Qui a dit que le tourisme tunisien se limitait aux stations balnéaires ? La
vision habituelle de ces centres touristiques de masse, qui alignent les
hôtels à perte de vue dans des villes sorties du néant pourrait être appelée
à changer, du moins à évoluer. Une ONG tunisienne, dédiée au développement
durable, a réussi à éveiller l’intérêt d’un voyagiste international de toute
première catégorie. Remettant en cause les idées reçues, qui voudraient que
l’agrotourisme et l’écotourisme soient de simples gadgets, certes à la mode,
mais qui ne méritent pas que l’on s’y arrête outre mesure.
C’est ainsi que l’Association de Développement Durable (ADD) de Médenine
a suscité l’intérêt de Transat A.T. inc., un voyagiste basé à Montréal
(Canada) qui compte plus de 60 pays de destination, actif aussi bien dans le
transport aérien que dans l’hôtellerie. Il s’agit plus particulièrement de
soutenir le projet Innovation rurale en zone difficile (IRZOD), un programme
de développement durable du patrimoine rural dans la région de Médenine,
plus précisément du côté de Béni Khédache. Il s’agira en l’occurrence de
mettre en valeur des gîtes ruraux traditionnels, et à soutenir l’artisanat
local. Dans le cadre de ce programme, il sera également question de
restaurer des fortifications vieilles de plus de trois siècles, les Ksours,
bien connus des habitués du sud tunisien. Le voyagiste accordera
l’équivalent de 60.000 dinars à titre de contribution dans le programme de
l’association tunisienne, pour participer à la mise en valeur du site
historique de Ksar Jouamaâ. Mais au-delà de la somme versée, il s’agit d’une
reconnaissance pour une organisation tunisienne, déterminée à jouer son rôle
dans le cadre d’un développement respectueux de l’environnement et des
traditions locales.
La région de Médenine ne manque pas, à cet égard, d’atouts, avec une
nature préservée, malgré le manque de ressource en eau qui caractérise la
région. Les hommes de la région ont su faire preuve d’inventivité et ce
depuis des millénaires, les vestiges de barrages l’attestent, les jessours
l’attestent. Le projet démarrera donc en janvier 2009, et les travaux se
poursuivront jusqu’en mars 2011. A noter que l’agriculture de la région
compte aussi tirer le meilleur parti de la vague bio. Les figues sèches de
la région se sont ainsi fait connaître en France, notamment dans le cadre de
foires internationales, organisées à Vézénobres. Mais ce ne sera pas
l’unique ressource végétale de la région, puisque les amandiers, les
pêchers, et même les plantes médicinales de sud tunisien renforcent l’image
de marque du tissu artisanal local, fortement enraciné dans son terroir.
Comme quoi le tourisme peut aussi se révéler intelligent, respectueux des
traditions. Mieux, il pourra même aider à valoriser des sites historiques
quelque peu délaissés. Une raison valable d’envisager autrement un secteur
stratégique pour notre pays. Et qui ne se limite pas uniquement à l’axe
Sousse-Hammamet.