[17/11/2008 15:59:27] PARIS (AFP)
à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka) |
Le Japon, deuxième économie mondiale, a annoncé lundi son entrée en alors qu’aux Etats-Unis, le président élu Barack Obama a promis de tout faire pour relancer l’économie, quitte à alourdir davantage le déficit budgétaire.
Dans le sillage du sommet du G20 à Washington qui a débouché sur un appel à une relance coordonnée au niveau mondial, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a appelé lundi à Londres à l’adoption de “mesures exceptionnelles” et “coordonnées” contre la crise économique. La Commission doit présenter un plan d’action le 26 novembre.
Les marchés boursiers ont réagi sans illusions aux résultats du sommet de samedi, qui a reporté les réformes concrètes de la régulation financière.
Paris reculait de 1,45% à 11H00 GMT, Londres de 1,31% et Francfort de 1,52%.
Les mauvaises nouvelles continuent de pleuvoir sur le plan économique: la zone euro a enregistré un déficit de son commerce extérieur avec le reste du monde de 5,6 milliards d’euros en septembre (après un excédent de 2,9 mds en septembre 2007 et un déficit de 9,4 mds en août), selon l’office européen des statistiques Eurostat.
En Grande-Bretagne, le patronat prévoit une récession “plus forte et plus longue” qu’initialement envisagé, avec un recul de 1,7% du Produit intérieur brut (PIB) en 2009 et une montée du chômage à 9%.
élection de Barack Obama, le 12 novembre 2008 à Chicago (Photo : Stan Honda) |
Le Japon a rejoint lundi la zone euro dans son ensemble, ou encore l’Allemagne, l’Italie, Hong Kong ou l’Irlande sur la liste des pays et territoires déjà entrés en récession.
Le PIB nippon a diminué de 0,1% sur la période de juillet à septembre, après avoir déjà reculé de 0,9% sur la période d’avril à juin.
Cette récession s’explique essentiellement par une forte diminution des investissements des entreprises, qui se serrent la ceinture en prévision de l’aggravation de la crise mondiale, et notamment d’un ralentissement de la demande aux Etats-Unis, premier client des exportations japonaises.
La Bourse de Tokyo s’attendait à cette mauvaise nouvelle et a terminé en hausse de 0,71%, les chasseurs de bonnes affaires entrant en action après une chute de 2,88% en début de matinée.
Sydney a terminé en recul de 2,54%, la Nouvelle-Zélande de 0,93%, Séoul de 0,91%, Hong Kong de 0,10%. Shanghai a terminé en hausse de +2,22%.
à Washington (Photo : Nicholas Kamm) |
Aux Etats-Unis, le président élu Barack Obama a affirmé qu’il fallait “prendre toutes les mesures nécessaires pour faire redémarrer l’économie”, même si cela devait creuser encore l’énorme déficit budgétaire américain, lors de son premier entretien télévisé depuis son élection le 4 novembre.
M. Obama, qui prendra le 20 janvier ses fonctions à la Maison Blanche, s’est notamment prononcé pour un plan de sauvetage de l’industrie automobile américaine, dont la faillite annoncée “serait une catastrophe”.
L’avenir des trois constructeurs automobiles américains, General Motors, Ford et Chrysler, pourrait se jouer cette semaine avec la reprise de la session du Congrès.
La majorité démocrate souhaite une aide de 25 milliards supplémentaires pour les trois grands de Detroit. Mais elle doit compter avec l’opposition des républicains et le droit de veto dont dispose le président sortant George W. Bush.
La crise financière a eu un double effet négatif pour les constructeurs en faisant chuter leurs ventes et en compliquant leur accès au crédit.
En Allemagne aussi, la puissante industrie automobile (750.000 emplois), sans être menacée d’extinction comme aux Etats-Unis, a appelé à l’aide les pouvoirs publics. Une réunion de crise est prévue lundi par la chancelière conservatrice Angela Merkel avec les responsables d’Opel, filiale allemande de GM.
Carte des pays membres du G20 |
Son rival aux élections législatives de septembre 2009, Frank-Walter Steinmeier, ministre social-démocrate des Affaires étrangères, a invité de son côté les représentants des salariés des principaux constructeurs automobiles.
Un appel à une relance coordonnée pour contrer la crise économique, une première dans l’histoire, est le principal résultat du sommet des grands pays développés et émergents samedi à Washington.
Selon les économistes, un plan de relance dans un pays isolé n’a pas d’effet, seule une relance dans plusieurs pays peut avoir un effet bénéfique pour tous.
Reste à savoir si ces déclarations d’intention seront suivies d’effet.
En Italie, le gouvernement se prépare à annoncer “dans les prochains jours” un “train de mesures d’un montant de 80 milliards d’euros en faveur des entreprises et des familles”.
Le sommet du G20 a consacré la place croissante prise, à la faveur de la crise, par les émergents (Chine, Inde, Brésil) sur l’échiquier mondial.
Cet embryon de gouvernement économique mondial, dont les membres génèrent 85% du PIB de la planète, doit se réunir de nouveau en avril, une fois M. Obama aux commandes.
En l’absence de M. Obama et devant la complexité des dossiers et la résistance de l’administration Bush à plus de régulation, la réforme de la finance mondiale et des institutions multilatérales comme le FMI a été repoussée.
Les ministres des finances du G20 doivent plancher sur le dossier et faire des propositions avant le 31 mars: remise à plat des aspects de la régulation qui exacerbent les crises, normes comptables, marchés de produits dérivés, révision des pratiques de rémunération des dirigeants de banques et réforme des institutions financières internationales.
La crise a déjà sonné le glas de certains des bonus faramineux alloués dans la finance: sauvée en octobre par les pouvoirs publics, la banque suisse UBS a annoncé que ses dirigeants ne toucheraient pas de bonus cette année, comme l’avait annoncé pour sa part la vieille sa consoeur américaine Goldman Sachs.