G20 : les pays émergents veulent pousser la porte du club des pays riches

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à New Delhi (Photo : Prakash Singh)

[13/11/2008 09:55:46] SAO PAULO (AFP) Les grands pays émergents, qui continuent à tirer la croissance mondiale, veulent pousser la porte du club fermé des pays riches pour être associés à part entière à la conduite des affaires économiques de la planète.

A la faveur de la tempête financière qui fait trembler les économies les plus avancées, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, qui forment le groupe dit des Bric, ne veulent plus se contenter d’un strapontin aux discussions sur la nouvelle architecture financière qui se tiendront en fin de semaine au sommet du G20 à Washington.

La nouvelle influence de ces pays, et en particulier de la Chine, s’est fait sentir avec l’annonce par Pékin d’un plan de relance record de 586 milliards de dollars qui a dopé lundi toutes les Bourses mondiales.

Le Brésil et l’Inde, qui se sont faits les porte-paroles des émergents, réclament une nouvelle architecture financière pour éviter des crises à répétition qui touchent durement les plus pauvres très dépendant de leurs exportations de matières premières.

“Nous voulons une réforme des institutions financières internationales, et une plus grande régulation et supervision pour empêcher la répétition de telles crises”, a déclaré la semaine dernière le Premier ministre indien Manmohan Singh.

Ces pays ont déjà obtenu partiellement gain de cause lors d’une réunion le week-end dernier à Sao Paulo des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales des pays les plus industrialisés et des principaux pays émergents.

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étaire pour les Affaires internationales du Trésor, David McCormick, le 9 novembre 2008 à Sao Paulo (Photo : Nelson Almeida)

Ceux-ci ont en effet reconnu la nécessité de “réformer en profondeur” les institutions financières internationales, telles que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, nées au lendemain de la seconde guerre mondiale et qui reflètent la domination des Etats-Unis et de l’Europe mais pas la montée en puissance des nouveaux riches.

“Les économies émergentes et en développement doivent avoir une plus grande voix et une meilleure représentation dans ces institutions”, ont souligné les ministres.

Même le délégué américain à la réunion, David McCormick, a affirmé que Washington était depuis longtemps partisan de donner un plus grand rôle aux émergents au FMI et à la BM.

“Nous nous réjouissons de la réforme, nous sommes en pointe dans la réforme et nous sommes engagés dans la réforme”, a assuré le sous-secrétaire pour les Affaires internationales du Trésor.

Mais au-delà de cet accord de principe, rien n’est acquis. Faut-il par exemple que le G20 supplante le Groupe des sept pays les plus industrialisés, comme le souhaite le Brésil? Cela ne paraît pas d’actualité. “Je n’ai entendu personne rejeter le G7, j’ai entendu (parler) d’un plus grande importance du G20”, a répondu McCormick.

En termes de proposition concrètes, Singh devait insister pour que le FMI et la BM accordent une plus grande assistance aux pays vulnérables.

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ésident brésilien Luiz Inacio Lula da Silva (G) avec le président de la Banque centrale brésilienne Henrique Meirelles, le 8 novembre 2008 à Sao Paulo (Photo : Mauricio Lima)

Il devrait avoir l’appui sur ce point du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva qui accuse régulièrement les Etats-Unis et l’Europe d’avoir joué au “casino financier”, d’avoir perdu, mais d’en faire supporter les pertes à la planète entière, y compris aux plus pauvres.

Comme mesure contra-cyclique, Singh recommande d’augmenter les investissements dans les infrastructures des pays en développement, soutenue par des ressources accrues accordées par les institutions financières internationales.

A Washington, la présidente argentine Cristina Kirchner demandera elle aussi que le FMI compense l’asséchement des liquidités en octroyant des crédits aux émergents mais sans conditions macro-économiques comme par le passé, selon une source officielle.

En tout état de cause, pour le ministre brésilien des Finances Guido Mantega, les leaders du G20 ont une tâche délicate. “Nous devons changer les pneus alors que la voiture continue à rouler”.