Non.
Ce n’est pas la première fois que les membres du gouvernement se déplacent à
Gafsa pour y animer des journées sur l’investissement. En 1999, et en
présence des ministres de l’Industrie, des Finances, et du président de
l’UTICA, un colloque sur l’investissement s’y est tenu. En 2006, un autre
sur l’essaimage et le développement présidé par M. Afif Chelbi, ministre de
l’Industrie, de l’Energie et des PME et M. Taoufik Baccar, gouverneur de la
Banque centrale, s’y est déroulé. A l’époque, Amara Abbassi, secrétaire
général régional de l’UGTT avait promis aux futurs investisseurs un pacte de
paix de cinq années pendant lesquelles, aucune revendication syndicale
d’aucun ordre n’aurait lieu.
C’est peut-être répondre aux vœux de M. Hédi Djilani, président de la
Centrale patronale qui déclarait mardi 11 novembre à Gafsa à l’occasion de
la Journée de Partenariat et de Promotion de l’Investissement Privé : «Nous le savons, les Gafsiens sont très politisés, ce qui peut être
avantageux mais il ne faut pas que ceci nuise à la stabilité de la région
et finisse par effrayer les promoteurs qui ont besoins d’être rassurés et
sécurisés quand à l’avenir de leurs investissements».
Certains prétendent que les Gafsiens ont un caractère rude et peu
communicatif, ils sont également des personnes de grande culture et les
habitants d’une région très riche qui aurait du être l’une des plus
développées dans le pays. Son tissu entrepreneurial figure pourtant parmi
les plus pauvres, ce qui explique les efforts déployés par le gouvernement
pour promouvoir le gouvernorat et le doter de la logistique et des
infrastructures nécessaires à son développement. En tête des mesures
préconisées par l’Etat, la construction d’une autoroute le liant à la
capitale pour la désenclaver et y faciliter l’accès.
«Cette fois-ci, nous ne sommes pas là tout juste pour étudier des
possibilités de lancer des projets ou des idées pour en réaliser mais plutôt
pour donner le coup d’envoi à des réalisations réelles et concrètes», a
affirmé M. Taoufik Baccar.
Il a rappelé à ce propos que depuis 1987, 2.500 millions de dinars
d’investissements ont été consacrés au gouvernorat de Gafsa dont les deux
tiers ont été pourvus par les Fonds publics, preuve de l’intérêt de l’Etat
pour le gouvernorat, a-t-il ajouté.
Le gouverneur de la Banque centrale rassure ainsi une population qui a
hâte de voir sa région, pendant longtemps dépendante de la CPG (Compagnie
des phosphates de Gafsa), diversifier
ses activités économiques. Une région qui va également pouvoir profiter des
revenus des exportations de phosphates pour la consolidation de son assise
économique comme promis par le président de la République.
Loin des discours, du concret
«Grâce au programme initié par le président de la République et mis en
place par le gouvernement, nous espérons assurer le développement global de
la région. Le programme en question s’articule autour de trois axes qui
comprennent l’industrie, l’environnement, l’infrastructure et l’agriculture», a déclaré
M. Afif Chelbi.
Les grands projets d’industrie lourde ont nécessité des investissements à
hauteur de 1.000 millions de dinars et devraient pourvoir la région de 1.000
postes d’emplois. Ils concernent la construction d’une nouvelle cimenterie
et une usine pour la production des engrais de phosphate de première
qualité.
Le deuxième axe touche à la consolidation des PME. Grâce au Fonds de
réorientation et de développement des Centres miniers (FRDCM) qui a
participé depuis 2007 au financement de 32 projets dans différents secteurs
avec des investissements qui s’élèvent à 28 millions de dinars. Le montant
des investissements du Fonds a triplé en 2008 pour atteindre les 184
millions de dinars. Les projets les plus importants sont ceux de Yasaki pour
la production des câbles des voitures et qui procurera à la région 3.000
postes d’emplois et deux unités de prêt-à-porter, l’une à Om Laraiess et
l’autre à Erdaief qui devront assurer le recrutement de 1.000 personnes.
M.
Afif Chelbi a profité de l’occasion pour insister sur le rôle de la
Compagnie des Phosphates de Gafsa dans l’attraction des investissements
privés dans la région dans le cadre du mécanisme d’essaimage et du Fonds de
réorientation et de développement des centres miniers. Il a appelé à ce
propos à la nécessité de consolider l’encadrement des nouveaux promoteurs
jusqu’à l’entrée de leurs projets en phase de production.
Développer les régions
«L’investissement n’est pas un but en soi, mais juste un moyen de
dynamiser le développement au niveau des régions. L’Etat a, à cette
occasion, élevé le niveau des financements des projets à 25%, ce qui veut
dire que sur 4 dinars de ses ressources, 1 dinar sera consacré à
l’investissement et au développement économique», a précisé le gouverneur de
la Banque Centrale qui a ajouté : «Notre objectif est de faire en sorte que
plus de 63,5% de l’investissement soient assurés par le secteur privé avec le
soutien de l’Etat et des fonds d’investissements». Ceci sera d’autant plus
aisé que la Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises
(BFPME) a vu ses fonds doubler. Son capital est aujourd’hui de 100 millions
de dinars.
D’autre part, la loi de 1985 concernant le financement des
entreprises off shore par les institutions bancaires tunisiennes a été
révisée pour permettre aux non-résidents de profiter des financements des
banques nationales et renforcer leurs participations dans le développement
de l’économie du pays.
Des efforts ont également été consentis par le
gouvernement pour alléger les charges fiscales dans le but d’encourager
l’implantation des nouveaux projets dans les régions. Régions qui sont
aujourd’hui pourvues de pôles technologiques et de pépinières d’entreprises.
Pour encourager l’initiative privée, une loi faisant de la liberté
d’entreprendre la règle et de l’autorisation pour entreprendre l’exception
vient d’être promulguée, a précisé M. Baccar.
Par ailleurs, la journée de partenariat à Gafsa a coïncidé avec l’entrée en fonction
d’une unité du groupe italien «Benetton» qui emploie 120 personnes en
sous-traitance établie par le groupe et qui permettra de créer 20 unités de
textile dans certaines localités du gouvernorat.
Gafsa est aujourd’hui au centre de toutes les attentions. Les
investissements tunisiens et étrangers qui y seront réalisés s’élèvent à 944
millions de dinars et vont générer la création de 9 mille emplois
permanents.
Le gouvernorat en vaut largement la peine, car rappelons quand même que
cette région recèle des ressources importantes en phosphate, près de 600
millions tonnes, propriété de la société publique, la Compagnie des phosphates
de Gafsa (CPG) et qui font de la Tunisie le cinquième exportateur de cet
engrais dans le monde. La Tunisie peut compter sur les réserves de
phosphates pour les 100 prochaines années. En 2008, le prix d’une tonne de
phosphate a plus que doublé en raison de la demande croissante d’engrais en Chine et
en Inde passant de 40 à 130 $ la tonne. Cette richesse devait être à
l’avantage de la région.