Le plan de relance chinois et le G20 offrent un bref répit aux marchés

[10/11/2008 23:24:58] PARIS (AFP)

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Un homme d’affaires devant les indicateurs de la Bourse de Tokyo, le 10 novembre 2008 (Photo : Toshifumi Kitamura)

Le plan de relance économique de la Chine et la coopération naissante entre pays émergents et avancés au sein du G20 face à la crise financière ont offert lundi un bref répit aux marchés financiers, vite rattrapés par les craintes sur la santé des entreprises.

Le gouvernement chinois a annoncé dimanche un plan de relance de l’économie de 4.000 milliards de yuans (455 milliards d’euros) jusqu’à la fin 2010, pour faire face au ralentissement de son économie.

Toutefois, la finance n’est toujours pas tirée d’affaire et la crise économique s’intensifie notamment dans le secteur automobile.

Le plan de recapitalisation des banques américaines prendra “quelques mois” pour être mis en oeuvre, selon les autorités américaines.

Washington a aussi décidé de porter à un montant sans précédent – plus de 150 milliards de dollars – l’aide à l’assureur AIG, en situation précaire malgré un précédent plan de sauvetage.

L’Etat suédois a pris le contrôle de la banque d’investissement Carnegie pour “assurer la stabilité financière”.

Les grands argentiers des pays avancés et émergents du G20 s’étaient engagés dimanche à Sao Paulo à “prendre toutes les mesures nécessaires pour restaurer la confiance des marchés et la stabilité et minimiser le risque d’une nouvelle crise”.

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à la Bourse de New York, le 10 novembre 2008 (Photo : Spencer Platt)

Les Bourses européennes ont clôturé en hausse modérée: Londres a gagné 0,89%, Francfort 1,76%, Paris 1,06%, Milan 0,76%, mais Madrid a perdu 0,53%.

Mais après avoir ouvert en hausse, Wall Street a fini dans le rouge, plombée par un regain d’inquiétudes pour l’avenir des entreprises américaines, General Motors en tête: le Dow Jones a perdu 0,82% et le Nasdaq 1,86%.

Le plan chinois a en revanche poussé à la hausse les prix du brut, le baril de “light sweet crude” à New York finissant à 62,41, en hausse de 1,37 dollars par rapport à vendredi.

Ce plan vise à stimuler la demande intérieure, alors que fléchissent les exportations, principal moteur de la croissance, face au ralentissement des économies occidentales clientes de la Chine.

“C’est vraiment le +Big Deal+ de la Chine, à l’aune duquel les précédentes mesures fiscales et monétaires ne sont que des gouttes d’eau”, selon l’économiste de JP Morgan, Frank Gong. Le plan équivaut selon lui à “environ 7%” du PIB de la Chine.

En Asie, Shanghai s’était envolé de 7,27%, Hong Kong de 3,50%. Enthousiasme aussi au Japon, dont la Chine est le premier partenaire commercial: Tokyo a flambé de 5,81%. Séoul a terminé en hausse de 1,58%, Sydney de 1,39%.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a laissé entrevoir des baisses d’impôts pour stimuler l’économie. L’une des manières de relancer l’économie “est d’injecter de l’argent via des baisses d’impôts ou en augmentant les dépenses publiques”, a-t-il déclaré.

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éunion du G20 à Sao Paulo le 8 novembre 2008 (Photo : Nelson Almeida)

Alors que les chiffres de la croissance au troisième trimestre en Allemagne seront connus jeudi, l’entrée en récession de l’Italie ne fait plus de doutes, après l’annonce d’une baisse mensuelle de 2,1% de la production industrielle en septembre, le pire recul en dix ans.

Le ministre canadien des Finances Jim Flaherty avait indiqué dimanche qu’il s’attendait à l’annonce d’autres plans de relance, dans la foulée de la réunion de Sao Paulo.

C’est le cas au Brésil, “en train de prendre toutes les mesures nécessaires” pour faire face à la crise, selon le président de sa banque centrale Henrique Meirelles.

La réunion de Sao Paulo visait à préparer le sommet du G20 le 15 novembre à Washington, qui devrait jeter les bases d’une réforme du système financier mondial et donner davantage la parole aux pays émergents.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a plaidé lundi à Rome pour un “nouvel ordre” économique mondial “dans lequel l’être humain, le travailleur, le développement et la production culturelle, scientifique, et technologique soient le vrai moteur de l’économie, et non pas la spéculation financière”.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a de son côté appelé le président élu américain Barack Obama à collaborer avec l’Europe pour faire naître un nouvel ordre mondial sur les cendres de la crise économique.

L’Institut international de la finance (IIF), qui regroupe les grandes banques de plus de 70 pays, a plaidé lundi pour une plus grande coordination de la régulation financière, avec la création d’une instance mondiale de supervision.

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ésident brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et son homologue italien Giorgio Napolitano, le 10 novembre 2008 à Rome (Photo : Enrico Oliverio)

“La crise financière a révélé des lacunes et des incohérences dans la régulation mondiale qui ont besoin d’être réglées”, selon l’IIF.

Les résultats des institutions financières, prises au piège des produits financiers complexes, soulignent la profondeur de la crise.

L’assureur AIG et le groupe américain de refinancement hypothécaire Fannie Mae, placé sous tutelle de l’Etat en septembre, ont annoncé des pertes abyssales de respectivement 24,5 milliards de dollars et 29 milliards au troisième trimestre.

En dehors de la finance, l’automobile concentre toutes les inquiétudes.

Le président de l’Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker s’est dit lundi favorable à des mesures d’aide. “Il en va de l’automobile comme du secteur de la construction. Si ces deux secteurs tombent en panne, l’économie générale risque de ne pas relever de sitôt la tête”, a-t-il estimé.

Le constructeur allemand Opel, filiale de l’américain en difficulté General Motors, a réclamé de nouvelles aides au secteur. Son compatriote Audi, après Volkswagen, BMW, Daimler et Porsche, a annoncé des réductions de production, de même que le constructeur roumain Dacia (groupe Renault).

Aux Etats-Unis, la crise économique a aussi fait sa première victime de marque dans la distribution, avec la faillite, à la veille des fêtes, du vendeur d’électronique grand public américain Circuit City.