és du groupe Porsche derrière un véhicule, le 27 octobre 2008 à Leipzig, dans le centre de l’Allemagne (Photo : Sebastian Willnow) |
[07/11/2008 17:26:10] FRANCFORT (AFP) L’allemand Porsche a réussi un exploit: engranger des bénéfices record, non pas grâce à ses voitures de luxe, mais à la prise de contrôle progressive de son compatriote Volkswagen qui lui a rapporté près de 8 milliards d’euros sur son exercice 2007/08.
Bien sûr, Porsche a une nouvelle fois prévenu vendredi que l’année en cours, qui a démarré le 1er août, serait de loin plus difficile: il n’atteindra pas le même niveau de ventes qu’au cours de l’exercice précédent.
Et “face à la crise hypothécaire américaine et la crise des marchés financiers”, le groupe a entouré de beaucoup de précaution ses pronostics. “Il est extrêmement difficile dans la situation économique actuelle (…) de faire des déclarations fiables sur le déroulement de l’ensemble de l’exercice en cours”, écrit-il.
Ces dernières semaines, Porsche a d’ailleurs annoncé des réductions de production. Lui aussi voit ses ventes s’effondrer sur ses marchés clef, avec un plongeon de 39% le mois dernier en Amérique du Nord par exemple.
Les résultats portant sur 2007/2008 publiés vendredi ne tiennent pas compte de la brutale aggravation de la situation depuis la mi-septembre.
Mais en pleine déprime du secteur automobile et alors que la crise financière se propage à “l’économie réelle”, Porsche détonne face à ses concurrents comme Daimler ou BMW et leurs avertissements sur résultats en série.
Sans doute parce que la santé financière du groupe dirigé par le patron réputé le mieux payé d’Allemagne, Wendelin Wiedeking, et détenu par la famille Porsche-Piëch, ne dépend pas vraiment de la tenue du secteur.
Porsche gagne beaucoup plus d’argent grâce à ses investissements et ses placements financiers qu’avec le bolide 911 ou le tout-terrain de luxe Cayenne. La société a vendu un peu plus de 98.000 voitures en un an, soit moins que BMW… en un mois.
Mais en 2007/08, Porsche a gagné au total 7,8 milliards d’euros grâce à sa participation dans Volkswagen, selon un porte-parole interrogé par l’AFP. A côté, le milliard d’euros de bénéfice opérationnel tiré de son coeur de métier fait piètre figure.
Au final, son bénéfice net atteint 6,4 milliards d’euros, une hausse de 51% sur un an. Son bénéfice imposable s’établit à 8,6 milliards (+46%). Fait rarissime, celui-ci est même plus élevé que le chiffre d’affaires de 7,5 milliards.
A fin juillet, à la clôture de l’exercice 2007/08, Porsche détenait près de 23% de Volkswagen. Or l’action du premier constructeur européen n’a cessé de grimper, de près de 166% sur les douze derniers mois. Vendredi à 16H05 GMT, le titre valait 395,87 euros.
La tendance a culminé dans les épisodes récents de folie boursière, quand le cours a atteint 1.000 euros en cours de séance. Des évolutions qui ne sont pas incluses dans les chiffres publiés vendredi mais qui laissent entrevoir encore des profits juteux pour Porsche cette année.
D’autant plus que le groupe a entretemps élargi sa participation, à 42% du capital, et compte monter à plus de 50% avant la fin de l’année.
Financièrement, Porsche bénéfice surtout de ses options sur actions, par le biais desquels il détient en plus 32% du capital de Volkswagen: via ce mécanisme, des banques acquièrent pour lui des titres et Porsche gagne de l’argent si l’action monte, en perd si elle descend, sans les posséder en propre.
Les options lui ont à elles seules rapporté 6,8 milliards au cours de l’exercice écoulé. Soit un peu plus que le bénéfice net l’an dernier de la plus grande banque allemande, Deutsche Bank.