Chine : statistiques décevantes et inquiétudes à cause de la crise économique

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Des ouvriers chinois dans une usine de Jinjang (sud-est de la Chine), le 11 novembre 2008 (Photo : Str)

[13/11/2008 08:36:26] PEKIN (AFP) La Chine a publié cette semaine une série de statistiques décevantes, son Premier ministre Wen Jiabao reconnaissant dans la foulée que l’impact des turbulences mondiales sur son économie est “pire que prévu”.

Jeudi, les chiffres de la production industrielle sont venus confirmer le ralentissement de l’activité économique qui, jusqu’à l’année dernière, frôlait pourtant la surchauffe.

A +8,2%, la hausse de la valeur ajoutée de cette production est la plus faible en sept ans — hors Nouvel an chinois, période de festivités où la Chine entière chôme pour se regrouper en famille.

En outre, alors qu’elle était encore de 16% à la fin du deuxième trimestre, elle “a chuté plus brusquement que pendant la crise financière asiatique, il y a une décennie”, souligne l’économiste de la banque Citi, Ken Peng, dans une note.

“La demande moindre des marchés développés, l’appréciation importante du yuan, la hausse des coûts de production ont joué contre les producteurs chinois. Nous nous attendons encore à des temps difficiles pour le secteur industriel orienté vers l’export”, commente Morgan Stanley.

Le ralentissement n’a épargné aucun secteur, pas même celui de la production d’électricité.

Or, juste avant, les autorités avaient déjà annoncé un fléchissement des ventes de détail, la stagnation voire le recul des prix de l’immobilier et la décélération tant des exportations que des importations.

Les investissements directs étrangers dans le pays eux-mêmes perdent de la vigueur. Ils ont augmenté de quelque 35% entre janvier et octobre, contre près de 40% sur les neuf premiers mois de l’année.

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éparent la chaussée de Pékin, le 13 novembre 2008 (Photo : Frederic J. Brown)

Tout d’un coup, les indicateurs se sont mis à clignoter, après un troisième trimestre durant lequel la croissance déjà avait marqué le pas: +9%, son plus faible niveau trimestriel en cinq ans.

Le gouvernement lui-même semble surpris par l’ampleur du phénomène: cité jeudi par les médias, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a affirmé que l’impact de la crise financière mondiale sur la Chine “est pire que prévu”.

Il s’agit du premier commentaire de Wen Jiabao sur la crise et ses conséquences pour la Chine depuis que son gouvernement a rendu public dimanche un plan massif de relance de l’économie.

Pékin a annoncé que 4.000 milliards de yuans (455 milliards d’euros) seraient affectés dans les deux ans à une série de projets visant à stimuler la demande intérieure – et compenser ainsi la baisse de la demande des pays occidentaux frappés par le tsunami économique.

Ce plan de soutien — jugé inutile par des experts proches du gouvernement l’été dernier, lorsqu’il avait été évoqué — était initialement attendu pour un peu plus tard, vers la fin de l’année, et dans une ampleur bien moindre.

“Les sombres données statistiques ont influencé le choix du moment pour annoncer le plan de stimulation de l’économie”, dit Ken Peng.

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Des travailleurs chinois victimes de la baisse de production des usines de la province du Guangdong, le 12 novembre 2008 (Photo : Str)

Les économistes fondent beaucoup d’espoir sur ce plan, même s’il consiste en partie à accélérer des investissements prévus de longue date.

Mais ils s’interrogent aussi sur la rapidité de ses premières retombées.

“Le paquet de mesures pour dynamiser l’économie, selon la façon dont elles seront mises en place, devrait doper la demande et permettre à l’économie de continuer à croître à un bon rythme, supérieur à 8%”, estime Wang Qian, une économiste de JP Morgan à Hong Kong.

“A court terme, la croissance de la production industrielle risque encore de ralentir car il faudra un certain temps avant les effets du paquet de mesures, quelque soit la taille des investissements supplémentaires annoncés, qui est d’ailleurs discutable”, avertit de son côté Yu Song, de Goldman Sachs.

Aussi pour Benny Lui, économiste de Core Pacific Yamaichia à Hong Kong, se profile aujourd’hui “le risque d’un atterrissage difficile” pour l’économie.