La Bourse de Paris, malmenée, est loin d’en avoir fini avec la crise

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à Paris (Photo : Stéphane de Sakutin)

[09/11/2008 10:07:12] PARIS (AFP) La Bourse de Paris, peu réactive à l’élection américaine et à la baisse de taux de la BCE, devrait rester soumise la semaine prochaine aux hésitations d’investisseurs sans repères, tourmentés par la dégradation de l’environnement économique.

Malgré des bonds lundi et mardi, l’indice vedette a enchaîné deux séances de baisse, chutant même jeudi, avant de se ressaisir vendredi, pour terminer sur un recul de 0,51% la semaine écoulée à 3.469,12 points ce qui ramène à 38,21% ses pertes depuis le début de l’année.

Les investisseurs avait déjà anticipé largement la victoire du démocrate Barack Obama à l’élection présidentielle américaine, le CAC 40 enregistrant six séances de hausse entre le 28 octobre et le 4 novembre.

Tout comme ils avaient intégré la baisse du taux directeur de 0,5 point de pourcentage, à 3,25%, annoncée par la Banque centrale européenne (BCE) jeudi.

“Le marché a connu cette semaine des prises de bénéfices. C’est un retour à la raison, aux réalités des mauvais chiffres macroéconomiques”, résume Arnaud Riverain, responsable de la recherche chez Arkéon Finance, interrogé par l’AFP. Conséquence, les investisseurs sont restés focalisés sur l’accumulation de mauvaises nouvelles sur le front économique, cherchant à prendre “le pouls de l’économie” et à connaître l’ampleur réelle de la crise.

Le Fonds monétaire international (FMI) a notamment indiqué jeudi que les pays développés devraient connaître en 2009 la première contraction (-0,3%) de leur produit intérieur brut depuis 1945 et que la croissance mondiale ne devrait pas dépasser 2,2%.

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énéral du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn, le 28 mars 2008 à Washington DC (Photo : Eugene Salazar)

Autre motif d’inquiétudes, la traduction de la crise mondiale dans les publications trimestrielles d’entreprises, qui peinent souvent à confirmer leurs objectifs pour l’année en cours.

“Les mauvais résultats ne sont pas encore tout à fait intégrés dans les anticipations. Tout le monde ajuste à la baisse sur 2008 et peu encore sur 2009 et 2010”, s’inquiète Arnaud Riverain.

Le courtier Aurel estime de son côté que la révision à la baisse des bénéfices des sociétés “n’a qu’un impact limité sur des cours de bourse qui anticipent déjà des perspectives économiques très dégradées”.

Le marché, très volatil, peine en effet à trouver ses marques, hésitant entre reprise et recul et, selon M. Riverain, “il est possible que l’on oscille entre les 3.000 et les 3.700 points dans les deux ou trois mois qui viennent”.

Malgré une valorisation des entreprises cotées jugés exagérément faibles par de nombreux analystes, le retour des investisseurs sur les marchés tarde à se faire sentir.

“Cela dépendra du moment où les entreprises vont pouvoir se financer correctement. Or on ne sait pas quelle sera l’incidence sur le crédit de toutes les injections de liquidité sur les marchés”, rappelle M. Riverain.

Le courtier Aurel pense que “les plans de relance, dans l’ensemble des grands pays, soutiendront la croissance mondiale” et anticipe “un net rebond des marchés actions à six mois”.

Les investisseurs auront de nouvelles occasions de prendre la température de l’économie mondiale la semaine prochaine, avec d’abord la réunion des ministres des Finances du G20 à Sao Paulo (Brésil) ce week-end, puis la production industrielle de septembre en zone euro mercredi.

Jeudi, sont attendus le produit intérieur brut allemand au troisième trimestre et le commerce extérieur de septembre aux Etats-Unis.

Euronext (CAC 40)