L’Italie entre à son tour en récession au troisième trimestre

[14/11/2008 14:06:15] MILAN (AFP)

Après l’Allemagne, l’Italie, troisième économie de la zone euro, est entrée à son tour au troisième trimestre en récession, selon une estimation provisoire publiée vendredi par l’institut de statistiques Istat.

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à Paris (Photo : Charles Platiau)

Le Produit intérieur brut (PIB) de la Péninsule a reculé de 0,5% au troisième trimestre par rapport au précédent, après une contraction de 0,4% au deuxième trimestre, ce qui signifie l’entrée du pays en récession, définie comme deux trimestres consécutifs de recul du PIB.

Une baisse d’un niveau qui n’avait pas été enregistré depuis dix ans et beaucoup plus importante qu’attendu par les économistes qui tablaient, selon un consensus de l’agence Dow Jones Newswires, sur une contraction de 0,2%.

Par rapport au troisième trimestre 2007, le PIB s’est contracté de 0,9%, contre 0,3% prévu par les économistes.

Ces chiffres sont la conséquence d’une “diminution de la valeur ajoutée de l’agriculture, de l’industrie et des services”, a expliqué l’Istat, qui doit confirmer son estimation le 10 décembre.

L’Italie n’avait pas connu de récession depuis fin 2004-début 2005.

Le gouvernement de Silvio Berlusconi table officiellement sur une croissance de 0,1% en 2008 et de 0,5% en 2009, mais ses prévisions ont été établies en septembre, avant l’aggravation de la crise financière.

Plus récentes, les prévisions du FMI et de l’Union Européenne prévoient un avenir plus sombre pour l’Italie.

Selon le FMI, le PIB de la Péninsule devrait reculer de 0,2% en 2008 et de 0,6% en 2009, tandis que selon l’UE, il devrait stagner en 2008 et 2009.

L’Allemagne, plus grande économie de la zone euro, est aussi entrée en récession au troisième trimestre. Tout comme l’ensemble de la zone euro, pour la première fois depuis sa création en 1999. La France l’a en revanche évitée.

Touchée par la crise comme toutes les économies de la planète, l’Italie présentait déjà cependant des “fragilités structurelles”, souligne Paolo Mameli, économiste de la banque Intesa Sanpaolo.

“Elle a une productivité plus basse, investit peu dans l’innovation et présente des excès de régulation et un manque de concurrence dans de nombreux secteurs”, juge-t-il.

Face à la récession, le gouvernement prépare un plan de soutien à l’économie réelle et de nouvelles mesures pour les banques, afin d’éviter une crise du crédit, mais leur annonce se fait attendre.

Alors que les entreprises recourent de plus en plus au chômage technique, à l’exemple de Fiat, en particulier dans le Nord, poumon économique du pays, la CGIL, le plus important syndicat, a prévu une grève générale pour le 12 décembre, accusant le gouvernement de “ne rien faire” face à la crise.

Parmi les mesures en préparation, figurent une augmentation des ressources pour le chômage technique et du fonds de garantie des prêts aux PME, ainsi que des incitations à l’innovation et le déblocage de 16 milliards d’euros, en grande partie déjà prévus, pour les infrastructures.

Mais selon les économistes, il serait plus efficace de jouer sur la consommation des ménages.

“Si (au recul du PIB) s’ajoute un effondrement de la consommation, il y aura des conséquences sur l’ampleur de la crise”, estime Fabio Pammolli, directeur du centre de recherche CERM.

“Mais il est clair que les marges de manoeuvre sont limitées face à l’exigence de contrôle des comptes publics”, rappelle M. Mameli.

La dette publique de l’Italie s’est élevée en 2007 à 104,1% du PIB, le plus haut niveau des pays de l’UE.