La Bourse de Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
[15/11/2008 08:08:56] PARIS (AFP) Hésitant toujours entre chutes et rebonds, la Bourse de Paris devrait rester sur le qui-vive la semaine prochaine, après le revirement majeur du plan Paulson aux Etats-Unis et alors que l’Europe vient d’entrer en récession.
Le CAC 40 a terminé la semaine écoulée sur un repli de 5,12% à 3.291,47 points, ce qui creuse à 41,37% ses pertes depuis le début de l’année.
Deux séances de hausse jeudi et vendredi n’ont pas permis à l’indice vedette de rattraper le recul enregistré lors des fortes chutes de mardi et mercredi (-7,76% sur les deux jours).
Le marché, subissant toujours une extrême volatilité, restait plombé par les inquiétudes sur les perspectives des entreprises, alors que, dans un secteur automobile durement touché par la crise, le géant américain General Motors apparaissait au bord de la faillite.
Autre facteur de trouble: le renoncement par le gouvernement américain au rachat d’actifs “toxiques” des banques tel qu’il était prévu par le plan Paulson, estimant qu’il était plus efficace d’investir directement au capital des établissements financiers.
“Cette volte-face (…) a suscité la confusion sur les marchés qui craignent que l’adoption d’une telle approche par le Trésor (américain) ne l’empêche de fournir l’aide soutenue dont ils ont tant besoin”, soulignent les analystes de BNP Paribas.
Ce plan “ne s’était intéressé dans un premier temps qu’à la liquidité, mais s’attaque désormais à la solvabilité, c’est-à-dire les fonds propres des banques, qui était un vrai problème”, précise Jean-Paul Pierret, directeur de la stratégie chez Dexia.
Les indicateurs macroéconomiques n’ont en rien rassuré les investisseurs: repli de la production industrielle en zone euro, record depuis 2001 du nombre hebdomadaire d’indemnisations chômage aux Etats-Unis, ainsi que le plus fort recul en seize ans des ventes de détail américaines.
De son côté, la zone euro vient d’entrer officiellement en récession pour la première fois de son histoire, son produit intérieur brut (PIB) se contractant de 0,2% au troisième trimestre après un recul équivalent au deuxième.
“Notre sentiment est que les mauvaises nouvelles ont de moins en moins d’influence: les marchés avaient déjà anticipé ce qui est en train de se produire actuellement”, tempère cependant M. Pierret.
Selon lui, “il fallait quelque temps pour que les marchés reprennent leur sang-froid. On y arrive, même s’ils devraient rester encore hésitants. Une fin de récession vers fin 2009 pourrait en revanche être devancée dès l’été prochain par une ferme reprise des Bourses”.
Pour leur part, les analystes de la maison de courtage Aurel se montrent plus circonspects: “le marché a vraisemblablement enclenché une nouvelle vague de baisse dont le premier objectif à très court terme est situé à 3.000 points”, estiment-ils.
“Il ne faut rien attendre de bon des statistiques économiques à venir”, sinon “de quoi alimenter les préoccupations à l’égard de la gravité du ralentissement économique mondial”, renchérissent les économistes de BNP Paribas.
La semaine prochaine, les investisseurs surveilleront plusieurs indicateurs américains: les chiffres de la production industrielle pour octobre sont attendus lundi et les données de l’inflation pour la même période mercredi.
Ils suivront également avec attention le déroulement du sommet du G20, ce week-end à Washington, où grands pays industrialisés et nations émergentes vont plancher sur une réforme de la finance mondiale.
A cet égard, nombre d’observateurs demeurent prudents, voire sceptiques: “On peut s’attendre à des déclarations de principe (…). Le risque est que les dissensions entre Européens et Américains (pour plus ou moins de réglementation) dominent les débats et interdisent toute forme d’engagement”, pronostique Valérie Plagnol, directrice de la stratégie au Crédit Mutuel-CIC.