à Caen d’une personne passant un magasin de chaussures Bata (Photo : Mychele Daniau) |
[07/11/2008 15:53:57] PARIS (AFP) Bata, spécialiste de la chaussure bon marché, va fermer une trentaine de magasins et réduire ses effectifs en France pour tenter une relance au moment où le secteur de l’habillement connaît sa pire crise depuis 1993, qui a déjà ébranlé plusieurs grandes enseignes.
En difficulté depuis plusieurs années, la filiale française du groupe plus que centenaire, fondé à la fin du XIXe dans la ville de Zlin (République tchèque) par Tomas Bata, a annoncé vendredi un plan “stratégique” sur trois ans. A la clé, la fermeture de 27 magasins et la suppression de 83 emplois dès 2009.
Vingt-sept autres magasins “bénéficieront” en outre “de mesures ultimes de redressement”, selon Bata France Distribution qui compte en tout 1.022 salariés et 196 magasins.
“En cas d’échec, 85 postes supplémentaires seraient potentiellement menacés”, précise la société dont le siège est au Canada.
Les magasins concernés par cette restructuration “contribuent à la dégradation de la situation économique” de Bata France, qui enregistre des baisses moyennes de chiffre d’affaires de 3,5% par an depuis 2005.
“Ils perdaient de l’argent et vont continuer d’en perdre”, a expliqué à l’AFP François Le Ménahèze, président de Bata France, précisant qu’il s’agissait de magasins trop “petits” ou “mal placés”.
Bata a commencé à rénover ses magasins “les plus visibles” en 2004, mais cette initiative n’a pas suffi à enrayer le recul des ventes.
Le chiffre d’affaires (118 millions d’euros en 2007) devait encore baisser cette année et Bata France devrait enregistrer une perte pour la deuxième année consécutive.
Mais “depuis deux mois, on repart à la hausse avec des croissances du chiffre d’affaires supérieures à 10%”, affirme M. Le Ménahèze, à la tête du groupe depuis février.
Parallèlement aux fermetures, Bata prévoit de rénover une quarantaine de magasins et d’ouvrir une vingtaine de nouveaux points de ventes d’ici 2011.
Ce plan, qui implique un investissement de 15 millions d’euros sur trois ans, devait être présenté aux représentants du personnel ce vendredi ou samedi. “La première chose dont on va discuter avec le personnel sera le reclassement. Ceux qui ne seront pas reclassés seront contactés lors de l’ouverture des nouveaux points de vente”, a assuré M. Le Ménahèze.
Les enseignes de l’habillement (vêtements, chaussures) sont confrontées depuis le début de l’année à une chute drastique de la consommation, liée à la baisse du pouvoir d’achat.
Les ventes d’habillement ont légèrement augmenté de 1% en septembre sur un an, mais sur les neuf premiers mois de l’année, elles ont baissé de 2,3%, faisant de 2008 l’année la plus difficile depuis la crise de 1993, selon l’Institut français de la mode (IFM).
Les responsables du secteur estiment que la crise financière va précipiter la chute des enseignes fragiles, en raison de la consommation morose, mais aussi parce que les banques prêtent moins facilement aux entreprises.
La crise a déjà porté le coup de grâce à La Camif, spécialiste de la vente à distance. Déficitaire depuis le milieu des années 1990, cette dernière a été placée en liquidation judiciaire la semaine dernière.
La chaîne de lingerie discount Body One, elle aussi en difficulté depuis quelques années, a recouru à une procédure de sauvegarde début octobre, ce qui lui permet pendant six mois de poursuivre son activité sans avoir à payer ses dettes.
La Redoute, confrontée à la rude concurrence des sites internet, a également annoncé en octobre la suppression de 672 emplois d’ici 4 ans.