La France saura vendredi si elle est bel et bien entrée en récession

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à l’Assemblée nationale le 12 novembre 2008 (Photo : Jacques Demarthon)

[12/11/2008 18:10:56] PARIS (AFP) Après une avalanche de mauvaises nouvelles économiques, la publication vendredi par l’Insee des chiffres de la croissance au troisième trimestre devrait confirmer que la France est bien entrée en récession, même si le gouvernement refuse jusqu’à présent d’employer ce terme.

Dans l’entourage de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, on ne se faisait guère d’illusion mercredi: “On ne s’attend pas à un très bon trimestre. Mais qu’on soit en phase de ralentissement économique très fort et prolongé n’est une surprise pour personne”.

Après une contraction du Produit intérieur brut (PIB) de 0,3% au deuxième trimestre, l’Institut national de la Statistique (Insee) tablait dans ses dernières prévisions sur une baisse du PIB de 0,1 point aux troisième et quatrième trimestres.

Un nouveau repli signifierait que la France est entrée en récession, définie techniquement par deux trimestres consécutifs de recul du PIB, et ce pour la première fois depuis 1993.

Interrogé mercredi dans Le Parisien, le Premier ministre François Fillon réfute pour l’instant le terme. “Tant qu’on est dans une situation où on a un filet de croissance, même très très faible, je ne parle pas de récession”, souligne M. Fillon, préférant dire qu'”on s’approche de la croissance zéro”.

Sur l’ensemble de 1993, le PIB avait perdu 1,0% en raison de la crise mondiale, alors qu’il progresserait tout de même de 0,9% en 2008 si les prévisions de l’Insee se réalisaient.

Le gouvernement prévoit toujours une croissance “autour de 1%” en 2008. Pour l’an prochain, il a récemment abaissé ses prévisions, entre 0,2% et 0,5%, et n’exclut pas de revoir encore sa copie.

François Fillon a ainsi reconnu que, pour 2009, “c’est la grande interrogation”. Aujourd’hui “personne ne peut savoir à quel rythme l’économie mondiale va repartir”, estime le chef du gouvernement.

A Bercy aussi, on concédait mercredi que “la grande difficulté actuellement est de pouvoir évaluer précisément les effets de la crise financière sur l’économie”.

La France n’est pas la seule à pâtir du ralentissement économique. Pour les grandes économies européennes, la Commission européenne s’attend ainsi à une récession dès le troisième trimestre 2008 en France, mais aussi en Allemagne et en Italie, puis à partir du quatrième trimestre au Royaume-Uni et en Espagne.

Quant au Fonds monétaire international (FMI), il a averti que la France devrait subir une récession en 2009, avec un recul du PIB de 0,5%, tout comme l’ensemble de la zone euro.

Depuis plusieurs mois, tous les indicateurs sont au rouge. Pénalisée par la chute de la demande, la production industrielle française ne cesse de baisser. Le moral des industriels est au plus bas depuis 1993. Le déficit commercial vole de record en record, plombé par la chute des exportations.

Les chiffres de l’emploi salarié, attendus vendredi devraient aussi faire apparaître de nouvelles destructions d’emplois au troisième trimestre.

Seule la consommation tire encore son épingle du jeu. Si selon les économistes, elle pourrait à court terme pâtir des craintes d’une remontée du chômage et de la tentation de reconstituer une épargne de précaution, le plongeon des matières premières laisse toutefois entrevoir une hausse du pouvoir d’achat des ménages.

L’Insee doit publier jeudi les chiffres de l’inflation pour le mois d’octobre, qui pourrait ressortir un peu en-dessous de 3%, selon Alexander Law, du cabinet Xerfi.

Selon l’économiste, la baisse des prix est aujourd’hui “la seule bonne nouvelle” dans un environnement économique très sombre.