Métallurgie allemande : accord salarial dans un contexte économique tendu

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à Munich (Photo : Oliver Lang)

[12/11/2008 18:37:05] BERLIN (AFP) Dans un contexte économique de plus en plus tendu, employeurs et salariés du secteur allemand de la métallurgie ont finalement réussi à se mettre d’accord sur des hausses de salaires de 4,2% sur 18 mois pour 3,6 millions de salariés, évitant de justesse une grève illimitée.

IG Metall et la fédération Gesamtmetall négociaient depuis début octobre un nouvel accord salarial dans cette vaste branche qui recouvre des secteurs aussi variés que l’automobile, l’électronique, l’électro-ménager ou encore les semi-conducteurs. Et qui compte, outre plusieurs milliers de PME, des grands noms de l’industrie allemande tels Daimler, Siemens ou Bosch.

IG Metall réclamait une augmentation de salaire de 8% sur un an, sa revendication la plus élevée depuis 16 ans. Le syndicat invoquait la bonne santé du secteur ces dernières années, l’inflation qui réduit le pouvoir d’achat et, argument surgi ces dernières semaines alors que les perspectives de la première économie européenne se sont dégradées à grands pas, la nécessité de relancer la consommation des ménages en remplissant les poches des salariés.

Les employeurs offraient jusqu’alors 2,1% assortis de deux primes, agitant encore plus vigoureusement que de coutume le spectre des suppressions d’emplois alors que la crise touche de plein fouet certains secteurs, l’automobile notamment.

Finalement les deux camps ont trouvé, à Sindelfingen, et au terme de près de 24 heures de négociations, un terrain d’entente sous la forme d’un accord qui permet à IG Metall de sauver la face — avec un chiffre de 4,2% — mais qui satisfait les employeurs par sa durée et sa souplesse, notamment pour 2009, année de tous les dangers pour l’économie allemande.

C’est “un résultat honorable dans une situation historiquement difficile”, a commenté Berthold Huber, le président d’IG Metall.

La hausse des salaires se fera en deux temps –2,1% au 1er février, puis 2,1% à partir du 1er mai– et sera accompagnée du versement d’une prime dans les mois à venir et, en fonction de la santé de chaque entreprise, d’une autre prime en septembre 2009.

L’accord trouvé “donne plus d’argent à nos salariés malgré la crise et laisse la possibilité aux entreprises d’être souples sur leurs coûts en 2009”, s’est félicité Jan Stefan Roell, qui menait les négociations côté employeurs. Il est “globalement juste et a un effet stabilisateur”, a-t-il ajouté.

Les deux camps ont évité une grève illimitée, à laquelle IG Metall prévoyait de recourir à compter de la semaine prochaine. Le syndicat avait déjà mobilisé la semaine dernière plus d’un demi-million de participants à des grèves d’avertissement à travers le pays, mouvements de débrayage qui touchent des entreprises choisies pendant quelques heures.

Le contexte économique a cette fois-ci sérieusement compliqué la donne pour ces négociations, toujours très suivies parce qu’elles donnent le ton pour l’évolution des salaires dans les autres secteurs de l’économie. En Allemagne, les salaires sont fixés branche par branche par les partenaires sociaux, il n’y a pas de salaire minimum.

Les syndicats allemands ont rarement recours à une grève illimitée, mais cette année IG Metall avait affiché sa détermination à aller jusqu’au bout. Dans certains secteurs, en premier lieu l’automobile, la menace portait pourtant moins que d’habitude, sur fond de réduction voire de suspension de la production — chez BMW, Continental ou MAN par exemple.

M. Huber l’a d’ailleurs reconnu mercredi: “je ne suis pas sûr qu’avec un conflit social nous aurions atteint un résultat nettement meilleur”.