La France échappe à la récession au troisième trimestre

[14/11/2008 14:03:12] PARIS (AFP)

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La croissance en France

La France a échappé de peu au troisième trimestre à la récession frappant nombre de ses voisins européens, qui subissent déjà de plein fouet l’impact de la crise financière, mais ce répit risque d’être de courte durée, 2009 s’annonçant très difficile.

“La France, contrairement à l’Allemagne qui fait -0,5 et à la Grande-Bretagne qui fait -0,5, fait +0,14%”, a jubilé vendredi la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, annonçant sur RTL la “bonne nouvelle” une heure avant la publication officielle de l’estimation de l’Insee.

L’Institut national de la statistique a par la suite confirmé une progression du PIB de 0,1% au troisième trimestre. Il tablait dans ses dernières prévisions sur un recul de 0,1%, après celui de 0,3% déjà enregistré au trimestre précédent.

“Le chiffre est étonnant puisque chacun s’attendait à un chiffre négatif et se préparait à débattre sur la récession”, définie par deux trimestres consécutifs de baisse, a commenté la ministre.

“La politique du gouvernement est en train de produire ses effets”, s’est-elle réjouie.

Le gouvernement prévoit toujours une croissance “autour de 1%” en 2008.

“Cette surprise reste une bonne nouvelle. Néanmoins, elle doit être largement relativisée”, souligne l’économiste Marc Touati pour qui “le léger mieux ne présage en rien d’une nouvelle amélioration au quatrième trimestre”.

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é de Hervé Novelle et de René Ricol le 7 novembre 2008 à Bordeaux (Photo : Patrick Bernard)

L’amplification de la crise financière avec la faillite de la banque américaine Lehman Brothers étant survenue le 15 septembre, son impact n’a donc pas pu se traduire dans les chiffres de la croissance du troisième trimestre.

Et tous les indicateurs avancés de l’activité font depuis lors état d’une nette dégradation, notent les économistes.

Pour Nicolas Bouzou (Asterès), le rebond de la consommation des ménages et de l’investissement des entreprises, qui ont tiré la croissance, ne devrait ainsi pas pouvoir perdurer très longtemps, comme en témoigne la forte chute des investissements dans l’industrie prévue pour l’an prochain (-4%).

La légère augmentation du PIB “ne change rien à la donne économique fondamentale à moyen terme, orientée à la baisse en France comme dans tous les grands pays de l’OCDE”, résume-t-il.

“Ce filet de croissance ne doit pas masquer les grandes difficultés que rencontre l’économie française. La production industrielle plonge et le déficit commercial se creuse”, renchérit Alexander Law (Xerfi).

“Si on ne peut parler de récession stricto sensu, notre économie en présente bien des caractéristiques”, analyse l’économiste, soulignant que le chiffre publié par l’Insee est provisoire et pourrait être revu à la baisse dans les mois qui viennent.

“Enfin, il ne faut pas oublier que l’augmentation du PIB n’est pas une fin en soi. Le but de la croissance est avant tout de créer des emplois”, rappelle Marc Touati. Or la hausse du PIB n’a pas empêché l’emploi salarié de baisser de nouveau au troisième trimestre (-0,1% après -0,2% au trimestre précédent).

Dans un communiqué, la ministre de l’Economie reconnaît elle aussi “que notre économie fait face à une crise financière d’une gravité exceptionnelle qui pèsera sur la croissance dans les prochains trimestres”.

Pour 2009, le gouvernement a récemment abaissé ses prévisions de croissance, entre 0,2% et 0,5%, et n’exclut pas de les revoir encore.

La Commission européenne prévoit une croissance nulle en France l’an prochain tandis que le Fonds monétaire international (FMI) s’attend à une récession en 2009, avec un recul du PIB de 0,5%, comme dans l’ensemble de la zone euro.