Manifestation européenne à Paris des cheminots contre la libéralisation du rail

[13/11/2008 18:03:31] PARIS (AFP)

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à Paris (Photo : Mehdi Fedouach)

Des milliers de cheminots, venus d’une douzaine de pays d’Europe, ont manifesté jeudi à Paris à l’appel de la Fédération Européenne des Transports (ETF) contre la politique ferroviaire de l’UE et la du rail.

Les cheminots – 20.000 selon les syndicats, 8.500 selon la police – venus de Grande-Bretagne, de Belgique, d’Allemagne, d’Italie ou d’Espagne, ont défilé derrière une banderole portant l’inscription en trois langues: “Stop à la libéralisation”, “No to EU rail privatisation” et “Stoppt die liberalisierung”.

“Au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, l’Union européenne encourage le développement de corridors ferroviaires de fret de bout en bout de l’Europe (…) Tous les investissements financiers se concentreront sur ces corridors en oubliant toute mission d’aménagement du territoire”, a dénoncé ETF. Pour la fédération, cela aboutira à la “détérioration des conditions de vie et de travail des cheminots”.

La manifestation était organisée au lendemain d’une réunion en France d’une commission devant décider de modifier un décret sur la réorganisation du travail des conducteurs du fret, nécessaire selon la SNCF (chemins de fer français) pour accroître sa compétitivité face aux opérateurs privés.

Dans le défilé, le secrétaire général d’ETF, le portugais Eduardo Chagas a désapprouvé “les propositions de libéralisation du fret de la commission européenne qui va mettre des lots aux enchères pour les opérateurs qui pourront payer”.

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à Paris le 13 novembre 2008 (Photo : Mehdi Fedouach)

“Il y a un besoin de développer les services du rail, comme service public, (…) mais les stratégies suivies n’ont rien d’autre que le marché en vue, alors on s’est dit +ça suffit+, il faut inverser cette politique, cette obsession de libéralisation”, a déclaré M. Chagas.

“Tous les cheminots sont conscients que les opérateurs privés voient les réglementations de sécurité comme une contrainte, ce qui risque de nuire à terme à la sécurité des voyageurs”, a dénoncé le Français Didier Le Reste, patron de la CGT-cheminots.

Un responsable du syndicat national des cheminots anglais (National Union of rail maritime and transports workers), Alex Gordon, a indiqué à l’AFP que la privatisation du rail en Grande-Bretagne, héritée de Margaret Thatcher, avait été “désastreuse” pour la “qualité et la sécurité du service au public”.

“Nous sommes venus à 200 travailleurs anglais pour dire aux Français et aux Allemands +ne faites pas la même erreur que celle des Anglais en 1996+” a-t-il dit.

“En Allemagne, il y a seulement un mois, la privatisation de 25% de la Deutsche Bahn n’a été arrêtée que grâce à la crise financière”, a-t-il regretté.

En France, deux syndicats ont appelé à une grève reconductible de conducteurs à partir de mardi 18 novembre.

La libéralisation du rail dans l’UE a débuté en 2003 par le trafic international de marchandises; poursuivie en 2006 (fret national), elle doit être étendue en 2010 au trafic international de voyageurs.