[16/11/2008 23:36:49] AEROPORT-DE-ROISSY (AFP)
à l’aéroport d’Orly, le 15 novembre 2008 (Photo : Jacques Demarthon) |
Le trafic aérien d’Air France au départ de Paris est resté fortement perturbé dimanche, au troisième jour de la grève des pilotes, avec au moins un tiers des vols long-courriers et la moitié des moyens-courriers annulés, sans espoir d’amélioration lundi.
“Conformément aux prévisions” et comme la veille 30 à 35% des vols long-courriers et 50% des vols court et moyen-courriers ont été annulés dimanche, a indiqué un porte parole d’Air France à l’AFP.
La compagnie prévoit le même pourcentage d’annulations lundi pour les court et moyen-courriers, mais seulement 23% pour les long-courriers, a indiqué dimanche soir une porte-parole. Le lundi est un jour traditionnellement très chargé pour Air France, qui avait estimé en début de conflit le coût total du conflit à “100 millions d’euros”.
Selon le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), les chiffres pour dimanche ont été de 45% pour les long-courriers, 54% pour les moyen-courriers et 63% pour les vols France.
Selon la direction, il y a eu 40% de grévistes dimanche (comme samedi) et une seule annulation “à chaud” (de dernière minute) de long-courrier (un Paris-Osaka). Le SNPL fait état d’une “mobilisation constante de 80% des pilotes”.
La grève, entamée vendredi à l’appel de ce syndicat majoritaire, doit se poursuivre jusqu’à lundi minuit.
à Orly en raison de la grève, le 15 novembre 2008 (Photo : Jacques Demarthon) |
Elle fait suite au vote le 1er novembre d’un amendement d’origine parlementaire au Code de l’Aviation civile et au budget de la Sécurité sociale pour 2009, déposé par le député UMP Jacques Myard.
Adopté par les députés, mais pas encore par les sénateurs qui doivent l’examiner lundi, il porte l’ limite de cessation d’activité en vol des pilotes de 60 à 65 ans à partir du 1er janvier 2010.
Le secrétariat aux Transports reconnaît que l’amendement Myard a été rédigé “un peu rapidement”. Mais ce dossier a fait l’objet de concertations avec les pilotes entamées depuis mars 2008, souligne-t-il.
Vendredi soir, espérant pouvoir mettre fin au mouvement, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, et son collègue des Transports, Dominique Bussereau, avaient déposé ensemble un nouvel “amendement gouvernemental” sur la retraite des pilotes, améliorant le texte controversé.
Il a été “rédigé de façon précise et négocié avec le SNPL, pratiquement ligne à ligne (…) à l’issue de notre dernière séance de discussion le 11 novembre”, assure-t-on chez M. Bussereau.
“Ca avait été mis noir sur blanc qu’on supprimerait les retraites guillotine, eh bien on le fait !”, a réagi dimanche le ministre du Travail Xavier Bertrand, déplorant sur BFM “un mouvement de grève qui pénalise avant tout les usagers et la société Air France”.
Mais les responsables du SNPL qui pensaient convaincre la base d’arrêter la grève samedi, ont été contredits samedi par un vote de rejet sans appel (65%).
Le SNPL demande désormais “le retrait” pur et simple de l’amendement et on imagine mal une issue au conflit d’ici lundi soir.
“L’habillage est un peu différent mais le contenu est rigoureusement le même”, a déclaré dimanche à l’AFP Erick Derivry, un des porte-parole du SNPL.
“Le déplafonnement (à 65 ans) n’est ni nécessaire, ni utile. On veut regarder de plus près ses conséquences, et ouvrir un débat sur l’emploi, l’embauche, les carrières, la sécurité, la santé et le régime de retraite”, a-t-il dit.
Pour M. Bussereau, la poursuite de la grève est “injustifiable”.
Le nouvel amendement insiste en effet sur la notion de “volontariat” et garantit aux pilotes de pouvoir, entre 60 et 65 ans, cesser leur activité à tout moment aux mêmes conditions financières – très avantageuses – qu’actuellement, souligne son entourage.