Il y a juste quelques jours, le stratège Jacques Attali réveillait en sursaut
les démons à peine somnolents de la crise financière internationale. Pour lui,
la crise ne fait que commencer et tout est possible (même le pire), allant
jusqu’à estimer que la récession est inévitable et qu’elle risque de se
transformer en dépression dans certains pays.
Il choisit ce moment pour jeter un regard particulier à l’adresse des
entreprises avec un postulat dans le cas d’une baisse de 20% du chiffre
d’affaires :
‘’Dans les entreprises, chacun doit mettre en place un plan B, coupant les
couts, en particulier d’investissements. Les banques, s’attendant à une telle
évolution, réduiront d’au moins 20% leurs crédits au fonds de roulement des
entreprises.’’ Vision trop catastrophiste ? Peut-être, en tous cas il persiste
sur sa lancée et assure que la nécessité de ces plans B, encore non dite, va
bientôt s’installer comme une pratique générale. Avec deux conséquences : moins
les gens consomment, moins les entreprises auront de chiffres d’affaires ; moins
les entreprises investissent, moins les gens auront de travail. Autrement dit
consommer moins, c’est détruire son propre emploi. Autrement dit encore, la
prudence créera la crise : la mise en œuvre du plan B créera sa nécessité.
Il faut donc, pour en sortir, oser consommer, et même à long terme, oser
s’endetter : les immenses masses financières qui ont été injectées dans
l’économie mondiale , transférant la dette des ménages sur les Etats, sans
aucune contrepartie réelle, ne peut que conduire à une augmentation de la masse
monétaire et donc, à moyen terme, malgré tous les efforts des banques centrales,
et malgré la récession, à une inflation majeure, qui permettra d’ éliminer les
dettes excessives accumulées par les ménages , les entreprises et les Etats.
Paradoxalement, ‘’…les perdants seront alors ceux qui ne se seront pas endettés.
Les gagnants seront ceux qui auront su, avec sang froid, consommer et s’endetter
à taux fixe pour acheter des biens rares (fonciers, immobiliers, artistiques ou
technologiques) et qui auront les moyens d’attendre les cinq ou dix ans
nécessaires au déclenchement de l’inévitable inflation.’’
Voilà sa recette pour un plan B : pas de prudence, oser consommer, oser
s’endetter… oser, oser et la crise disparaitra !