La récession s’installe dans le monde, journée folle à Wall Street

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évisions 2009-2010 de croissance et de l’inflation de l’OCDE

[13/11/2008 22:41:03] WASHINGTON (AFP) La menace d’une récession mondiale s’est précisée jeudi, l’OCDE ayant annoncé un recul de 0,3% de l’activité économique en 2009 dans ses pays membres, mais Wall Street a terminé sa séance en très fort rebond au terme d’une nouvelle journée folle.

La première Bourse mondiale a gagné 6,67%, l’indice Dow Jones finissant à 8.835,25 points après avoir enfoncé ses plus bas niveaux en cours de séance.

C’est une “bonne nouvelle”, a observé l’analyste Art Hogan, de la banque Jefferies. “On teste les plus bas, puis on s’en éloigne”.

Dans le sillage de la Bourse de New York, Sao Paulo, première place financière d’Amérique du Sud, a terminé en hausse de 4,71%.

Auparavant, les Bourses européennes, très volatiles elles aussi, ont terminé en ordre dispersé: Londres a cédé 0,31%, mais Paris a gagné 1,10%, Francfort 0,62%, Madrid 1,08% et Milan 0,92%.

L’horizon économique n’était cependant guère encourageant.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit que le Produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis devrait reculer de 0,9% en 2009. Dans la zone euro, la récession devrait s’établir à 0,5% l’an prochain et au Japon à 0,1%.

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évisions de l’OCDE pour le chômage

Le taux de chômage dans l’OCDE passerait de 5,9% en 2008 à 6,9% en 2009 et 7,2% en 2010. La zone euro serait la plus sévèrement touchée, avec un taux de 8,6% en 2009 et 9% en 2010.

Le président américain George W. Bush a averti que l’économie mondiale avait encore des “jours difficiles” devant elle, tout en assurant que “les Etats-Unis et leurs partenaires prennent les bonnes mesures pour traverser cette crise”.

L’économie américaine traverse le pire de la récession, son Produit intérieur brut devant se contracter de 3% en rythme annuel au quatrième trimestre, selon les économistes interrogés pour le sondage mensuel du Wall Street Journal (WSJ). Au premier trimestre 2009, le PIB devrait continuer à se contracter (-1,5%), avant de revenir à une croissance minime (+0,3%) au deuxième trimestre, selon cette étude.

La zone euro n’est “pas très loin” de la récession, a estimé de son côté le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.

En attendant, l’Allemagne, première économie de la zone euro, a annoncé jeudi être entrée en récession technique pour la première fois depuis cinq ans, avec un recul de son PIB de 0,5% au 3e trimestre, après une contraction de 0,4% au trimestre précédent.

“Nous passerons peut-être de la stagnation à la récession”, a reconnu le ministre des Finances Peer Steinbrück. Le chef de la diplomatie, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier, a de son côté proposé des mesures européennes de relance de l’emploi.

“L’Allemagne et la zone euro doivent se préparer à une grave récession, probablement la pire depuis celle de 1992/93”, a estimé Holger Schmieding, économiste de Bank of America.

Au moment où les voyants économiques sont déjà au rouge au Royaume-Uni, l’opérateur téléphonique BT a annoncé un plan social visant à supprimer 10.000 postes d’ici à fin mars.

Les chiffres du commerce extérieur aux Etats-Unis ont montré en outre que les échanges subissaient l’impact de la crise financière.

Le déficit commercial américain s’est réduit en septembre par rapport à août, mais les importations ont enregistré un recul mensuel record de 5,6% et les exportations ont chuté de 6%.

L’excédent commercial du Canada a de son côté chuté de 20% en septembre, en raison d’une baisse des exportations vers les Etats-Unis.

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à Wall Street, le 13 novembre 2008 (Photo : Michael Nagle)

De quoi apporter de l’eau au moulin du directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Pascal Lamy qui veut conclure rapidement les négociations sur la libéralisation des échanges mondiaux, afin d’atténuer les effets de la crise et de combattre les tentations protectionnistes.

Par ailleurs, les grands pays développés et émergents du G20 mettent la dernière main aux préparatifs du sommet consacré à la crise financière, samedi à Washington. Réuni à Mexico, le Groupe de Rio, qui comprend notamment l’Argentine, le Mexique et le Brésil, a annoncé jeudi qu’il demanderait au sommet du G-20 d’éviter “une contraction draconienne des ressources financières” à destination des pays en développement.

Le président Bush a déclaré que ce sommet visait à “jeter les bases” de réformes du système financier, mais n’était que la première réunion d’une série.

Il a épinglé des “pratiques médiocres de gestion du risque” et prôné une modernisation des institutions financières internationales afin que les grandes économies émergentes pèsent davantage dans leurs décisions.

“Cette crise n’est pas l’échec du libéralisme économique”, a-t-il plaidé, en estimant que l’intervention de l’Etat n’est pas “le remède universel”.

La chancelière allemande Angela Merkel a estimé dans une interview à paraître vendredi que le sommet donnerait lieu à des “entretiens difficiles”, mais qu’il faut néanmoins entamer les réformes dans les prochains mois.

Le président russe Dmitri Medvedev a affirmé de son côté que les Européens et les Russes allaient “parler d’une seule voix” au sommet de Washington.

Selon le quotidien Nikkei, le Premier ministre japonais Taro Aso annoncerait un prêt au Fonds monétaire international (FMI) qui pourrait aller jusqu’à 100 milliards de dollars, pour renflouer les pays ruinés par la crise.

Cette offre colossale augmenterait de plus d’un tiers les ressources actuelles du FMI, appelé au secours ces dernières semaines par l’Islande, la Hongrie et l’Ukraine.

Les places asiatiques avaient dévissé plus tôt dans la journée, au lendemain des propos du secrétaire au Trésor américain Henry Paulson, qui a jugé qu’il était plus efficace d’investir directement dans le capital des banques plutôt que de leur racheter leurs actifs douteux.

Tokyo a perdu 5,25%, Sydney 5,86%, Taipei 3,85%, Séoul 3,15% et Hong Kong 5,15%. A contre-courant, Shanghai a fini à +3,68% après l’annonce par Pékin de mesures fiscales en faveur des exportateurs.

A la Bourse du Koweït, les transactions ont été purement et simplement suspendues jusqu’à lundi à la demande d’un investisseur qui voulait limiter ses pertes et a obtenu gain de cause auprès d’un tribunal, une décision sans précédent.

Le ralentissement de la demande pèse également sur le pétrole. Mais l’annonce d’une réunion d’urgence de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) le 29 novembre au Caire a soutenu le baril, qui a terminé à 58,24 dollars à New York, en hausse de 2,08 dollars.