ège de Hewlett-Packard à Grenoble-Eybens, le 8 septembre 2005 (Photo : Jean-Pierre Clatot) |
[13/11/2008 16:53:30] PARIS (AFP) De Nice à Saragosse (Espagne), en passant par Toulouse, les salariés européens de Hewlett Packard se sont mobilisés jeudi contre le plan social “financier” du groupe, qui table sur la suppression de 24.600 emplois dans le monde, dont 9.330 emplois en Europe et 580 en France.
Sur la plupart des sites Hewlett Packard, les salariés, souvent des ingénieurs ou commerciaux peu habitués des mouvements revendicatifs, se sont rassemblés pour dénoncer la “logique comptable” du groupe et une “délocalisation qui ne dit pas son nom”, selon les slogans relevés par les correspondants de l’AFP sur place.
Les principaux rassemblements ont eu lieu à San Cugat (Espagne) (450 personnes), Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), au siège français du groupe (200 personnes selon la police, 400 selon les syndicats), et à Grenoble (450 personnes selon la direction et les syndicats).
“HP veut rentabiliser le rachat d’EDS (Electronic Data System) en supprimant 25% des effectifs d’EDS. D’un autre côté, ils annoncent des embauches dans les pays en développement. On ne comprend pas trop la stratégie, si ce n’est de délocaliser”, a déclaré à l’AFP Jean-Louis Turlier, délégué CFTC du site EDS de Fussy (Cher).
Hewlett-Packard emploie près de 172.000 salariés dans le monde, 4.500 en France, EDS 139.100 dans le monde, et 2.050 en France.
Le groupe a annoncé un plan global de réduction des effectifs qui prévoit au total de supprimer 24.600 emplois dans le monde sur trois ans, dont près de la moitié aux Etats-Unis, et 9.330 en Europe.
Signe de l’inquiétude, sur le site de Sofia Antipolis (Alpes Maritimes) près de Nice, qui emploie au total 260 personnes dans l’ingéniérie logicielle, une centaine de personnes ont participé au rassemblement.
A Aix-les-Milles près de Marseille, où les agences HP et EDS sont voisines, une quarantaine de salariés se sont réunis autour d’un buffet. Au centre des craintes, les rumeurs de fermeture de l’agence aixoise de HP, et des salariés renvoyés au télétravail.
A Toulouse, où l’intersyndicale CFDT-CGT-FO-CFTC a recensé 60% de grévistes parmi les 123 salariés, une assemblée générale a été organisée. “Il n’y a aucune justification, sinon purement financière, au plan social annoncé”, a déclaré à l’AFP Michel Soumet, délégué CGT. “On décide d’abord de supprimer 24.600 emplois dans le monde, et on cherche après où les enlever, c’est la +Fordisation à l’envers+”, a-t-il dit.
“Dans nos deux entreprises, composées à 90% de cols blancs, il n’y a jamais eu beaucoup de mouvements (sociaux) jusque là”, a noté un salarié, qui travaille depuis 26 ans pour HP.
A l’étranger, la mobilisation a été “massive” en Espagne, où EDS emploie environ 2.500 personnes, selon Alexandre Samaranch, responsable du syndicat CCO pour EDS en Catalogne.
Environ 75% des quelques 600 salariés du centre de San Cugat (Catalogne) sont descendus dans la rue, et presque 90% des quelques 300 employés du centre de Saragosse.
En Scandinavie, où le groupe emploie 3.600 personnes (dont 1.320 en Suède), aucun rassemblement n’a eu lieu. Le syndicat Unionen a estimé que le plan de réduction d’effectifs toucherait environ 400 personnes (300 en Suède, une quarantaine au Danemark, et environ 55 en Norvège).