[08/11/2008 21:00:49] PARIS (AFP)
ésident brésilien Lula au sommet du G20 à Sao Paulo le 8 novembre 2008 (Photo : Mauricio Lima) |
Les grands pays avancés et émergents du G20 débattaient samedi à Sao Paulo du renforcement du système financier face aux crises à répétition, alors que le président élu Barack Obama a souligné l’urgence de relancer l’économie américaine.
“Il s’agit d’une crise mondiale qui exige une réponse mondiale. C’est le moment de formuler des propositions pour un véritable changement dans l’architecture financière mondiale”, a lancé le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva en ouvrant une réunion des ministres des Finances et gouverneurs des Banques centrales du G20.
“Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas, nous n’avons pas le droit d’échouer”, a-t-il affirmé devant les participants, réunis dans un grand hôtel de Sao Paulo.
“Nous avons besoin d’une nouvelle gouvernance, plus ouverte et participative”, a déclaré le président brésilien, réclamant une “plus grande participation” des pays émergents dans la gouvernance économique.
Cette réunion doit préparer le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du G20 le 15 novembre à Washington, convoqué d’urgence par le président américain George W. Bush sous la pression des Européens en pleine tempête financière.
éunion du G20, le 8 novembre 2008 à Sao Paulo (Photo : Nelson Almeida) |
Présidé par le Brésil, le G20 concentre 85% du PIB de la planète et les deux tiers de sa population. Il rassemble sept économies avancées (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), l’Union européenne et les principaux pays émergents (Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Russie et Turquie).
Washington a admis samedi la nécessité de revoir les règles de fonctionnement du système financier, alors que les Européens font pression sur les Etats-Unis pour qu’ils acceptent davantage de régulation financière.
“Nous pensons qu’il existe un terrain d’entente sur beaucoup d’aspects dans nos approches pour affronter la tourmente sur les marchés financiers”, a declaré le porte-parole de la Maison Blanche, Mme Dana Perino, sur la base des conclusions du sommet européen de Bruxelles vendredi.
Mais le G20 doit “réaffirmer l’engagement sur les grands principes de l’économie de marché, d’économies ouvertes et compétitives, d’une expansion du commerce et d’un accroissement des flux de capitaux et d’investissement”, a-t-elle toutefois ajouté.
Les dirigeants de l’Union européenne avaient coordonné vendredi à Bruxelles leurs positions.
“Nous demandons à être écoutés et entendus et vite”, avait déclaré le président francais Nicolas Sarkozy, qui préside l’Union européenne. “Je ne viens pas participer à un sommet de mondanités, les Européens ne se contenteront pas de quelques principes vagues”, avait-il affirmé.
Vendredi à Sao Paulo, le groupe des pays émergents dit des Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) était de son côté parvenu “à la conclusion qu’il devait y avoir une réorganisation du système financier mondial”, selon le ministre brésilien de l’Economie Guido Mantega.
La crise financière, qui a pris naissance aux Etats-Unis, va plonger dans la récession en 2009 la plupart des grands pays avancés et n’épargnera pas les pays émergents dont la croissance sera ralentie. Au total la croissance mondiale ne dépasserait pas 2,2% l’an prochain, selon le Fonds monétaire international (FMI).
ésident Barack Obama à Chicago le 7 novembre 2008 (Photo : Stan Honda) |
Au cours de sa première conférence de presse après l’élection, Barack Obama a souligné qu’il n’y avait “pas une minute à perdre” pour empêcher la propagation de la crise à toute l’économie. Il a assuré que son gouvernement se mettrait au travail dès sa prise de fonctions le 20 janvier.
Après le plan Paulson de sauvetage des banques adopté en octobre, les Etats-Unis “auront besoin d’autres actions pendant cette transition (avant sa prise de fonctions, ndlr) et les mois suivants” , a-t-il estimé, exhortant le Congrès à adopter au plus vite un plan de relance.
M. Obama a souhaité “un plan de sauvetage pour la classe moyenne”, permettant de “créer des emplois et de soulager les familles qui voient leurs salaires se réduire et les économies de toute une vie disparaître”.
Le gouvernement espagnol a de son côté adopté samedi un train de mesures pour “dynamiser” le secteur immobilier par un programme de logements sociaux et pour aider les chômeurs ayant des difficultés à rembourser leur prêt immobilier.
L’Espagne fait face à un brutal ralentissement économique, lié à l’éclatement de la bulle immobilière et aggravé par la crise financière internationale.
L’Espagne a d’ailleurs obtenu de participer au sommet du G20 à Washington, une decision qualifiée par le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero de “premier pas d’une extraordinaire importance” vers la reconnaissance de son poids sur la scène économique internationale.
Signe que la bourrasque financière ne faiblit pas, le Financial Times a affirmé que l’assureur américain AIG discutait avec l’Etat d’un nouveau plan de sauvetage, le prêt qui lui a été accordé en septembre se révélant insuffisant pour assurer sa survie à long terme.
Et la banque du Bade-Wurtemberg LBBW, première institution régionale publique d’Allemagne, serait engagée à hauteur d’un milliard d’euros en Islande, un pays ruiné par la crise financière, selon le grand quotidien de Munich Süddeutsche Zeitung.