[12/11/2008 20:49:28] PARIS (AFP)
é le 11 septembre 2007 à Charenton-le-Pont (banlieue parisienne) (Photo : Joel Saget) |
Un mois après l’affaire de la Caisse d’Epargne, sa filiale Natixis, qui cumule aussi les revers depuis le début de la crise, est à nouveau dans la tourmente après la révélation mercredi de pertes conséquentes en octobre sur les marchés financiers.
Un article de La Tribune affirmant que la banque d’affaires avait subi une perte de près d’un milliard d’euros l’a forcée à une mise au point dès mercredi, sans attendre la publication jeudi de ses résultats du troisième trimestre.
Tout en démentant ce chiffre, cette filiale de la Caisse d’Epargne et de la Banque Populaire, créée il y a deux ans, a reconnu qu’elle avait perdu en octobre de l’ordre de 250 millions d’euros en investissant sur les marchés. A cela s’ajoute, selon elle, des provisions du même montant passées pour faire face aux conséquences de la crise financière, amputant d’autant ses résultats.
Natixis a réfuté toutefois tout “dysfonctionnement” interne, soucieuse de se démarquer des mésaventures de la Société générale avec l’affaire Kerviel ou des déboires de sa maison mère. La Caisse d’Epargne a perdu récemment 751 millions d’euros à la suite d’opérations en Bourse hasardeuses menées par un trader, mis en examen depuis pour abus de confiance.
Natixis fait valoir que “dans le cadre des activités de marché normales, régulières, anciennes (…), elle a été confrontée, à l’instar de toutes ses consoeurs, au mois d’octobre, à un marché extrêmement difficile, sans précédent connu pour ces activités”.
Il est vrai que même la BNP Paribas, jusque-là louée pour sa gestion prudente des risques, a reconnu que les revenus de sa banque d’affaires seraient négatifs en octobre. Mais la Société Générale a indiqué qu’ils seraient légèrement positifs.
Natixis a déjà payé un lourd tribut à la crise, 3,9 milliards d’euros sous la forme de dépréciations d’actifs “toxiques” liés au marché immobilier américain. Et elle pourrait faire état jeudi de nouvelles dépréciations supérieures à un milliard d’euros, prévoit Sabrina Blanc, analyste à la Société Générale.
La banque avait pourtant commencé à redresser la barre en bouclant, dans des conditions particulièrement difficiles, une augmentation de capital de 3,7 milliards d’euros mi-septembre. L’annonce de la fusion entre ses deux maisons mère avait contribué aussi à lui redonner un coup de fouet en Bourse.
Cette annonce est un nouveau coup dur pour ses actionnaires qui ont vu la valeur de leurs titres divisés par 10 depuis deux ans. Introduite en Bourse à 19,55 euros, l’action Natixis évoluait en-dessous de 2 euros mercredi.
La direction de Natixis joue gros dans cette nouvelle affaire. Malgré la descente aux enfers de la banque, le directoire est jusque-là resté en place, hormis un léger remaniement en février qui avait vu l’arrivée de Jean-Pascal Beaufret, directeur financier d’Alcatel.
Le choix de ce dernier, qui n’a pas fait carrière dans la banque, pour s’occuper notamment des finances, des risques et du contrôle interne de Natixis, avait été très critiqué à l’époque.