C’est
incroyable ce que les Tunisiens sont généreux…Il y a une énorme générosité
dans ce pays,…Qui y va du fer, qui y va des briques…Le frigo est rempli 12
mois l’année… «C’est vraiment du fond du cœur que cette affirmation sort de
la bouche de la plus Tunisienne des Syriennes possible, à savoir Leila Gasmi,
présidente de la ferme thérapeutique pour handicapés de Sidi Thabet.
La dame, puisque c’est d’une grande dame qu’il s’agit, veille sur le
destin d’un projet qui a, visiblement, un statut très particulier dans le
cœur, non seulement des mécènes et sponsors, mais aussi de tous ceux qui en
connaissent l’existence de près ou de loin.
La ferme thérapeutique de Sidi Thabet est un endroit à part. Il semble
touché par la grâce des dieux et par la générosité des Tunisiens. La ferme a
coûté 400 millions. Opérationnelle depuis 2006, c’est un projet Lion’s club
avec l’Association pour la formation et l’Insertion des handicapés (AFIH).
Par cette chronique aujourd’hui, je voulais saluer les entreprises
tunisiennes, celles qui sont citoyennes, qui s’impliquent dans la vie
sociale et apportent du réconfort aux plus démunis. Aux cotés de l’Etat, qui
a mis 7 ha à la disposition du projet, l’entreprise tunisienne contribue à
garder cohésion sociale. Par elles, le tissu social est préservé. Les
valeurs de notre société sont protégées.
Aujourd’hui malgré la crise, ou précisément, entre autres, à cause
d’elle, je n’ai pas envie de parler de performances, de compétitivité, de
résultats et de chiffres d’affaires, bien que je me plains souvent du manque
de communication de nombreuses entreprises dans notre pays. Je suis prise
par ces bourses qui dégringolent, la récession qui s’approche, l’industrie
automobile qui fait faillite,…
Aujourd’hui, je voudrais partager avec vous la joie de voir plus de 60
handicapés épanouis, heureux, évoluant en pleine nature, cultivant des
fleurs, manipulant avec doigté des œufs et peignant des vaches. Ils sont
libres de s’exprimer, de courir et de s’épanouir en plein air.
Cette ferme vise à les libérer d’une éducation classique souvent pas
adaptée et à les faire intégrer à un espace naturel, convivial, agréable et
plus en harmonie avec leurs capacités. Les handicapés y développent leurs
habilités manuelles, devenant ainsi plus autonomes. Les activités de la
ferme sont à vocation de formation professionnelle. Grâce aux ateliers de
formation mis en place, les activités varient en fonction des saisons.
Des entreprises mécènes
Imaginez vous des jeunes autistes et trisomiques venir spontanément vers
vous pour vous faire la bise ? Des enfants qui, précisément parce qu’ils
reçoivent de l’amour et des témoignages d’affection, sont désormais capable
d’en donner en retour. Ils multiplient les marques d’affection et
d’ouverture envers des gens qui leur sont totalement étrangers. Et ce n’est
pas peu dire !
Aujourd’hui, j’ai envie de me souvenir de ces visages radieux. C’est
aussi grâce à des entreprises citoyennes que cela devient possible. Le rôle
des entreprises ne se limite pas seulement à la création de richesses. Elles
confirment et scandent, discrètement, leur appartenance à une communauté
humaine.
Parce qu’il y’a espoir de voir un cœur artificiel opérationnel d’ici 18,
24 ou 36 mois et précisément car nous pouvons toujours trouver un peu de
douceur dans un monde de brutes, j’ai envie de dire que c’est Vermeg
Services qui est leur mécène inconditionnel. L’hôtel Maison Blanche, assure
tous leurs besoins en viandes. L’hyper marché Géant pourvoie les jouets, les
croissants du matin, les sucreries et les fournitures scolaires.
Délice-Danone, assure le ravitaillement annuel en produits laitiers et
couvre tous les besoins des enfants. …
La liste est longue, bien longue et c’est tant mieux ! Si longue, que la
ferme rejaillit sur les alentours, en distribuant des vivres et des
fournitures scolaires quand les donateurs sont encore plus généreux que
prévu !
Des ateliers sont animés, en plus des éducateurs spécialisés, par des
bénévoles. Ils viennent 2 fois par semaine, ou plus, s’occuper des
handicapés. Il est à préciser, qu’une dizaine de personnes bénévoles entoure
délicatement et efficacement la ferme.
Cette ferme est aussi, à sa manière, une entreprise. Et une entreprise
qui marche ! Une entreprise avec une gestion, du management, des salaires,
des charges fixes, des projets d’expansion, d’entretien et de la
maintenance. Certes, elle fonctionne uniquement sur les dons, mais elle se
doit de faire face à une forte demande. Le nombre d’handicapés a été
multiplié par 10 en deux ans. La liste s’allonge, de jour en jour.
Je ne pense pas avoir vu durant ma visite et durant mes conversations
avec le staff, les bénévoles, les employés et les handicapés dans cette
magnifique « société du cœur » parler de pérennité de l’entreprise ou de
succession, «Sa présidente est « si efficace » diront-ils ! Elle fait « même
des sittings, si on se hasarde à lui promettre une chose et qu’ensuite, on
tienne peu ou pas sa promesse ! ».
Les perspectives sont aussi tracées. Dans cette ferme, on ne se complait
pas dans l’attente des réponses et encore moins dans les sollicitations
passives.
A la ferme, on vend de l’huile, du miel, des œufs, du laurier, tous
produits de la ferme .Tout le long de l’année, des kermesses, des dîners de
charité et des concerts de qualité sont organisés pour récolter des fonds. «
On prévoit de créer une fromagerie, une pépinière pour plantes ornementales
et il faut d’urgence construire un second bassin pour récupérer l’eau de
Medjerda » précise, leila Gasmi.
L’objectif majeur à la ferme thérapeutique de Sidi Thabet est d’aller
encore plus loin dans l’accompagnement des enfants. Développer la thérapie
par le cheval en est un des moyens les plus prometteurs L’hypo thérapie a
fait ses preuves dans le monde. Il s’agit en fait, d’une technique utilisant
le cheval comme thérapie. Le procédé » vise le bien-être (plaisir) et une
progression ou une stabilisation sur les plans physiques et moteurs,
relationnels et affectifs et psychiques (image de soi, confiance). Cette
rééducation par l’équitation est motrice, affective et cérébrale. ».
Parce moyen; l’enfant handicapé est ACTIF. Il exerce une influence sur le
cheval à terre ou en selle. Il demande, se fait entendre et peut donc
prendre mieux conscience de son être. Aujourd’hui l’urgence pour lancer
cette activité est un paddock.
