[13/11/2008 21:45:12] CANNES (AFP)
ésident russe Dmitri Medvedev devant un forum d’investisseurs russes et européens à Cannes, le 13 novembre 2008 (Photo : Valery Hache) |
Le président russe s’est posé jeudi en allié potentiel des Européens au sommet de Washington sur la crise financière, avant une rencontre vendredi avec les dirigeants de l’UE dont il espère qu’elle permettra de tourner la page du conflit géorgien.
Dmitri Medvedev – qui intervenait devant un parterre d’investisseurs russes et européens à Cannes (sur de la France)- a estimé que les positions des Européens sur les leçons à tirer de la crise financière “coïncidaient” avec les siennes, à “quelques nuances” près.
Il a estimé, comme les Européens, que les conséquences de la crise financière nécessitaient “une réforme du système financier international et de ses principales institutions, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale”.
M. Medvedev s’exprimait à la veille d’un sommet UE-Russie à Nice, et de ses retrouvailles avec le président français et président en exercice de l’UE Nicolas Sarkozy, qui était allé à Moscou en août et en septembre pour négocier un plan de paix après le conflit russo-géorgien.
Il a aussi vanté le rôle joué par la monnaie européenne, l’euro, depuis le début de la crise financière.
Si la crise avait éclaté alors que l’euro n’existait pas encore, “les conséquences en auraient été beaucoup plus graves”, a estimé M. Medvedev.
Il a indiqué qu’il prendrait d’ici la fin de l’année des mesures pour “développer le rouble” et en faire aussi une monnaie régionale. Une idée qui ne devrait pas déplaire au président français. Ce dernier a répété jeudi que le dollar ne pouvait plus “prétendre à être la seule monnaie du monde”.
Alors que les dirigeants européens soulignent que le conflit géorgien a eu un “impact très négatif sur la confiance” entre l’UE et la Russie, le président russe n’en a pas dit mot devant les investisseurs.
Il s’est dit prêt à reprendre sans attendre les négociations avec l’Union européenne sur un accord de partenariat renforcé.
“J’espère que demain nous donnerons une impulsion à des négociations encore plus intéressantes”, a-t-il déclaré.
Ces pourparlers avaient été suspendus le 1er septembre par les dirigeants de l’UE, en signe de condamnation de la main-mise de Moscou sur les régions séparatistes géorgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du sud, après son conflit armé avec Tbilissi.
Mais les pays de l’UE ont annoncé lundi qu’ils étaient prêts à les reprendre, même si de nombreux diplomates européens estiment que la condition qui avait été posée pour leur reprise – le retour des troupes russes à leurs positions d’avant le 7 août – n’a pas été entièrement respectée.
La Commission européenne a indiqué qu’une date exacte de reprise de ces négociations devrait être fixée au sommet. Les Européens espèrent qu’elles permettront d’obtenir des Russes des engagements sur leur accès au marché russe, notamment en matière d’énergie.
M. Medvedev s’est aussi montré plus conciliant à l’égard des Etats-Unis, alors qu’il avait eu de l’annonce de la victoire de Barack Obama à la présidentielle américaine des mots très durs.
“A un certain moment, les relations (avec les Etats-Unis) se sont dégradées” a-t-il reconnu. Mais “il n’y a pas de crise comme du temps de l’URSS (…), la Russie n’est pas l’Union soviétique”, a-t-il assuré. Il a estimé qu’il y avait avec la nouvelle administration démocrate “l’occasion de bâtir des relations cordiales”, de “partenariat” et de “coopération”.
Reste à savoir si l’esprit d’ouverture affiché par M. Medvedev rendra les Européens moins insistants vendredi auprès de la Russie pour qu’elle poursuive son retrait de Géorgie.
Le président géorgien Mikheïl Saakachvili, en visite jeudi en France, a enjoint Nicolas Sarkozy de ne pas céder à la “realpolitik” et de “garder des principes”.