Sensation que la crise
actuelle est provoquée par un triple trou noir :
Le trou noir des anticipations
Le système financier repose sur une double dynamique d’anticipation. D’abord
celles des acteurs économiques qui pensent que la croissance de leurs
revenus futurs sera supérieure au coût de leur endettement. Ensuite celles
des acteurs financiers qui anticipent que les emprunteurs seront
effectivement capables de faire face à leurs engagements, ou que la
rentabilité des investissements financiers sera supérieure au coût de la
ressource.
Tout semble montrer aujourd’hui que nous avons une double défaillance : un
nombre significatif d’acteurs économiques ne peuvent pas faire face à leurs
engagements (cas de subprimes par exemple), des acteurs financiers sont
emportés dans la vague de leurs spéculations.
Une quantité croissante des liquidités financières se trouvent happées par
ce premier trou noir qui s’élargit de plus en plus.
Le trou noir de la guerre
Les guerres en Afghanistan et en Irak ont absorbées et absorbent encore des
sommes considérables. Ceci vient majoritairement des dépenses supportées par
les forces d’intervention essentiellement américaines, et secondairement par
la course aux armements qu’elles déclenchent en ricochet.
Tout ceci réoriente des flux importants au profit des industries de
l’armement, asséchant d’autant le reste des économies mondiales. De plus
ceci creuse le déficit américain et constitue ainsi un deuxième type
d’anticipation sans contrepartie claire à long terme.
Le trou noir du capitalisme
La raréfaction progressive du pétrole et l’organisation des ressources en
gaz conduisent mécaniquement à une croissance rapide des liquidités des pays
du Moyen Orient et de la Russie. Parallèlement, le développement des
exportations chinoises fait «exploser» l’excédent chinois.
Ainsi l’application des règles de jeu du capitalisme aboutit aujourd’hui
paradoxalement à affaiblir les États-Unis et l’Europe et à renforcer des
pays qui ne reconnaissaient pas la pertinence du capitalisme.
Cette crise déstabilise en profondeur les économies occidentales et ce à un
moment où il y a en plus un trou noir de la légitimité des dirigeants :
– En effet ces dix dernières années ont vu se développer une relation
directe entre le niveau de rémunération des dirigeants et les profits
dégagés par leurs entreprises. Celles-ci ont alors atteint des niveaux
jamais connus : même si la part de profit allouée aux dirigeants reste
modeste, elle est très élevée en valeur absolue.
Pour les salariés, l’écart croissant est perçu comme de moins en moins
légitime. De plus, dans des cas récents, par la mise en application de
contrats «bien négociés», il y a eu une déconnexion entre ce niveau de
rémunération et la performance de l’entreprise.
Ce décalage croissant entre dirigeants et salariés ne vient pas siphonner
les ressources financières, mais la légitimité des dirigeants.
Personne ne voit vraiment la sortie de la crise… et
peut-on imaginer que les pays dit «développés» vont accepter de voir leurs
entreprises et leurs économies rachetées par la Chine, la Russie ou le
Moyen-Orient alors que l’essentiel du pouvoir militaire est encore entre
leurs mains …
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