Un duo veut contrer le rachat de la banque britannique HBOS par Lloyds TSB

[10/11/2008 17:53:18] LONDRES (AFP)

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çade du siège, le 13 octobre 2008 à Halifax (Photo : Paul Ellis)

Un duo de vétérans du secteur bancaire s’est lancé dans une lutte pour défendre l’indépendance de la banque britannique HBOS, en pleine tentative de rachat par sa rivale Lloyds TSB, une opération qui suscite de nombreuses inquiétudes au Royaume-Uni, particulièrement en Ecosse.

Ce week-end, le conseil d’administration de la banque a décliné à l’unanimité une proposition de Sir Peter Burt et Sir George Mathewson, qui avaient offert de prendre eux-mêmes la tête du groupe et d’abandonner le projet de rachat par Lloyds TSB, défendu par l’actuelle direction.

Cette offensive à la hussarde peut sembler à première vue peu crédible, mais ses auteurs sont loin d’être des plaisantins.

Sir Burt, 61 ans, n’est autre que l’ancien directeur général de la vénérable Bank of Scotland, un des symboles de la finance écossaise. Née en 1695, la banque imprime depuis ses débuts ses propres billets, qui ont toujours cours légal en Ecosse.

Après que la Bank of Scotland eut fusionné en 2001 avec la banque anglaise Halifax pour former le groupe HBOS, Peter Burt est devenu le vice-président du nouvel ensemble, qu’il n’a quitté qu’il y a cinq ans.

Sir Mathewson, 65 ans, a une carrière non moins prestigieuse, puisqu’il a présidé la banque rivale Royal Bank of Scotland (RBS, sans lien avec Bank of Scotland) jusqu’en 2006.

“Nous pensons qu’une HBOS indépendante et recapitalisée, disposant d’un plan stratégique et d’une nouvelle équipe dirigeante, représenterait une alternative présentant un potentiel et une stabilité bien meilleures que le rachat par Lloyds TSB”, ont-ils fait valoir, dans un courrier à la direction d’HBOS.

En retour, celle-ci a reproché à leur proposition de manquer de substance, et a souligné que le rachat par Lloyds TSB offre “des bénéfices considérables”.

De plus, le gouvernement britannique a donné sa bénédiction au rachat de HBOS, censé sauver cette dernière d’une éventuelle faillite dans le sillage de la crise financière, et s’est engagé à leur apporter en dot 17 milliards de livres de capitaux frais.

Face au rejet de leur proposition, MM. Burt et Mathewson ont fait savoir qu’ils feraient campagne directement auprès des actionnaires de HBOS, qui devront se prononcer sur le projet de rachat lors d’une assemblée générale extraordinaire à la mi-décembre.

Une partie de la presse britannique a suggéré que les deux hommes agiraient en raison de motivations politiques. M. Mathewson est en effet un conseiller économique du Premier ministre écossais, l’indépendantiste Alex Salmond.

Ce dernier, qui avait été forcé d’admettre il y a quelques semaines que le rachat par HBOS était “la seule offre en jeu”, s’est d’ailleurs empressé de saluer leur initiative.

Il faut dire que le rachat de HBOS suscite de fortes craintes en Ecosse, où la perte de l’indépendance de ce fleuron national, qui a son siège à Edimbourg, pourrait se traduire par des pertes d’emploi massives et une influence en recul, alors que le secteur financier était un des points forts de la région.

Avant la proposition du tandem, un autre hommes d’affaires écossais, Jim Spowart, avait alimenté des espoirs d’une contre-offre, en indiquant avoir été approché par un groupe financier étranger intéressé par HBOS. Mais rien de concret n’a pour l’instant suivi ces déclarations.

Comme le rappelait lundi le Financial Times, ce dossier n’est pas sans rappeler la bataille pour l’indépendance de RBS, au début des années 1980. A l’époque, les milieux d’affaires et politiques écossais s’étaient battus contre deux offres de rachat concurrentes, émanant des banques britanniques Standard Chartered et HSBC, qui avaient finalement été rejetées par les autorités britanniques de la concurrence.