Comment
à la fois ralentir la désertification, tirer profit des zones arides,
obtenir de l’énergie, et lutter contre la pollution ? L’équation paraît a
priori difficile à résoudre. Sauf qu’un début de solution commence à poindre
à l’horizon. Une solution qui répond au doux nom de «Jatropha».
Au-delà des problèmes liés à la pollution, la valse des prix du
carburant n’est pas sans poser de problèmes à l’économie tunisienne. Autant
de facteurs qui rendent stratégique l’accès à une source d’énergie
alternative. Et c’est au cœur de cette problématique qu’un colloque
national a eu lieu, le 4 novembre, sur le thème «Développer les
biocarburants sans porter préjudice à la production alimentaire» à
l’initiative du ministère de l’Environnement et du Développement durable.
Et c’est donc une plante, la Jatropha, qui a été au centre des débats.
«Le développement de la culture de la Jatropha pour la production des
biocarburants va atténuer la pression sur les sources traditionnelles
d’énergie et l’émission de gaz à effet de serre, tout en favorisant la
préservation de la biodiversité, la lutte contre la désertification et
l’exploitation, à bon escient, des eaux traitées», précise même M. Nadhir
Hamada, ministre de l’Environnement et du Développement durable.
Une plante non comestible ni par l’homme, ni par les animaux, qui est
utilisée notamment en Afrique pour délimiter les terres, et repousser la
désertification. Un végétal qui constitue aussi une source d’énergie 100%
biologique. Le biodiesel extrait de la Jatropha contiendrait même 30 fois
moins de monoxyde de carbone que les carburants classiques.
Selon une étude effectuée par des chercheurs allemands et malgaches, les
graines contiennent 30 à 35% d’huile. Avec un extracteur d’huile mécanique,
on pourra même recueillir jusqu’à 80% d’huile. Huit kilos permettent de
produire plus de 2 litres de biocarburant, et un hectare de Jatropha permet
d’obtenir près de 2.000 litres d’huile. Intéressant, quand on connaît
l’immensité de nos terres arides, inexploitées. La plante ne concurrencera
donc pas nos chers fruits et légumes.
En ce qui concerne l’irrigation, les études ont mis en avant la
possibilité de recourir aux eaux usées, d’autant plus qu’il ne s’agit pas
d’une plante comestible. M. Nadhir Hamada a ainsi souligné que la seule
banlieue Nord de Tunis «produit» 200 mille mètres cubes par jour, soit 200
millions de litres par jour d’eaux usées. Un chiffre qui atteindra même,
vers 2020, les 450 mille mètres cubes par jour, soit 450 millions de litres,
à un rythme quotidien.
Et les Tunisiens sont loin d’être les seuls à s’intéresser à cette plante
aux vertus «magiques». Les 20 et 21 octobre derniers, un salon mondial lui a
été dédié à Hambourg, en Allemagne, la Jatropha World Hamburg Conference.
Reste que notre pays a tous les atouts, climatiques et environnementaux pour
développer à une échelle intéressante la culture de la Jatropha. D’ici à ce
que tous les Tunisiens se mettent au vert !