[13/11/2008 19:39:57] PARIS (AFP)
évisions 2009-2010 de croissance et de l’inflation de l’OCDE |
L’OCDE a confirmé jeudi que l’économie mondiale traversait un trou d’air, avec un recul prévu de l’activité économique de 0,3% dans ses pays membres en 2009, tandis que l’Allemagne officialisait son entrée en récession.
Le président américain George W. Bush a prévenu que l’économie mondiale avait encore des “jours difficiles” devant elle tout en assurant que “les Etats-Unis et leurs partenaires prennent les bonnes mesures pour traverser cette crise”.
La zone euro n’est “pas très loin” de la récession, a estimé de son côté le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.
Les Bourses européennes, très volatiles, ont clôturé en ordre dispersé: Londres a cédé 0,31%, mais Paris a gagné 1,10%, Francfort 0,62%, Madrid 1,08% et Milan 0,92%.
Wall Street évoluait en dents de scie. Le Dow Jones perdait 0,39% et le Nasdaq 1,18% vers 17H00 GMT.
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit que le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis devrait reculer de 0,9% en 2009. Dans la zone euro, la récession devrait s’établir à 0,5% l’an prochain et au Japon à 0,1%.
évisions de l’OCDE pour le chômage |
Le taux de chômage dans l’OCDE passerait de 5,9% en 2008 à 6,9% en 2009 et 7,2% en 2010. La zone euro serait la plus sévèrement touchée, avec un taux de 8,6% en 2009 et 9% en 2010.
En attendant, l’Allemagne, première économie de la zone euro, a annoncé jeudi être entrée en récession technique pour la première fois depuis cinq ans, avec un recul de son PIB de 0,5% au 3e trimestre, après une contraction de 0,4% au trimestre précédent.
“Nous passerons peut-être de la stagnation à la récession”, a reconnu le ministre des Finances Peer Steinbrück. Le chef de la diplomatie, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier, a de son côté proposé des mesures européennes de relance de l’emploi.
“L’Allemagne et la zone euro doivent se préparer à une grave récession, probablement la pire depuis celle de 1992/93”, a estimé Holger Schmieding, économiste de Bank of America.
Au moment où les voyants économiques sont déjà au rouge au Royaume-Uni, l’opérateur téléphonique BT a annoncé un plan social visant à supprimer 10.000 postes d’ici à fin mars.
Les chiffres du commerce extérieur aux Etats-Unis ont montré en outre que les échanges subissaient l’impact de la crise financière.
Le déficit commercial américain s’est réduit en septembre par rapport à août, mais les importations ont enregistré un recul mensuel record de 5,6% et les exportations ont chuté de 6%.
L’excédent commercial du Canada a de son côté chuté de 20% en septembre, en raison d’une baisse des exportations vers les Etats-Unis.
énéral de l’OMC Pascal Lamy, le 12 novembre 2008 à Genève (Photo : Nicholas Ratzenboeck) |
De quoi apporter de l’eau au moulin du directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Pascal Lamy qui veut conclure rapidement les négociations sur la libéralisation des échanges mondiaux, afin d’atténuer les effets de la crise et de combattre les tentations protectionnistes.
Par ailleurs, les grands pays développés et émergents du G20 mettent la dernière main aux préparatifs du sommet consacré à la crise financière, samedi à Washington.
Le président Bush a déclaré que ce sommet visait à “jeter les bases” de réformes du système financier, mais n’était que la première réunion d’une série.
Il a épinglé des “pratiques médiocres de gestion du risque” et prôné une modernisation des institutions financières internationales afin que les grandes économies émergentes pèsent davantage dans leurs décisions.
“Cette crise n’est pas l’échec de l’économie de libre marché”, a-t-il plaidé, en estimant que l’intervention gouvernementale n’est pas “le remède universel”.
Le président russe Dmitri Medvedev a affirmé de son côté que les Européens et les Russes allaient “parler d’une seule voix” au sommet de Washington.
Selon le quotidien Nikkei, le Premier ministre japonais Taro Aso annoncerait à Washington un prêt au Fonds monétaire international (FMI) qui pourrait aller jusqu’à 100 milliards de dollars, pour renflouer les pays ruinés par la crise.
Cette offre colossale augmenterait de plus d’un tiers les ressources actuelles du FMI, appelé au secours ces dernières semaines par l’Islande, la Hongrie et l’Ukraine.
à essence (Photo : Behrouz Mehri) |
Les places asiatiques avaient dévissé plus tôt dans la journée, au lendemain des propos du secrétaire au Trésor américain Henry Paulson, qui a jugé qu’il était plus efficace d’investir directement dans le capital des banques plutôt que de leur racheter leurs actifs pourris.
“Il est choquant de voir que le gouvernement américain n’utilisera rien des 700 milliards de dollars pour acheter des actifs adossés à des hypothèques, ce qui était la première raison d’être du plan de sauvetage”, selon Dariusz Kowalczyk, stratège chez CFC Seymour à Hong Kong.
Tokyo a perdu 5,25%, Sydney 5,86%, Taipei 3,85%, Séoul 3,15% et Hong Kong 5,15%. A contre-courant, Shanghai a fini à +3,68% après l’annonce par Pékin de mesures fiscales en faveur des exportateurs.
A la Bourse du Koweït, les transactions ont été purement et simplement suspendues jusqu’à lundi à la demande d’un investisseur qui voulait limiter ses pertes et a obtenu gain de cause auprès d’un tribunal, une décision sans précédent.
Le ralentissement de la demande pèse également sur le pétrole. A Londres, le baril de Brent a plongé à 50,60 dollars, son plus faible niveau depuis trois ans et demi, avant de se redresser à 52,08 dollars. A New York, le pétrole s’échangeait à 56,15 dollars vers 14H05 GMT, stable par rapport à la veille.
“Les signes d’une demande qui ralentit en Asie et les attentes d’augmentation des stocks de produits pétroliers américains contribuent à peser sur les prix”, a estimé Thierry Lefrançois, de Natixis.
Face à la glissade des cours du brut, une réunion d’urgence de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) le 29 novembre au Caire est “très probable”, a indiqué une source de l’OPEP à l’AFP.
Sur le front des institutions financières, l’Etat néerlandais a annoncé qu’il injectait 750 millions d’euros dans le capital du bancassureur SNS Reaal.
Au Japon, la deuxième banque du pays, Mizuho, envisage selon la presse une augmentation de capital de 2,4 milliards d’euros.
Frappés de plein fouet par la dégringolade des marchés financiers et la méfiance de leurs clients, les fonds spéculatifs (“hedge funds”) ont perdu 100 milliards de dollars d’actifs en octobre, a fait savoir la société spécialisée Eurekahedge.