Fin de l’âge d’or de l’économie espagnole qui vire au rouge

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écemment construits mais ne trouvant pas preneurs, près de Madrid le 30 octobre 2008 (Photo : Philippe Desmazes)

[14/11/2008 13:46:49] MADRID (AFP) Après une décennie dorée enrayée par un fulgurant déclin entamé au début de l’année, l’économie espagnole a basculé dans le rouge au troisième trimestre, mettant un pied dans la récession.

Le produit intérieur brut (PIB) s’est replié de 0,2% au troisième trimestre par rapport au second, a annoncé vendredi l’Institut national de la statistique (Ine), publiant des chiffres provisoires identiques à ceux annoncés récemment par la Banque d’Espagne.

L’Ine devrait confirmer ces résultats le 19 novembre, entérinant officiellement la fin de l’âge d’or d’une économie devenue en 15 ans de croissance à marche forcée l’une des plus dynamiques de l’Union européenne.

En glissement annuel, la croissance espagnole a été de 0,9%, un chiffre piteux comparé aux flatteurs 3,7% enregistrés en 2007.

“Les indicateurs récents montrent une intensification du processus d’ajustement de l’activité”, commente le gouvernement dans une note d’analyse économique publiée vendredi.

L’Espagne n’avait pas subi de repli économique depuis le deuxième trimestre 1993 (-0,3%), avant le début de son “miracle économique”.

Profitant avec talent des fonds structurels européens, abreuvée de liquidités en raison de la faiblesse des taux d’intérêt, inondée d’immigrés venus faire tourner les bétonneuses, l’Espagne s’est vite défaite de son image de traîne la patte pour devenir un champion européen.

Mais elle n’a pas su se préparer suffisamment au changement de cycle. Le marché immobilier s’est brutalement retourné fin 2007, plombé par le renchérissement du crédit, la hausse des prix stratosphériques, et la hausse du taux d’endettement des ménages.

La brique, longtemps corne d’abondance de l’Espagne, est devenue son boulet, tirant vers le bas l’ensemble de l’activité.

La situation est aggravée par la crise financière internationale, qui complique l’accès au crédit pour les ménages et les entreprises.

Le passage en territoire négatif se doit “à une moindre contribution de la demande intérieure, compensée en partie par l’évolution positive de l’apport du secteur extérieur”, a relevé l’Ine.

Les ménages espagnols, très endettés, confrontés à la forte hausse du chômage et à la détérioration des perspectives économiques, réduisent sensiblement leur consommation, comme en témoigne la chute des immatriculations de voitures ou la baisse des ventes de détail.

L’avenir ne s’annonce pas reluisant. L’Espagne n’est certes pas encore entrée techniquement en récession (deux trimestres consécutifs de contraction économique). Mais selon les prévisions, elle devrait rejoindre au 4e trimestre le peloton des pays européens qui s’y trouvent déjà: Italie, Allemagne, Irlande, etc.

Le gouvernement socialiste, qui se voulait rassurant au début de l’année pendant la campagne électorale des législatives qu’il a remportées en mars, reconnaît maintenant que la récession n’est pas à exclure.

Dans son projet de budget 2009, élaboré en septembre, il tablait pour l’an prochain sur une hausse de 1% du PIB. Mais cette prévisions optimiste devrait être revue à la baisse en décembre.

Les prévisions publiées en octobre et novembre par le FMI et la Commission européenne anticipent pour l’Espagne une contraction du PIB de 0,2% en 2009.

Le gouvernement espère que la situation commencera à s’améliorer à partir du deuxième semestre de 2009.

Le taux de chômage, après avoir touché un plancher historique de 7,95% à l’été 2007, ne cesse d’augmenter. Il était de 11,33% au troisième trimestre.

Le gouvernement estime qu’il pourrait monter jusqu’à 12,5% en 2009, mais l’Union européenne mise sur 13,8% et le FMI sur 14,7%.