La bataille pour le Livret A fait déjà rage entre les banques

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Un Livret A (Photo : Francois Nascimbeni)

[18/11/2008 09:49:31] PARIS (AFP) Au 1er janvier 2009, toutes les banques pourront ouvrir des Livret A, mais les grands établissements se livrent déjà bataille à coups d’offres promotionnelles pour capter une partie de l’épargne placée sur ce produit vedette.

“Livret A + 1%” chez BNP Paribas, “Livret Avant-Première” pour Société Générale, taux “boosté” au Crédit Agricole, “Livret A Sup” chez CIC: les produits d’appel fleurissent depuis début octobre pour anticiper la fin de l’exclusivité dont bénéficient la Banque Postale et la Caisse d’Epargne.

Ces produits sont en fait des comptes sur livret ou contrat d’assurance vie (“A + 1%”) qui s’attachent à reproduire les caractéristiques du Livret A, principalement son taux d’intérêt, très attractif actuellement à 4% net.

Au 1er janvier, coup d’envoi de l’élargissement du Livret A à l’ensemble des réseaux bancaires, l’essentiel des sommes déposées sur ces supports seront automatiquement réaffectées à des Livret A nouvellement ouverts, à l’exception du “Livret A + 1%”, présenté comme un “produit complémentaire” du Livret A.

Outre ces produits d’appel, les réseaux proposent également des pré-réservations du Livret A, le client s’engageant simplement à souscrire un livret au 1er janvier.

L’enjeu pour les banques est de capter une partie de la cagnotte de plus de 130 milliards d’euros, l’encours actuel du Livret A. “Les offensives des banques en matière de communication auront un impact sur la collecte”, estime le cabinet Xerfi, auteur d’une étude intitulée “enjeux de la banalisation du Livret A”.

Attractif en tous temps, le Livret A a bénéficié, ces derniers mois, de la crise financière. La garantie du rendement et la sûreté du produit ont, en effet, renforcé sa position de placement vedette. Ces grandes manoeuvres sont si stratégiques qu’aucun établissement ne souhaite communiquer le moindre chiffre quant aux souscriptions, de peur de se dévoiler à la concurrence.

“Nous ressentons clairement l’intérêt actuel pour le Livret A à travers nos chiffres de pré-souscription qui, à ce stade, dépassent nos estimations initiales”, commente simplement Société Générale.

“Les résultats sont positifs”, dit-on chez BNP Paribas au sujet du “Livret A + 1%”.

Concurrent naturel de la Banque postale et de la Caisse d’Epargne, le Crédit Agricole est considéré comme “le grand favori” de cette course à l’épargne par le cabinet Xerfi. La taille de son réseau, sa base de clients, la plus importante en France, justifient notamment ce statut, selon Xerfi. La banque, elle, minimise la portée de l’enjeu.

“On n’est pas en guerre contre les distributeurs du Livret A. On était en guerre contre le monopole”, explique-t-on à la Fédération nationale du Crédit Agricole.

Mais la concurrence est déjà féroce, le Livret A étant perçu comme un produit attrayant à plus d’un titre.

“Pour de nombreux groupes bancaires, le Livret A deviendra le principal produit d’appel, notamment pour conquérir les jeunes”, explique Xerfi.

Dans ce contexte, bien que commercialisant déjà le Livret A ou Bleu, la Banque postale, la Caisse d’Epargne ou le Crédit Mutuel ont déjà lancé la contre-attaque.

“D’ores et déjà, les trois distributeurs sont passés à l’offensive”, a expliqué à l’AFP l’auteur de l’étude Xerfi, Samshad Rasulam, qui cite notamment la campagne publicitaire du Crédit Mutuel et la création d’un “Club Livret A” par la Caisse d’Epargne qui propose des avantages (compte chèque rémunéré, découvert à taux avantageux…).