Les marchés en baisse, Paulson réoriente le plan de sauvetage des banques

[12/11/2008 18:31:50] PARIS (AFP)

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à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Les marchés boursiers ont replongé mercredi face aux mauvaises nouvelles sur les entreprises et le moral des consommateurs, alors que les Etats-Unis ont une nouvelle fois modifié leur plan de sauvetage des institutions financières.

Le secrétaire au Trésor américain Henry Paulson a opéré une volte-face en annonçant mercredi que le gouvernement renonçait à racheter les actifs invendables des banques, estimant qu’il était plus efficace d’investir directement dans le capital de ces établissements.

Selon M. Paulson, le reste des 700 milliards de dollars débloqués par le Congrès début octobre pour sauver le système financier pourrait aussi être utilisé pour soutenir l’accès des consommateurs au crédit et pour réduire les risques de saisies immobilières.

Le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a exclu mercredi de consacrer une partie des 700 milliards de dollars confiés par le Congrès pour aider les banques au sauvetage de l’industrie automobile, prenant le risque d’une confrontation avec les élus démocrates.

“Il faut une solution” pour les trois grands groupes de Detroit –Ford, General Motors et Chrysler– qui font face à des difficultés financières extrêmes, mais le plan de sauvetage conçu par le Trésor “a pour but de s’adresser au secteur financier”, a souligné M. Paulson devant la presse.

La Bourse de New York restait en nette baisse après cette annonce, le Dow Jones cédant 3,02% et le Nasdaq 3,13% vers 17H00 GMT.

En Europe, la Bourse de Londres a clôturé en baisse de 1,52%, Francfort a perdu 2,96%, Paris 3,07%, Milan 2,33% et Madrid 2,97%.

Le blues des consommateurs à l’approche des fêtes de fin d’années pèse également sur les investisseurs, même si 70% des Américains pensent que l’économie va s’améliorer sous la présidence de Barack Obama, selon un sondage publié mercredi.

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ût 2008 à Alexandrie en Virginie (Photo : Saul Loeb)

“Les mouvements en montagnes russes du marché reflètent l’incertitude qui persiste quant à l’économie et aux perspectives pour les résultats des entreprises”, a estimé Patrick O’Hare, de Briefing.com.

“Il y a une diminution relativement brutale des volumes d’échanges et une volatilité importante”, indiquait à l’AFP un vendeur d’actions parisien pour qui “les clients qui investissent à long terme sont toujours absents du marché” Les marchés ont encaissé une nouvelle série de mauvaises nouvelles, notamment l’annonce d’une chute de 1,6% de la production industrielle en septembre par rapport à août dans la zone euro. Sur un an, la baisse de 2,4% est la plus forte depuis plus de six ans et demi.

Un groupe de cinq économistes conseillant le gouvernement allemand a prévu une croissance nulle en Allemagne en 2009, avec une hausse du chômage. Ils ont épinglé les mesures prises par Berlin contre la crise.

“La consommation des ménages devrait être durement touchée partout et les ventes de fin d’année s’annoncent très mauvaises”, a relevé Valérie Plagnol, directrice de la stratégie au Crédit Mutuel-CIC.

Le distributeur de produits d’électronique américain Best Buy a décrit la période actuelle comme la plus difficile pour les consommateurs depuis sa fondation il y a 42 ans.

Au Japon, l’indice de confiance des consommateurs a chuté en octobre à son plus bas niveau historique.

La place de Tokyo a terminé la séance sur une baisse de 1,29%. Sydney a perdu 0,85%, la Nouvelle-Zélande 0,98%, Séoul 0,43% et Taipei 0,50%. Shanghai a terminé en hausse de 0,84%, permettant à Hong Kong de limiter sa baisse à 0,69%.

Le taux de chômage au Royaume-Uni a grimpé sur les trois mois achevés en septembre à 5,8% contre 5,4%.

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à la Bourse de Francfort le 10 novembre 2008 (Photo : Thomas Lohnes)

Selon la Banque d’Angleterre (BoE), l’inflation pourrait passer sous 1% en 2009 et une déflation (baisse prolongée des prix liée à une faible activité) n’est pas exclue, tandis que l’économie pourrait “encore se contracter davantage”.

La livre sterling est tombée sous 1,20 euro pour la première fois depuis la création de la monnaie unique à la suite de ces sombres perspectives.

Un responsable du gouvernement espagnol a admis la possibilité d’une révision “à la baisse” des prévisions pour 2009, alors que Madrid tablait sur une hausse de 1% du produit intérieur brut (PIB).

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a appelé à de nouvelles baisses de taux d’intérêt dans les pays développés et notamment la zone euro, afin de relancer la croissance.

Les Etats-Unis et la Commission de Bruxelles estiment pour leur part que le sommet du G20 le 15 novembre à Washington devrait envoyer un “signal clair” sur une conclusion rapide des négociations sur la libéralisation du commerce international afin d’atténuer la crise.

Les grands argentiers de 35 pays africains étaient réunis mercredi à Tunis pour tenter de faire entendre la voix de l’Afrique, à trois jours du sommet du G20 consacré à la réforme de la finance mondiale.

Le secteur automobile reste au centre de toutes les inquiétudes. Aux Etats-Unis, le secrétaire au Trésor a opposé une fin de non recevoir aux appels du président élu Barack Obama et des démocrates au Congrès en faveur d’une aide immédiate au secteur automobile américain.

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à l’usine d’assemblage de Pontiac dans le Michigan, le 17 octobre 2008 (Photo : Bill Pugliano)

Selon M. Paulson, le plan de sauvetage de 700 milliards de dollars est destiné à aider les institutions financières et non les constructeurs automobiles américains, même s’il a reconnu qu'”il faut une solution” pour les trois géants de Détroit (Ford, General Motors et Chrysler), étranglés par la crise.

Sous la pression des craintes pour la demande, les prix du pétrole ont plongé sous 53 dollars le baril à Londres à 52,88 dollars et sont tombés à 56,41 dollars à New York.

Les résultats des institutions financières continuent d’être plombés par la crise.

En Allemagne, la banque immobilière Hypo Real Estate (HRE) a annoncé une perte nette de 3,1 milliards d’euros au troisième trimestre, beaucoup plus lourde qu’attendu.

En France, Natixis a évalué ses pertes en octobre à environ 250 millions d’euros, démentant toutefois des informations de presse sur des pertes de 975 millions d’euros sur les marchés.

Le bancassureur néerlandais ING a annoncé une perte de 585 millions d’euros au troisième trimestre.

Une troisième banque autrichienne Hypo GroupAlpe Adria a fait appel à l’aide de l’Etat.

Le Canada a annoncé qu’il allait racheter jusqu’à 41,5 milliards de dollars de prêts immobiliers assurés afin d’améliorer les conditions de crédit.

La veille, Washington avait annoncé un plan en faveur des propriétaires surendettés, 7,3 millions de foyers risquant de ne pas pouvoir rembourser leur emprunt immobilier.