à Paris en juin 2008 (Photo : Mehdi Fedouach) |
[10/11/2008 16:33:40] PARIS (AFP) Malgré les déclarations rassurantes de leurs dirigeants, les banques ont bel et bien durci leurs conditions de prêts aux entreprises, selon la Banque de France, une tendance que le gouvernement espère inverser avec son plan de soutien et la menace d’une entrée à leur capital.
Depuis plusieurs semaines, les témoignages d’entreprises sur leurs difficultés à obtenir un crédit se sont multipliés, faisant craindre une hausse des faillites et du chômage. Sur le banc des accusés, les banques ont assuré qu’elles continuaient au contraire à faire leur métier, tout en insistant sur la responsabilité qui leur incombe de ne pas consentir de crédits à des emprunteurs insolvables.
“Les banques françaises ne doivent surtout pas modifier leur politique d’octroi de crédit qui leur a permis d’éviter à l’économie française des risques +subprime+ à l’origine de la crise que l’on connaît”, faisait valoir récemment Frédéric Oudéa, directeur général de la Société Générale.
Jusqu’à présent, les chiffres plaidaient en leur faveur: fin septembre, les crédits aux entreprises étaient ainsi en augmentation de 12,2% sur un an, pour atteindre 768 milliards d’euros, selon la Banque de France (BdF).
Mais selon une enquête de cette institution réalisée mi-octobre sur leur politique en matière de distribution des crédits, les banques sont bien moins allantes qu’elles ne le prétendent. Ainsi, plus de trois sur quatre reconnaissent avoir durci l’octroi de crédits aux entreprises depuis la fin juin.
Par comparaison, au deuxième trimestre 2008, seulement une banque sur trois admettait avoir modifié sa politique.
Inquiète de ce durcissement, plus marqué pour les PME que pour les grandes entreprises, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) a affirmé qu’elle serait “particulièrement vigilante à ce que tous les acteurs du financement prennent leurs responsabilités”.
Les ménages ont pour le moment moins souffert puisque un tiers seulement des établissements de crédit disent s’être montrés plus sélectifs en matière de crédits immobiliers depuis fin juin. Pour les crédits à la consommation (automobiles, équipements…), rien n’a changé, assurent-ils.
Pour justifier le tour de vis vis-à-vis des entreprises, les banques invoquent la “dégradation des perspectives économiques” qui leur fait craindre une hausse des impayés, mais aussi leurs propres difficultés à emprunter que le plan du gouvernement dévoilé le 13 octobre est censé résoudre.
D’un montant d’environ 300 milliards d’euros, ce plan comprend la création d’une société qui va prêter aux banques des fonds levés sur les marchés avec la garantie de l’Etat et une injection de 10,5 mds d’euros dans les six principales banques de l’Hexagone.
Les banques se sont engagées en échange à augmenter leurs crédits entre 3 et 4% en rythme annuel.
Mais craignant que cet engagement ne soit que verbal, le gouvernement leur met la pression. “Si les banquiers ne jouent pas le jeu, alors (…) l’Etat n’hésitera pas à prendre des participations au capital des banques pour éviter qu’il y ait un dérapage”, a prévenu lundi le médiateur national du crédit, René Ricol.
Ce dernier doit rencontrer mercredi la Fédération bancaire française (FBF) pour un premier bilan.
Alors que l’oppostion réclame l’entrée de l’Etat au capital des banques pour mieux les contrôler, le chef de l’Etat avait déclaré fin octobre qu’il ne se contenterait pas “d’engagements verbaux”, une menace voilée également brandie dernièrement par le Premier ministre.