Le malaise des navigants d’Air France se cristallise autour des retraites

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Un avion Air France (Photo : Karen Bleier)

[09/11/2008 13:14:57] PARIS (AFP) Chez Air France, où plusieurs syndicats de navigants ont déposé des préavis de grèves pour novembre et décembre, les pilotes, hôtesses et stewards expriment un malaise qui se cristallise autour de l’avenir de leurs retraites.

En votant le 1er novembre un amendement au Code de l’Aviation civile et au budget de la Sécu pour 2009 concernant les personnels navigants, les députés entendent porter l’âge de cessation d’activité en vol de 60 à 65 ans pour les pilotes (personnels navigants techniques, PNT), et de 55 à 65 ans pour les hôtesses et stewards (personnels navigants commerciaux, PNC), à compter du 1er janvier 2010.

Opposés à cet amendement, huit syndicats d’Air France (CFDT, CFTC, FO, SNPNC, Sud aérien, CGT, Unac et Unsa) ont appelé les PNC à une grève nationale du 5 au 9 décembre. Chez les pilotes, le SNPL a ensuite déposé un préavis pour une date plus proche, du 14 au 17 novembre.

Interrogée par l’AFP, la direction d’Air France n’a pas souhaité réagir sur ces mouvements sociaux ni sur la question des retraites de son personnel navigant.

Au niveau national, le SNPL qui revendique 4.000 adhérents pour 6.000 pilotes, estime que cet amendement risque de “créer une crise sociale importante”.

Un conflit générationnel entre commandants de bord et copilotes pourrait “éclater”, prédit même Jocelyn Smykowski, son président, car “cela va repousser l’évolution de carrière de cinq à sept ans des copilotes”, sans compter “les jeunes en formation actuellement”, qui n’auront pas de travail avant “cinq ans”.

En terme de reclassement au sol pour ceux qui ne volent plus, en attendant l’âge de la retraite, le SNPL souligne que l’amendement pourrait poser de nombreux problèmes.

“Comment les compagnies vont-elles trouver 300 postes de cadres chaque année?”, se demande M. Smykowski, qui s’interroge par ailleurs sur les risques pour la sécurité en vol avec des pilotes âgés.

Deuxième motif de colère chez les pilotes – par ailleurs les plus hauts salaires de la compagnie – qui appellent à la grève: la non mise en place de la réforme de la CRPN (Caisse de retraite du personnel navigant), régime spécifique de retraite complémentaire, par le gouvernement comme il s’y était engagé début 2008.

“Cette réforme garantit la pérennité de notre caisse avec un âge de départ à 60 ans”, souligne le président du SNPL.

“C’est la méthode utilisée de non concertation et de reprise de parole donnée qui nous met en colère”, ajoute M. Smykowski.

Chez les stewards et hôtesses d’Air France, certains syndicats, comme la CFDT et la CGT, ne veulent pas entendre parler de la possibilité de travailler jusqu’à 65 ans.

“C’est une question de sécurité en vol, de santé des personnels et d’emploi. Si les navigants veulent travailler plus longtemps, il doivent être reclassés au sol”, estime Cyril Jouan de la CFDT, syndicat qui menace de se joindre à l’appel à la grève des pilotes vendredi.

D’autres syndicats, comme l’Unac, envisagent le déplafonnement à 65 ans, à condition qu’il soit assorti d’un suivi médical plus étroit.

Pour Eyal Jonas de la CGT, il faut revoir les critères de pénibilité pour que les PNC puissent bénéficer d’une “retraite pleine” à 55 ans s’ils veulent arrêter de travailler ou s’ils ne peuvent être reclassés au sol.

Actuellement un PNC ou un PNT qui ne peut être reclassé est licencié et touche des Assedic et une retraite complémentaire.

Un autre dirigeant syndical PNC estime, sous couvert d’anonymat, que le projet de réforme de la caisse de retraite des navigants est trop favorable aux pilotes au détriment des PNC.