Si la deuxième édition du Salon des services bancaires et de
la monétique va laisser une trace dans l’histoire, elle le devra certainement,
dans une large mesure, au colloque organisé en marge de cette manifestation, par
la Banque centrale de Tunisie (BCT) et l’Association professionnelle tunisienne
des banques et des établissements financiers (APBTEF), et dédiée à une question
remise sur le tapis à cette occasion : Tunis, place financière régionale.
«C’est un rêve que nous caressons depuis très longtemps», rappelle M. Férid
Ben Tanfous, directeur général de l’Arab Tunisian Bank (ATB) et président de l’APBTEF,
en ouvrant les travaux du colloque. Mais un rêve remis sur la table à la crise
financière internationale par les pouvoirs publics qui semblent non seulement
penser que le moment est propice pour relancer le débat sur cette question,
mais, surtout, que la Tunisie a, au moins en partie, les atouts lui permettant
de se positionner comme place financière régionale.
M.Taoufik Baccar, gouverneur de la BCT, en a énuméré quelques uns : sa
«position stratégique», «un cadre économique développé», «un climat économique
et social stable, avec un taux de croissance moyen de près de 5%», et «un tissu
économique diversifié».
Mais une place financière exige davantage, et en particulier «des
infrastructures et une technologie développées, ressources humaines de qualité,
un cadre légal favorable, la liberté de circulations des capitaux et un marché
financier développé», énumère M. Baccar.
A quoi s’ajoutent d’autres facteurs déterminants, dont «un rôle régional de
pôle commercial», «une certaine richesse nationale et un développement financier
important», note Karel Lanoo, directeur général du «Center for European Policy
Studies» (CEPS). Qui voit «une possibilité pour la Tunisie de s’établir comme
Centre financier, dans une Afrique qui n’en a aucun à ce jour».
La Tunisie a, donc, encore du chemin à faire, avant de pouvoir atteindre cet
objectif. Et elle est en train d’essayer de rattraper son retard. Pour ce faire,
M. Baccar, qui met en avant les «nombreuses réformes du système bancaire et
financier» déjà entreprises, notamment «pour l’améliorer et en renforcer la
transparence», pour «élargir les prérogatives de la BCT» et se préparer à
l’adoption des normes de Bâle II, admet la la nécessité «d’intensifier les
efforts afin de renforcer la compétitivité des banques», «d’animer encore plus
la Bourse de Tunis afin qu’elle contribue davantage au financement de
l’investissement», «d’intégrer totalement (la Tunisie) dans l’environnement
international» et «de poursuivre la démarche progressive et posée vers la
libération du dinar».
Mais Ezzeddine Saîdane, ancien directeur général d’ABC Tunis, et aujourd’hui
conseiller financier, pense qu’il manque aussi à la Tunisie «une volonté
clairement affichée de faire du secteur financier un secteur prioritaire, et d’y
investir des moyens pour cela». L’ancien n°2 de la Banque Internationale Arabe
de Tunisie (BIAT) recommande, au cas où notre pays décidait de se doter d’une
place financière régionale, d’arrêter un calendrier et de définir une offre.
Convaincu «qu’il est essentiel pour la Tunisie de bien préparer son “coup”
pour ne pas rater le coche, M. Saïdane propose de «créer une task-force pour
nous dire si l’on a intérêt à créer une place financière régionale ou, plutôt,
consolider la place locale».