Sans illusions, Wall Street se prépare à plus de mauvaises nouvelles

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à Wall Street, à New York, le 14 novembre 2008 (Photo : Spencer Platt)

[15/11/2008 08:06:23] NEW YORK (AFP) Après avoir flirté avec ses pires niveaux du mois d’octobre, la Bourse de New York va devoir continuer la semaine prochaine son adaptation à une économie en chute libre, avec pour seul espoir l’adoption de nouvelles mesures gouvernementales pour rendre la purge moins amère.

“Je ne sais pas si les statistiques économiques vont donner une direction ce marché chaotique, mais ce qui est sûr, c’est qu’il restera très chaotique”, estime Gina Martin, de Wachovia Capital Markets.

Bilan d’une nouvelle semaine éprouvante à Wall Street: quatre séances de baisse, un rebond spectaculaire jeudi, et au final un repli hebdomadaire de 4,99% pour le Dow Jones, qui finit à 8.497,31 points.

Le Nasdaq, à forte composante technologique, a cédé lui 7,92%, à 1.516,85 points, et l’indice élargi Standard and Poor’s 500 6,17%, à 873,29 points.

Jeudi, les indices ont flirté avec leurs plus bas niveaux du mois d’octobre, renouant avec des niveaux plus vus depuis plus de cinq ans, avant de s’envoler en fin de séance. Nombre d’analystes y ont vu le signe que le marché avait enfin rencontré un seuil de résistance et que son plongeon était terminé.

“Le test est réussi”, juge Gina Martin: de nombreux analystes craignaient qu’une fois la brèche ouverte, la chute s’accélèrerait. “On peut espérer que cela indique que le marché a cessé sa chute, au moins temporairement”.

“Il est difficile d’appliquer l’analyse technique de ces vingt dernières années à un marché qui n’a pas été comme ça depuis les années 30”, nuance Gregori Volokhine, de Meeschaert New York.

Le marché obligataire, refuge de l’investisseur inquiet, a continué de monter. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans est descendu à 3,750%, contre 3,780% vendredi dernier, celui à 30 ans à 4,230%, contre 4,261%.

Constat de Gregori Volokhine: “Le marché continue de s’adapter à l’idée d’une récession prolongée et à une montée du chômage, avec des implications sur la consommation.”

Après avoir angoissé la place new-yorkaise une grande partie de la semaine, les statistiques sur les ventes de détail ont confirmé que la consommation des ménages américains était au point mort, une mauvaise nouvelle à l’approche des fêtes.

Et les entreprises n’ont rien annoncé de nature à rassurer, entre abaissements de prévisions de bénéfices ou de ventes (Wal-Mart, Intel) et suppressions d’emplois (Sun Microsystems, et bientôt Citigroup, à en croire la presse américaine).

Avec un agenda macroéconomique dominé par l’inflation –prix à la production mardi et à la consommation mercredi–, qui n’est plus vraiment la préoccupation du marché, les investisseurs attendent surtout les annonces des entreprises sur l’évolution de leur activité.

“Il y encore des tas de révisions (de prévisions) à venir, des tas de surprises en magasin”, prévient Gina Martin.

Le marché restera attentif aux chiffres de la production industrielle lundi, auxquels s’ajouteront l’indice Empire State de l’industrie dans la région de New York, le même jour, et l’indice de l’activité économique dans la région de Philadelphie jeudi.

“On est vraiment entré dans la partie du cycle où la production industrielle commence à refléter la faiblesse des investissements”, estime l’analyste de Wachovia.

Asphyxiée par ces mauvaises nouvelles, Wall Street trouvera peut être un peu d’air du côtés des autorités politiques.

Pendant le week-end, les dirigeants des grands pays industrialisés et économies émergentes (G20), réunis à Washington, vont tenter de “jeter les bases de réformes pour empêcher qu’une telle crise ne se reproduise”, selon le président américain George W. Bush.

Si les analystes doutent de l’adoption de mesures concrètes, ils attendent davantage du Congrès américain, qui va se réunir la semaine prochaine pour s’atteler à un plan de sauvetage du secteur automobile, avec General Motors au bord du dépôt de bilan, et à un nouveau plan de relance budgétaire.

“La politique revient sur le devant de la scène”, relève M. Volokhine. “C’est fondamental, parce que le grand vide politique rend les marchés assez nerveux”, ajoute-t-il.

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