Les marchés financiers rechutent, nouvelles craintes pour les entreprises

[11/11/2008 22:00:22] PARIS (AFP)

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à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Les marchés boursiers se sont fortement affaissés mardi, l’optimisme suscité par le plan de relance en Chine cédant la place aux craintes pour la santé de l’économie et des entreprises, en particulier du géant automobile américain General Motors au bord du dépôt de bilan.

La Bourse de New York évoluait en baisse vers 16H50 GMT, le Dow Jones perdant 2,78% et le Nasdaq 2,83%.

Sur les places européennes, Londres a perdu en clôture 3,57%, Francfort 5,25%, Paris 4,83%, Milan 6,20% et Madrid 4,11%.

A Moscou, les Bourses RTS et Micex ont chuté de 10,67% et 12,64%.

“Les craintes de récession mondiale sont de retour sur le devant de la scène, reléguant au second plan les efforts des gouvernements pour endiguer les difficultés”, a estimé Jason Kunkel, de la société de recherche Moody’s Economy.com.

“La crise bancaire est devenue une crise de crédit à la consommation, et les entreprises vont en souffrir énormément”, analysait Yves Marçais, vendeur d’actions chez Global Equities.

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à la Bourse de Bombay le 11 novembre 2008 (Photo : Pal Pillai)

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a appelé mardi les Etats à prendre des mesures budgétaires coordonnées, comme des baisses d’impôts et une augmentation des dépenses publiques.

“C’est comme cela que le monde relancera l’activité économique”, a-t-il lancé, confirmant que Londres allait accroître son endettement public pour financer des mesures de relance.

Ce discours a été relayé par le commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia. “Sans coordination, les plans (de relance) adoptés au niveau national ne seront pas aussi efficaces qu’ils devraient l’être”, a-t-il indiqué.

Alors que les moteurs de la croissance calent les uns après les autres, Washington et Bruxelles ont souhaité mardi que le sommet du G20 envoie un “signal clair” sur la libéralisation du commerce mondial, afin de stimuler les échanges.

“Un accord dans le cadre du cycle de Doha est à portée de main”, a déclaré la commissaire européenne au Commerce, Catherine Ashton.

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éenne au Commerce, Catherine Ashton (g) et la représentante américaine au Commerce Susan Schwab à Bruxelles, le 11 novembre 2008 (Photo : Stringer)

“Il est très important que la réunion du G20 à Washington le 15 novembre envoie un signal clair aux négociateurs pour atteindre cet objectif”, a-t-elle ajouté, à l’issue d’une rencontre avec la représentante américaine au Commerce, Susan Schwab, à Bruxelles.

“Alors que nous traversons une période critique, il est d’autant plus important (…) que nous allions de l’avant avec un accord de Doha ambitieux et équilibré”, a souligné Mme Schwab.

Les chefs d’Etat et de gouvernement du G20, qui rassemble les grands pays industrialisés et émergents, vont chercher samedi un terrain d’entente face à la crise financière.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a cependant estimé qu’il n’y avait “pas grand chose à attendre” du sommet du G20, “qui n’est qu’un début, même s’il est prometteur”.

Dimanche, la Chine avait dévoilé un plan de relance de 455 milliards d’euros jusque fin 2010, afin de permettre à la demande intérieure de prendre le relais des exportations, dont la croissance se ralentit.

Mais la Bourse de Tokyo, qui avait flambé après cette annonce, a terminé mardi en baisse de 3%, tout comme Hong Kong, en recul de 4,77%, Bombay (-6,61%) et Shanghai (-1,66%).

La Banque mondiale a annoncé qu’elle allait presque tripler ses capacités de prêt aux pays en développement, en engageant jusqu’à 100 milliards de dollars sur trois ans. Selon la BM, la crise financière “est en train de se transmettre rapidement aux systèmes financiers des pays en développement”.

Washington devrait annoncer de nouvelles mesures pour éviter les saisies de logements et aider les propriétaires en difficulté à rembourser leurs échéances, selon l’édition électronique du Wall Street Journal.

De nouvelles statistiques ont confirmé le marasme de l’économie britannique. La baisse annuelle des prix des logements a atteint 5,1% en septembre, tandis que les ventes de détail se sont repliées de 2,2%.

En Allemagne, les “cinq sages” – des économistes conseillant le gouvernement allemand – prédisent une croissance nulle l’an prochain, alors que Berlin tablait sur une progression du Produit intérieur brut (PIB) de 0,2%.

Les chiffres de la croissance au troisième trimestre en Allemagne, publiés jeudi, devraient confirmer une récession, avec deux trimestres consécutifs de recul du produit intérieur brut.

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à l’usine d’assemblage de Pontiac dans le Michigan, le 17 octobre 2008 (Photo : Bill Pugliano)

Partout dans le monde, le secteur automobile inspire les plus vives inquiétudes.

Menacé d’une crise imminente de liquidités, General Motors (GM), le colosse de Detroit qui emploie un quart de million de personnes, a abandonné son projet de rachat de Chrysler et lancé un appel à l’aide “indispensable” au gouvernement américain.

Selon les analystes de la Deutsche Bank, le cours de l’action du constructeur américain pourrait chuter à zéro dollar. Vers 16H10 GMT, le titre chutait de 16,37% à 2,81 dollars, au plus bas depuis plus de 60 ans, après avoir chuté de plus de 20% lundi.

Selon le New York Times, le président élu Barack Obama a demandé au président sortant George W. Bush d’apporter une aide immédiate au secteur automobile américain, lors de leur premier entretien lundi à la Maison Blanche. Des informations que la Maison Blanche s’est toutefois refusée à confirmer.

L’Allemand Opel, filiale de General Motors, a réclamé de nouvelles aides au secteur. En Corée du Sud, Daewoo, autre filiale de GM, a annoncé mardi qu’elle pourrait fermer temporairement ses usines.

Le constructeur automobile suédois Volvo a annoncé mardi la suppression de 900 emplois supplémentaires, après avoir supprimé 2.850 emplois depuis le 30 septembre.

L’Allemand Audi, le constructeur roumain Dacia (groupe Renault), après Volkswagen, BMW, Daimler et Porsche, ont annoncé des réductions de production.

Le pétrole est passé sous la barre des 55 dollars le baril à Londres et 59 dollars à New York mardi vers 16H00 GMT, dans un marché inquiet des conséquences de la crise pour la demande de pétrole..

Les Bourses arabes, déprimées par la baisse des cours du brut, ont dégringolé, notamment Dubaï (-7,3%) et le marché saoudien (-5%).

L’euro perdait plus de deux cents face au billet vert, tombant vers 1,2518 dollar mardi à 16H00 GMT, les marchés se réfugiant vers les valeurs sûres.