrate du New Jersey passé par la banque Goldman Sachs, où il était le rival direct de M. Paulson.

Un temps pressenti, Robert Rubin, ancien secrétaire au Trésor pendant les années Clinton et aujourd’hui conseiller de la banque Citigroup, semble ne plus être dans la course.