Les appels à la relance budgétaire se multiplient en Europe

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ésident de la Commission européenne José Manuel Barroso (G) et le Premier ministre britannique Gordon Brown, le 17 novembre 2008 à Londres (Photo : Johnny Green)

[17/11/2008 18:29:42] BRUXELLES (AFP) Les appels à la relance budgétaire pour faire face à la récession économique se multiplient en Europe, dans le sillage du sommet du G20, mais tous les pays n’ont pas les mêmes marges de manoeuvre pour soutenir l’activité.

Alors que l’entrée en récession de la zone euro est désormais une réalité, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a souligné lundi à Londres qu’il fallait adopter des “mesures exceptionnelles” et “coordonnées”.

“Nous avons besoin d’un plan de relance budgétaire pour l’Europe mais ce ne peut être un plan unique pour tous”, a-t-il dit. La Commission européenne doit présenter son propre programme d’action pour soutenir l’économie le 26 novembre, mais il s’annonce modeste compte tenu des limites du budget européen.

L’Europe a jusqu’ici privilégié des actions ciblées.

Mais dans le sillage du sommet de Washington, où les dirigeants des grands pays développés et émergents (G20) se sont engagés samedi à “utiliser des mesures budgétaires pour stimuler la demande interne avec des résultats rapides”, les appels se font plus pressants en faveur d’une action budgétaire forte, comme au Japon ou aux Etats-Unis.

“C’est à la politique budgétaire de jouer le premier rôle”, a estimé le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn.

“La politique budgétaire expansionniste n’est pas sans risque car elle contribue à la dette publique, mais au point où nous en sommes, les bénéfices d’une telle politique sont supérieurs aux coûts pour les pays dont le niveau d’endettement est supportable”, a-t-il ajouté.

Le cercle de réflexion européen Bruegel, lui, a préconisé lundi un plan de relance passant essentiellement par une baisse harmonisée d’un point de pourcentage des taux de TVA en Europe.

Une baisse des taux de TVA est “simple”, c’est “un signal fort et clair” et elle peut être réalisée “très rapidement”, dès début 2009, a plaidé le directeur de Bruegel Jean Pisani-Ferry.

Les Européens se sont jusqu’ici refusés à un plan de relance de grande ampleur qui creuserait les déficits.

Un certain nombre de pays, comme la France ou l’Italie, ont déjà des marges de manoeuvre limitées en raison de déficits publics importants. Rome parle d’une enveloppe de 80 milliards d’euros pour l’économie mais l’opposition affirme que la majeure est constituée de fonds déjà affectés.

Quant à l’Allemagne, qui a à peu près assaini ses comptes, elle est réticente à s’affranchir de l’orthodoxie budgétaire.

La pression monte en Europe. La Table ronde européenne des industriels, qui rassemble 47 géants européens du secteur, a ainsi fait part de son “besoin urgent de nouvelles actions politiques”. Elle a demandé en particulier “plus d’impulsions budgétaires, notamment de la part de la première économie européenne, l’Allemagne”, via des programmes massifs d’investissement et des baisses d’impôt.

En attendant, les mesures de soutien envisagées se concentrent sur les secteurs les plus en difficulté, notamment l’automobile.

La Banque européenne d’investissement (BEI), bras financier de l’UE, va proposer une augmentation de 20 à 30% du volume total de ses prêts en 2009 et 2010. Une partie de ces nouveaux prêts seront destinés au secteur automobile.

“Nous devons mettre à profit les trois semaines qui nous séparent du conseil” des dirigeants européens mi-décembre “pour affiner avec habileté notre stratégie européenne”, a plaidé le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker au Parlement européen à Strasbourg.