Le G20 se mobilise face à la crise, première récession en zone euro

[14/11/2008 23:31:09] WASHINGTON (AFP)

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Gordon Brown, Nicolas Sarkozy, George Bush, Dimitri Medvedev et Angela Merkel le 9 juillet 2008 au Japon (Photo : Kimimasa Mayama)

Les grands pays industrialisés et émergents (G20) vont s’efforcer d’apporter une concertée à la pire crise financière depuis 1929, dont témoigne l’entrée officielle en récession de la zone euro, pour la première fois de son histoire.

Réunis en vendredi soir à Washington, les pays du G20 ambitionnent de présenter un front commun face à la crise économique et de modifier les règles du jeu afin de prévenir de nouvelles débâcles financières.

Le G20 doit “répondre à la crise actuelle et jeter les bases de réformes pour empêcher qu’une telle crise ne se reproduise à l’avenir”, a expliqué le président américain George W. Bush, dont la marge de manoeuvre est toutefois limitée à deux mois de la fin de son mandat.

Le Produit intérieur brut (PIB) des 15 pays de la zone euro a baissé de 0,2% au troisième trimestre, après un recul de 0,2% au trimestre précédent, ce qui signale techniquement une plongée dans la récession, la première depuis 1999.

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Les pays du G20 (Photo : Paz Pizarro)

La détérioration de la conjoncture économique internationale, confirmée chaque jour par de nouvelles statistiques, accroît le sentiment d’urgence, même si le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, se plaît à relever “un début d’amélioration” sur les marchés du crédit.

A la Bourse de New York, de nouveaux indicateurs préoccupants ont plombé les cours: le Dow Jones a perdu 3,82% à 8.497,31 points après l’annonce d’une baisse de 2,8% des ventes de détail aux Etats-Unis en octobre, soit la plus forte baisse depuis 1992.

Les Bourses européennes ont terminé en hausse, mais en réduisant leurs gains en fin de séance. Londres a gagné 1,53%, Paris 0,67%, Francfort 1,31%, Milan 2,04% et Madrid 1,05%.

En Europe, l’Allemagne et l’Italie sont désormais en récession avec un recul au troisième trimestre de 0,5% de leur activité économique.

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écession économique

La France échappe pour l’instant de justesse à la récession, avec une faible progression de 0,1% de son PIB au troisième trimestre, après un recul de 0,3% au précédent.

L’Espagne aussi garde la tête juste hors de l’eau, malgré une baisse de 0,2% de son PIB, après une hausse de 0,1% au deuxième trimestre, de même que le Portugal qui a enregistré une croissance nulle au 3e trimestre.

Autre signe de la morosité des consommateurs, les ventes de voitures neuves en Europe ont plongé de 14,5% sur un an en octobre.

L’inflation est toutefois tombée à son plus bas niveau depuis neuf mois dans la zone euro à 3,2% sur un an, confortant la perspective d’une poursuite de la baisse des taux.

“Si l’analyse le permet, alors il n’est pas exclu que nous utilisions à nouveau cet instrument”, à savoir la baisse des taux directeurs, a déclaré Jürgen Stark, chef économiste de la Banque centrale européenne.

Le Japon pourrait à son tour rejoindre lundi la liste des pays entrés en récession, s’il annonce un recul de son PIB au 3e trimestre après une contraction de 0,7% au second.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit que le PIB de ses pays membres reculera de 0,3% du PIB l’an prochain, une récession qui frapperait aussi bien les Etats-Unis que la zone euro ou le Japon.

Face à l’ampleur de la crise, les Etats-Unis, très réticents au départ, veulent désormais que le sommet du G20 adopte “un plan d’action” pour une réforme du système financier international.

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ésident américain George W. Bush à Washington le 12 novembre 2008 (Photo : Yuri Gripas)

Le président américain a affirmé la nécessité de réformes du système financier mondial pour “l’adapter aux réalités du 21ème siècle”, tout en s’opposant à nouveau à tout excès interventionniste.

La Maison Blanche a confirmé que le G20 réfléchirait à la création d’un “collège de superviseurs” pour surveiller les 30 plus grandes banques du monde et repérer toute prise de risque excessive.

Le Fonds monétaire international (FMI) et le Forum de stabilité financière (FSF) se sont de leur côté engagés à renforcer leur coopération pour mieux prévenir l’apparition des crises, dans une lettre adressée au G20.

Le président français Nicolas Sarkozy, dont le pays exerce la présidence de l’Union européenne, a estimé que la réunion du G20 ne devait “pas être un sommet pour rien”. “(…)Il faut changer les choses, il faut les changer durablement, structurellement”, a-t-il déclaré.

Tout en espérant des “décisions concrètes”, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a averti qu’il ne fallait pas attendre “dans l’immédiat un miracle” de ce sommet, mais plutôt le “début d’un processus”.

De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel a estimé que le sommet donnerait lieu à des “entretiens difficiles”, tout en soulignant l’urgence de mettre en oeuvre les premières réformes “dans les prochains mois”.

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ère allemande Angela Merkel à Berlin le 14 novembre 2008 (Photo : Clemens Bilan)

Plus tôt dans la journée, Tokyo avait clôturé en hausse de 2,72% dans la foulée de Wall Street qui avait gagné 6,67% la veille. Shanghai a gagné 3,05% et Hong Kong 2,4%.

Sur le front financier, la banque Dexia, secourue fin septembre par les Etats français, belge et luxembourgeois, a annoncé une nouvelle perte d'”environ 1,5 milliard d’euros” liée à la vente de sa filiale FSA, quelques heures après avoir dévoilé une perte colossale de 1,54 milliard d’euros au 3e trimestre.

Le groupe américain de refinancement hypothécaire Freddie Mac, placé sous tutelle de l’Etat, a enregistré une énorme perte de plus de 25 milliards de dollars au troisième trimestre, ce qui l’a obligé à demander 13,8 milliards de dollars au gouvernement.

L’emploi paie un lourd tribut à la crise: la banque britannique Royal Bank of Scotland (RBS) prévoit de supprimer 3.000 postes dans le monde dans les prochaines semaines, selon la BBC, et le groupe informatique américain Sun Microsystems a annoncé la suppression de 5.000 à 6.000 postes.

Le constructeur allemand Opel, filiale de l’américain General Motors, a demandé aux autorités allemandes de se porter caution pour assurer son financement.

Les prix du brut repartaient en nette baisse à New York, malgré la confirmation d’une réunion d’urgence de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) fin novembre. Le baril a fini à 57,04 dollars, en baisse de 1,20 dollar.