ésident de la Commission européenne Jose Manuel Barroso à Bruxelles, le 13 novembre 2008 (Photo : Dominique Faget) |
[13/11/2008 15:25:23] BRUXELLES (AFP) A la veille d’un sommet UE-Russie, Bruxelles a dévoilé jeudi une stratégie détaillée de diversification de ses fournisseurs énergétiques, confirmant sa méfiance vis-à-vis de son grand partenaire russe pour le gaz et le pétrole.
Les Européens ont subi un électrochoc lors du conflit de l’hiver 2006, lorsqu’une querelle russo-ukrainienne sur les prix du gaz avait entraîné une brève rupture d’approvisionnement vers plusieurs pays européens.
Le conflit d’août en Géorgie, pays de transit énergétique désormais fragilisé, a également rappelé aux Européens l’urgence de mettre sur pied une véritable politique assurant “la sécurité” des approvisionnements.
“Notre programme sur la sécurité énergétique n’est pas contre un pays”, la stratégie n’a pas été définie “par rapport à la Russie”, a diplomatiquement insisté jeudi le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.
La diversification des fournisseurs est “une question élémentaire de prudence”, a-t-il expliqué, tout en réclamant de Moscou “un cadre légal clair” sur leurs relations énergétiques, alors que les dirigeants européens rencontrent vendredi à Nice le président russe Dmitri Medvedev pour un sommet UE-Russie.
Aujourd’hui, l’UE importe 61% de son gaz, en tout premier lieu de Russie (42% des importations). “L’Union européenne est de loin le plus grand client pour les exportations de gaz russe”, ajoute le président de la Commission, en soulignant “l’interdépendance” énergétique entre l’UE et la Russie et leur besoin de s’entendre.
Aujourd’hui huit pays de l’UE dépendent à 100% d’un seul fournisseur pour leurs besoins en gaz, s’inquiète Bruxelles. C’est le cas surtout des trois Pays baltes, reliés à des pipelines arrivant de Russie.
Le plan stratégique de Bruxelles présenté jeudi vise à faciliter certains projets d’infrastructures clefs, facilitant les importations non-russes.
Parmi ces priorités, un plan d’interconnexion des pays baltes identifiant les infrastructures manquantes pour les relier au reste de l’UE, sera présenté l’an prochain.
ésident russe Dmitri Medvedev, le 12 novembre 2008 à Rogachevo (Photo : Alexander Zemlianichenko) |
Bruxelles multiplie également les approches diplomatiques dans la région de la mer Caspienne, riche en ressources énergétiques convoitées par l’Europe mais aussi par la Russie.
Elle entend ainsi donner une chance à “un corridor gazier sud” approvisionnant l’Europe sans passer par le territoire russe. La Commission pousse tout particulièrement le projet européen Nabucco, un gazoduc de 3.300 km, qui doit passer par la Turquie et aboutir en Autriche, mais dont l’approvisionnement en gaz n’est pas assuré.
Les velléités d’indépendance de la Commission passent aussi par un plan d’action sur les infrastrucures de gaz naturel liquéfié, l’étude d’un réseau d’éoliennes offshore en Mer du Nord, et l’amélioration de l’interconnexion entre l’Europe et les pays du Sud méditerranéen, au fort potentiel en énergie solaire et éolienne.
Quelques propositions seront gravées dans la législation, comme la publication envisagée chaque semaine d’un état des lieux collectif des stocks pétroliers “commerciaux” détenus par les compagnies pétrolières.
Pour le gaz, elle veut définir l’an prochain des “mesures d’urgence” au niveau régional et européen, en cas de menace sur l’approvisionnement. L’Europe définirait des seuils de déclenchement d’un mécanisme de “solidarité” entre pays.
Tous ces projets devront aussi s’accompagner de nouvelles mesures incitant les Européens à opter pour des bâtiments, des appareils électro-ménagers et des pneus automobiles moins gourmands en énergie. Encore timides, elles resteront à compléter pour atteindre l’objectif européen d’une amélioration de l’efficacité énergétique de 20% d’ici 2020.