Le G20 s’engage à favoriser la relance et à réformer la finance mondiale

[16/11/2008 16:46:58] WASHINGTON (AFP)

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à Washington (Photo : Eric Feferberg)

Les dirigeants des grands pays développés et émergents (G20) se sont engagés samedi à relancer l’économie mondiale, menacée par la récession dans les pays riches et d’un net ralentissement ailleurs, tout en lançant une réforme du système financier international.

“Nous sommes d’accord (pour dire) qu’une réponse politique élargie, fondée sur la coopération macro-économique, est nécessaire pour rétablir la croissance”, indique la déclaration finale du sommet de Washington, organisé après deux mois d’une crise financière inédite depuis les années 1930.

Le G20, dont les membres génèrent 85% du Produit intérieur brut (PIB) de la planète, a énuméré une série d'” immédiates” pour empêcher l’économie mondiale de sombrer dans une récession prolongée, suggérant l’utilisation de “mesures budgétaires pour stimuler la demande interne avec des résultats rapides” ou des baisses des taux d’intérêt dans certains pays.

Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a indiqué que son institution était favorable à des plans de relance nationaux et coordonnés, dont le montant équivaudrait à 2% du PIB des pays participants.

Le président français Nicolas Sarkozy, également président en exercice de l’Union européenne, s’est réjoui que le G20 soit d’accord sur la “nécessité d’une relance coordonnée, concertée”, mais il n’a pas obtenu l’instauration d’un super-gendarme de la finance internationale.

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ésident de la Commission européenne José Manuel Barroso et le président français Nicolas Sarkozy, à l’issue du G20 à Washington, le 15 novembre 2008 (Photo : Melissa Golden)

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a prédit “des annonces significatives d’un certain nombre de pays dans les prochaines semaines”.

L’OCDE, le club réunissant les pays riches de la planète, a annoncé jeudi que ses membres subiraient l’an prochain une contraction de 0,3% de leur activité, avec une forte hausse du chômage à la clé.

Le Premier ministre canadien Stephen Harper a qualifié le G20 de “processus sans précédent” où les pays développés et en développement “travailleront ensemble pour gérer les problèmes de l’économie mondiale”.

Un porte-parole de la diplomatie chinoise a salué dimanche un sommet “propice à la croissance de l’économie mondiale et à la réforme du système financier international”.

Première réaction des marchés, les places du Golfe seules ouvertes le dimanche, ont chuté déprimées par les mauvaises perspectives économiques, Dubaï perdant notamment 4,5%.

A côté des efforts de relance, les dirigeants du G20 ont approuvé un “plan d’action” contenant des mesures “à haute priorité” pour améliorer la supervision du système financier, sur lesquelles leurs ministres des Finances devront faire des propositions d’ici au 31 mars.

Cinq champs d’action ont été définis: remise à plat des aspects de la régulation qui exacerbent les crises, harmonisation des normes comptables, amélioration de la transparence des marchés de produits dérivés, révision des pratiques de rémunération des dirigeants de banques pour éviter des prises de risque excessives et “révision du mandat, de la gouvernance et des besoins en capitaux des institutions financières internationales”.

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Carte des pays membres du G20

Le G20 veut que “tout intervenant, tous les produits et tous les marchés soient réellement soumis à surveillance. Il n’y aura plus de zone d’ombre”, selon la chancelière allemande Angela Merkel.

M. Sarkozy s’est félicité que le G20 ait selon lui établi “une nouvelle gouvernance économique”, toutefois sans super-gendarme international à la satisfaction des Américains très attachés à leur souveraineté, ainsi que du Canada.

Le G20 a souligné que “la régulation relevait avant tout de la responsabilité des régulateurs nationaux”. Il a cependant recommandé une intensification de la “coopération internationale entre régulateurs” et un renforcement des “normes internationales où cela est nécessaire”.

Sans citer nommément les fonds spéculatifs, échappant à toute régulation, le besoin de “transparence sur les actifs hors bilan et des instruments financiers complexes”, notamment les CDS (contrats d’assurance sur le non remboursement d’un emprunteur) est évoqué dans le communiqué.

D’ici au 31 mars, le G20 demande aussi des propositions pour que les “régulateurs s’assurent que les agences de notation (critiquées pour avoir surévalué des placements de mauvaise qualité) répondent aux normes les plus exigeantes”.

Comme le souhaitait la France, le G20 met aussi la pression sur les paradis fiscaux, en demandant “à moyen terme” des “mesures pour protéger le système financier mondial des juridictions non coopératives qui présentent un risque d’activité financière illégale”.

Les dirigeants ont convenu de se retrouver avant le 30 avril pour “vérifier la mise en oeuvre” des décisions prises à Washington. M. Sarkozy a proposé que ce sommet ait lieu à Londres, la Grande-Bretagne assurant l’an prochain la présidence du G20.

Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, voudrait que cette réforme du système financier soit achevée d’ici un an.

Il n’est cependant plus question d’une refonte globale du système, sorte de Bretton Woods II, souhaitée par certains pays, dont la France.

En Grande-Bretagne, la presse dominicale n’était pas convaincue par les résultats du G20. The Observer (gauche) a noté que ses dirigeants “n’allaient pas, en une seule après-midi, résoudre une crise financière produite par une génération”. Pour la presse espagnole, un “premier pas” a tout de même été franchi.

Pour éviter les tentations protectionnistes, le G20 a pris l’engagement de tenter de relancer d’ici la fin de l’année le cycle de négociations à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le G20 a par ailleurs proposé une réorganisation des institutions multilatérales, comme le FMI et la Banque mondiale, nées en 1944 à Bretton Woods, pour faire de la place aux pays émergents. Le sommet a appelé ces organisations à épauler les pays en détresse en leur fournissant des financements.

Il était difficile d’obtenir davantage du sommet de Washington car le 20 janvier 2009, le président américain George W. Bush laissera la place à Barack Obama, absent du sommet.