G20 : les pays émergents veulent réformer la finance mondiale, toujours fragilisée

[09/11/2008 17:03:10] PARIS (AFP)

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éunion du G20 le 8 novembre 2008 à Sao Paulo (Photo : Nelson Almeida)

La Chine a annoncé dimanche un plan de relance de son économie, menacée de ralentissement par la crise mondiale, parallèlement à la poursuite des discussions entre pays émergents et développés à Sao Paulo sur la réforme du système financier international.

Pékin a annoncé un plan de relance budgétaire de 4.000 milliards de yuans (586 milliards de dollars) jusqu’à la fin 2010, visant à stimuler la demande intérieure pour parer au ralentissement de sa croissance et à la stagnation de ses exportations –principal moteur de son économie– provoqués par la crise financière mondiale.

De leur côté les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des pays avancés et émergents du G20 menaient au Brésil des discussions, qualifiées samedi de “très productives” par les Etats-Unis, pour apporter une réponse collective à la tourmente financière mondiale.

“Il s’agit d’une crise mondiale qui exige une réponse mondiale. C’est le moment de formuler des propositions pour un véritable changement dans l’architecture financière mondiale”, avait déclaré samedi le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, réclamant un rôle accru pour les pays émergents dans la gouvernance économique mondiale.

Le G20 concentre 85% du PIB de la planète et les deux tiers de sa population. Il rassemble sept économies avancées (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), l’Union européenne et les principaux pays émergents (Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Russie et Turquie).

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ésident brésilien Lula (c), le 8 novembre 2008 à Sao Paulo durant une réunion du G20 (Photo : Antonio Scorza)

Le président de la Banque mondiale (BM) Robert Zoellick avait estimé samedi que le G20 se rapprochait d’un consensus sur la nécessité de réformer le système financier alors que les économies entrent dans “une zone de danger”.

Il avait également jugé nécessaire “que d’importants pays en développement comme le Brésil puissent faire entendre leur voix”. Les pays émergents, notamment les géants de l’exportation, veulent peser davantage sur la conduite des affaires du monde.

La réunion de Sao Paulo est destinée à préparer le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du G20 le 15 novembre à Washington qui doit jeter les bases d’une réforme du système financier international afin d’empêcher les crises à répétition.

Une préoccupation présente dans toutes les instances. Au cours d’une réunion à Dubaï du Forum économique mondial (WEF), les participants ont estimé que “la crise actuelle avait signifié l’échec de la gouvernance des entreprises”, notamment “l’échec à tous les niveaux du système de calcul des risques”.

Pour ces experts, la crise financière mondiale a transformé les gouvernements “en acteurs de premier plan du système financier”.

Illustration du poids croissant des pays émergents riches en liquidités, l’Islande, en plein naufrage financier, a demandé l’aide de la Chine, après avoir négocié le mois dernier avec la Russie.

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ésident de la Banque mondiale Robert Zoellick, le 8 novembre 2008 à Sao Paulo (Photo : Antonio Scorza)

“J’ai écrit au Premier ministre chinois, mais nous n’avons pas encore reçu de réponse”, a annoncé samedi le Premier ministre islandais Geir Haarde, précisant qu’il n’avait pas demandé de montant particulier.

La couronne islandaise a perdu plus de 40% de sa valeur depuis le début de l’année et les trois plus grandes banques ont été nationalisées début octobre.

La semaine à venir ne s’ouvre pas sous les meilleurs auspices pour les marchés financiers, même si Wall Street pourrait s’accorder une pause, après des semaines de convulsions et l’élection de Barack Obama à la Maison Blanche.

“Les investisseurs pourraient en profiter pour prendre un peu de recul et juger des dégâts des dernières semaines”, selon Gina Martin de Wachovia Securities.

Cependant, les responsables démocrates au Congrès américain se mobilisent pour sauver le secteur automobile aux Etats-Unis, où les ventes d’automobiles ont plongé de près de 32% en octobre et où les géants de Detroit, General Motors et Ford, sont menacés de faillite l’an prochain.

Ils ont écrit samedi au secrétaire au Trésor Henry Paulson pour qu’il utilise le plan d’aide de 700 milliards de dollars au système financier adopté en octobre afin d’apporter “une assistance temporaire à l’industrie automobile”.

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ège de General Motors, le 7 novembre 2008 à Detroit (Michigan) (Photo : Bill Pugliano)

En Europe, les investisseurs suivront tout particulièrement la publication jeudi du chiffre de l’évolution du PIB allemand au troisième trimestre, qui risque de confirmer l’entrée en récession de l’Allemagne.

Une nouvelle rafale de résultats financiers attendus la semaine prochaine permettront aux marchés de prendre le pouls des entreprises.

La banque HSBC, les opérateurs de télécommunications Vodafone et BT à Londres, le bancassureur allemand Allianz et ses compatriotes Deutsche Post et Siemens, ou encore les français Vivendi, Veolia Environnement, Vallourec, GDF Suez, Bouygues doivent notamment dévoiler leurs perspectives.

Dans le Golfe, où les marchés boursiers étaient ouverts dimanche, seule la place saoudienne a terminé sur une hausse de 1,82%. Les autres Bourses ont fermé en forte baisse: Dubai a plongé de 5,94%, Abou Dhabi de 4%, Koweït de 2,8% et Doha de 5,2%.

La crise financière ne désarme pas. Selon le Financial Times, le premier assureur américain, AIG, discute avec l’Etat d’un nouveau plan de sauvetage, le prêt géant de 85 milliards de dollars accordé en septembre se révélant insuffisant pour assurer sa survie.

En Belgique, le Premier ministre Yves Leterme a menacé de renoncer au récent plan de sauvetage de Fortis, si la justice donnait raison aux petits actionnaires qui ont porté plainte contre le démantèlement du groupe, ce qui signifierait la banqueroute du bancassureur.

En Lettonie, le gouvernement a nationalisé samedi la seconde banque, la Parex Banka, pour “assurer la stabilité du système financier”.